« D’autres travaillent le marbre ; nous travaillons les fleurs », déclare Isabelle Séguin-Éthier au nom d’autres artistes qui, comme elle, puisent à la fois l’inspiration et la matière dans une beauté éphémère issue de la nature. La création florale est un art, souhaite-t-elle démontrer avec Anthologia, un nouveau festival qui aura lieu les 13, 14 et 15 août aux Jardins de Métis, et qui aspire à pousser plus loin la réflexion autour de l’art floral.
La pandémie a provoqué une pulsion vers le vivant et donné un essor à un courant qui se dessine depuis quelque temps. On s’émerveille peut-être plus facilement de la beauté de la nature, relève le New York Times après s’être interrogé sur l’opulence des plates-bandes de la mégapole, pourtant aussi fleuries, et non davantage, que les années passées.
Lisez l'article du New York Times (en anglais)Les fleurs injectent dans le quotidien une grâce qui a de tout temps inspiré les artistes et qui semble faire vibrer plus que jamais nos cordes sensibles. La fleur est-elle objet d’art, de design et de poésie ? Cela ne fait aucun doute pour les artistes et les artisans qui émergent de cette mouvance vers le vivant et qui jettent un nouveau regard sur l’objet.
« L’art floral flirte souvent avec l’artisanat », fait observer Patricia Lanoie, qui a raffiné sa technique de coulage de résine afin d’immortaliser la floraison à son moment le plus vibrant. L’artiste multidisciplinaire rêve d’exposer un jour l’une de ses pièces dans un musée.
Il y a encore un pas à franchir et une discussion à poursuivre pour légitimer vraiment le geste et ce pas vers le muséal, mais je pense que les fleurs sont tout aussi valides qu’un autre matériau.
Patricia Lanoie
Un jardin comme agora
Le festival Anthologia s’inspire de l’exposition européenne Offrir des fleurs, qui se déroulait à Paris en juillet. Il se veut un lieu d’échange sur les fleurs comme objet de design contemporain et source de création. Il élargit également la tribune à l’apport des fleurs dans notre quotidien et à leur signification. « À leur culture sous toutes ses formes », résume Isabelle Séguin-Éthier, cofondatrice de l’évènement, qui envisage son travail de fleuriste comme une forme d’art à part entière.
« Je trouvais intéressant que ça se déroule à Métis, où les horticulteurs s’évertuent à préserver les Jardins et le vivant. Nous, nous arrivons avec l’idée de tout couper pour créer autre chose », plaisante-t-elle en précisant sa volonté de mettre en commun les efforts des jardiniers, des fleuristes, des floriculteurs et des artistes afin de décloisonner ces disciplines et d’élever la fleur à un degré de raffinement différent, qu’il soit éphémère ou durable.
On veut élever la conception florale à un niveau artistique, au-delà de la boutique du fleuriste.
Isabelle Séguin-Éthier, cofondatrice de l’évènement Anthologia avec la photographe Nancy Guignard
Anthologia en bref
Le festival Anthologia fera ses premiers pas du 13 au 15 août avec un parcours d’installations éphémères. Les visiteurs pourront y déambuler à la découverte d’artisans et d’artistes comme Patricia Lanoie (Bien à vous), Carmel Sabourin Goldstein (Atelier Carmel) et Isabelle Séguin-Éthier (Elle aime les fleurs). Cette dernière créera pour l’occasion une grande arche florale à l’entrée de la villa Estevan.
Il y aura à contempler, mais aussi à faire ou à apprendre : des ateliers de créations florales et des cocktails botaniques, des balades photographiques et une conférence sur la floriculture animée par Chloé Roy, de la ferme florale biologique Floramama. Frédérick Boucher, chef aux Jardins de Métis, lance, quant à lui, une invitation à déguster les saveurs des Jardins lors d’un brunch floral.
Les Jardins de Métis, créés de 1926 à 1958 à Grand-Métis, sur la rive sud du Saint-Laurent, à mi-chemin entre Rimouski et Matane, comptent une quinzaine de jardins thématiques, notamment la Réserve de pavots bleus, dont la floraison d’une durée de deux semaines est un évènement en soi. Le domaine regroupe environ 3000 espèces de plantes qui en font un essaim pour les créateurs gravitant autour d’Anthologia, nom qui signifie d’ailleurs « cueillette de fleurs » en grec.
Consultez le site d'Anthologia Consultez le site des Jardins de Métis