La chaleur accablante n’a pas dissuadé les Montréalais d’affluer sur le boulevard Saint-Laurent, piétonnisé à l’occasion de la 9édition du festival d’art urbain MURAL, vendredi soir. La Presse a suivi le nouveau parcours mis en place pour découvrir 12 œuvres disséminées dans le Plateau Mont-Royal. Une déambulation qui s’est conclue par des prestations d’artistes.

« Cette année, on se disait : “Impossible qu’on ne fasse pas un évènement deux ans de suite.” Il a fallu jongler avec les incertitudes et les défis, mais on a réussi », lance Pierre-Alain Benoit, directeur général de MURAL.

Comme tous les autres festivals, MURAL renaît doucement mais sûrement de ses cendres.

Les habitués se souviennent d’un site gratuit, ouvert à qui passe par là, de la scène installée au coin de la rue Prince-Arthur Ouest et du boulevard Saint-Laurent, devant laquelle se masse une foule immense.

Dans l’état actuel des choses, la capacité du site a été réduite à 500 personnes. Le festival, qui a normalement lieu en juin, a été reporté du 12 au 22 août. Même que son modèle d’affaires a changé : il faut maintenant payer pour assister aux performances musicales.

PHOTO ALEXIS AUBIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Nicolas Munn Rico, cofondateur du festival MURAL, et Pierre-Alain Benoit, son directeur général

Tout ça, c’est nouveau pour nous. Avant, la taille de notre section VIP, c’était 500 personnes ! Mais au fond, ce qui compte, c’est qu’on soit capables d’offrir des spectacles, qui font partie intégrante de l’ADN de MURAL. C’est comme ça qu’on réunit le monde autour de l’art.

Nicolas Munn Rico, cofondateur du festival

Parlant d’art. De ce côté-là aussi, on a profité du contexte sanitaire – et de la pause forcée d’un an et demi – pour essayer quelque chose de différent.

L’équipe de MURAL a mis au point une nouvelle application mobile comme outil pour visiter les murales, découvrir l’histoire du festival grâce à un audioguide et même voir les parcs du Portugal et des Amériques en réalité augmentée ! Cellulaire à la main, il est ainsi possible de découvrir 12 œuvres invisibles à l’œil nu, signées par les artistes montréalais Waxhead, Cryote et Samuel Arsenault-Brassard.

PHOTO ALEXIS AUBIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Cellulaire à la main, il est possible de découvrir 12 œuvres invisibles à l’œil nu signées par les artistes montréalais Waxhead, Cryote et Samuel Arsenault-Brassard.

« Des murales, on en fait depuis 10 ans. Notre rôle, c’est d’être à l’avant-garde. On sait que les technologies de réalité augmentée arrivent. On veut être prêts quand elles seront là, on veut être des pionniers de l’art urbain », explique Pierre-Alain Benoit.

MURAL prend de l’expansion

Pinceau à la main et serviette humide au cou, Zoë Gelfant applique la dernière couche à sa fresque. Un rose bonbon, à l’image de sa personnalité.

PHOTO ALEXIS AUBIN, COLLABORATION SPÉCIALE

L’artiste Zoë Gelfant (à gauche) applique la dernière couche à sa fresque.

Quand j’ai reçu le courriel de MURAL, j’ai crié, j’ai pleuré ! Je ne pouvais pas croire ce que je lisais. C’est la chose la plus proche d’un rêve devenu réalité !

Zoë Gelfant

La jeune artiste a été chargée de peindre les tables à pique-nique du site ainsi qu’une terrasse à l’entrée. Elle a opté pour un motif éclaté et coloré, « qui représente l’énergie déversée sur la table par des proches qui se réunissent autour d’un repas ou d’un verre, après plus d’un an d’isolement ».

Parmi les autres muralistes invités, on compte l’artiste américaine Teddy Kelly, l’artiste de Vancouver Drew Young et la Montréalaise d’adoption Michelle Hoogveld. Comme on manque de murs vierges sur le boulevard Saint-Laurent, les deux derniers muralistes produiront leurs œuvres au centre-ville.

PHOTO ALEXIS AUBIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Des festivaliers s’amusent et festoient sur le site du festival MURAL.

Toujours dans l’esprit de marier l’art urbain à la technologie, les festivaliers pourront aussi profiter de la première murale doublée de projections interactives, réalisée conjointement par l’artiste torontois BirdO et le studio créatif montréalais Iregular.

« Même les tables sont belles ! »

Vers 18 h, alors que le thermomètre descend à une température supportable, la zone principale commence à se remplir. En ce vendredi soir, on annonce Sarahmée, Eman, Jamaz et Jam. Le reste de la semaine, ce sera Night Lovell, Cœur de pirate, Robert Robert, Hologramme, Pierre Kwenders et une brochette d’autres artistes.

« C’est le fun de pouvoir encourager les artistes québécois pendant la pandémie. En plus, tout est coloré et beau, ici. Même les tables sont belles ! », rigole Madeleine Roy, dont c’est la première expérience MURAL.

PHOTO ALEXIS AUBIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Karim Beraga (au centre) et ses amis se décrivent comme des habitués du festival.

Plus loin, Karim Beraga et ses amis se décrivent plutôt comme des habitués. Même qu’ils ont sursauté en remarquant que la scène avait changé de côté. « Mais c’est très bien aménagé ! Ça faisait longtemps qu’on n’était pas sortis tous ensemble, ça fait plaisir. On ne peut pas demander mieux ! », confie-t-il, par-dessus la musique de BLVDR. Le membre du groupe de rap francophone LaF a joué seul, vendredi soir.

PHOTO ALEXIS AUBIN, COLLABORATION SPÉCIALE

L’artiste BLVDR

Sorti de scène, il s’est empressé d’aller rejoindre ses amis dans la foule. À son tour de profiter du festival. « C’est toujours nice de découvrir des nouvelles œuvres. Faut que je me promène pour aller voir ce qu’il y a ! », a-t-il lancé.