« D’autres travaillent le marbre ; nous travaillons les fleurs », déclare Isabelle Séguin-Éthier au nom d’autres artistes qui, comme elle, puisent à la fois l’inspiration et la matière dans une beauté éphémère issue de la nature. La création florale est un art, souhaite-t-elle démontrer avec Anthologia, un nouveau festival qui aura lieu les 13, 14 et 15 août aux Jardins de Métis, et qui aspire à pousser plus loin la réflexion autour de l’art floral.

La pandémie a provoqué une pulsion vers le vivant et donné un essor à un courant qui se dessine depuis quelque temps. On s’émerveille peut-être plus facilement de la beauté de la nature, relève le New York Times après s’être interrogé sur l’opulence des plates-bandes de la mégapole, pourtant aussi fleuries, et non davantage, que les années passées.

Lisez l'article du New York Times (en anglais)

Les fleurs injectent dans le quotidien une grâce qui a de tout temps inspiré les artistes et qui semble faire vibrer plus que jamais nos cordes sensibles. La fleur est-elle objet d’art, de design et de poésie ? Cela ne fait aucun doute pour les artistes et les artisans qui émergent de cette mouvance vers le vivant et qui jettent un nouveau regard sur l’objet.

Des artistes québécoises à découvrir
  • Moulage de fleurs dans la résine, par Patricia Lanoie

    PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM DE PATRICIA LANOIE

    Moulage de fleurs dans la résine, par Patricia Lanoie

  • Dans son essai virtuel Tout t’empêche, créé dans le contexte d’une résidence offerte par le Centre d’exposition de l’Université de Montréal, Sara A. Tremblay met en scène les fruits de ses récoltes sur un grand canevas épinglé à sa grange d’Orford.

    PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM DE TOUT T’EMPÊCHE

    Dans son essai virtuel Tout t’empêche, créé dans le contexte d’une résidence offerte par le Centre d’exposition de l’Université de Montréal, Sara A. Tremblay met en scène les fruits de ses récoltes sur un grand canevas épinglé à sa grange d’Orford.

  • Herbes sauvages et fleurs ornementales entrent dans cette composition d’Atelier Carmel.

    PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM D'ATELIER CARMEL

    Herbes sauvages et fleurs ornementales entrent dans cette composition d’Atelier Carmel.

  • Spread Thin, création évoquant « ce qui se passe sous la peau », tel que l’imagine l’artiste Michelle Bui.

    PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM DE MICHELLE BUI

    Spread Thin, création évoquant « ce qui se passe sous la peau », tel que l’imagine l’artiste Michelle Bui.

  • Montage de l’artiste visuelle Lisa Yang

    PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM DE LISA YANG

    Montage de l’artiste visuelle Lisa Yang

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« L’art floral flirte souvent avec l’artisanat », fait observer Patricia Lanoie, qui a raffiné sa technique de coulage de résine afin d’immortaliser la floraison à son moment le plus vibrant. L’artiste multidisciplinaire rêve d’exposer un jour l’une de ses pièces dans un musée.

Il y a encore un pas à franchir et une discussion à poursuivre pour légitimer vraiment le geste et ce pas vers le muséal, mais je pense que les fleurs sont tout aussi valides qu’un autre matériau.

Patricia Lanoie

PHOTO FOURNIE PAR PATRICIA LANOIE

Patricia Lanoie immortalise des fleurs dans la résine. Le procédé permet de conserver la beauté de la floraison : son lustre, sa forme et ses couleurs.

Un jardin comme agora

Le festival Anthologia s’inspire de l’exposition européenne Offrir des fleurs, qui se déroulait à Paris en juillet. Il se veut un lieu d’échange sur les fleurs comme objet de design contemporain et source de création. Il élargit également la tribune à l’apport des fleurs dans notre quotidien et à leur signification. « À leur culture sous toutes ses formes », résume Isabelle Séguin-Éthier, cofondatrice de l’évènement, qui envisage son travail de fleuriste comme une forme d’art à part entière.

Consultez le site d'Offrir des fleurs

« Je trouvais intéressant que ça se déroule à Métis, où les horticulteurs s’évertuent à préserver les Jardins et le vivant. Nous, nous arrivons avec l’idée de tout couper pour créer autre chose », plaisante-t-elle en précisant sa volonté de mettre en commun les efforts des jardiniers, des fleuristes, des floriculteurs et des artistes afin de décloisonner ces disciplines et d’élever la fleur à un degré de raffinement différent, qu’il soit éphémère ou durable.

PHOTO FOURNIE PAR L’ARTISTE

Isabelle Séguin-Éthier, du studio Elle aime les fleurs

On veut élever la conception florale à un niveau artistique, au-delà de la boutique du fleuriste.

Isabelle Séguin-Éthier, cofondatrice de l’évènement Anthologia avec la photographe Nancy Guignard

Anthologia en bref

Le festival Anthologia fera ses premiers pas du 13 au 15 août avec un parcours d’installations éphémères. Les visiteurs pourront y déambuler à la découverte d’artisans et d’artistes comme Patricia Lanoie (Bien à vous), Carmel Sabourin Goldstein (Atelier Carmel) et Isabelle Séguin-Éthier (Elle aime les fleurs). Cette dernière créera pour l’occasion une grande arche florale à l’entrée de la villa Estevan.

PHOTO LOUISE TANGUAY, TIRÉE DU SITE DES JARDINS DE MÉTIS

L’Allée royale, l’un des 15 jardins thématiques présentés aux Jardins de Métis

Il y aura à contempler, mais aussi à faire ou à apprendre : des ateliers de créations florales et des cocktails botaniques, des balades photographiques et une conférence sur la floriculture animée par Chloé Roy, de la ferme florale biologique Floramama. Frédérick Boucher, chef aux Jardins de Métis, lance, quant à lui, une invitation à déguster les saveurs des Jardins lors d’un brunch floral.

Les Jardins de Métis, créés de 1926 à 1958 à Grand-Métis, sur la rive sud du Saint-Laurent, à mi-chemin entre Rimouski et Matane, comptent une quinzaine de jardins thématiques, notamment la Réserve de pavots bleus, dont la floraison d’une durée de deux semaines est un évènement en soi. Le domaine regroupe environ 3000 espèces de plantes qui en font un essaim pour les créateurs gravitant autour d’Anthologia, nom qui signifie d’ailleurs « cueillette de fleurs » en grec.

Consultez le site d'Anthologia Consultez le site des Jardins de Métis