CDPQ Infra, filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec, a dévoilé mardi le plan directeur du programme d’art public du Réseau express métropolitain. Une douzaine d’œuvres d’art et des créations éphémères seront disséminées le long du parcours du REM, entre 2022 et 2024, pour un coût de 7,8 millions. Des artistes travaillent déjà sur des maquettes…

Marie-Justine Snider, conservatrice de la collection d’œuvres d’art de la Caisse a eu le mandat d’élaborer cet ambitieux programme d’art public baptisé UniR. « Cela fait des années qu’on réfléchit à comment témoigner artistiquement de cette nouvelle perspective sur notre ville », dit-elle, en entrevue.

Le REM est assujetti à la Politique d’intégration des arts à l’architecture et à l’environnement qui consiste à allouer 1 % du budget de construction d’un bâtiment ou d’aménagement d’un site public à la réalisation d’œuvres d’art. Ce 1 % fait que 4,8 millions seront consacrés à la création et à l’installation d’œuvres sur le parcours de 67 km. CDPQ Infra, la filiale de la Caisse qui réalise le REM, a décidé d’ajouter 3 millions à cette somme pour donner plus d’ampleur à l’embellissement du réseau.

PHOTO FOURNIE PAR LE REM

Les œuvres d’art ne seront pas réparties dans les 26 stations mais dans des lieux stratégiques choisis selon plusieurs critères.

Comment organiser un programme d’art public de 7,8 millions sur un réseau de 26 stations ? Il n’y aura pas 26 œuvres d’art pour 26 stations. Comme on l’a fait pour le métro de Montréal. Les œuvres seront disséminées selon plusieurs critères. Le réseau traverse des territoires naturels (milieux humides, forêts, friches et berges) et agricoles, mais aussi des milieux urbains, industriels et différentes communautés. Ces caractéristiques sont actuellement étudiées pour être reliées à des œuvres qui en tiendront compte.

Chaque bout de ligne du train léger sera doté d’une œuvre d’art, de même que les stations situées au croisement de deux lignes. Le tracé du REM enjambe à cinq reprises des cours d’eau : le Saint-Laurent, la rivière des Mille-Îles, le chenal de l’Île-des-Sœurs et la rivière des Prairies à deux reprises. « Il faut donc s’assurer de choisir des œuvres pour qu’il y ait une diversité de matériaux et de propositions », indique Marie-Justine Snider.

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Pont du REM au dessus du chenal de l’Île-des-Soeurs (projet)

Va-t-on pouvoir admirer des œuvres depuis les fenêtres du train léger tout le long du parcours ? « C’est possible, répond la conservatrice. Tout est à définir. Peut-être que des œuvres pourront être appréciées en train ou en voiture. D’autres seront plus discrètes. Le but est d’activer l’imaginaire des usagers. »

Dans le centre-ville, entre les stations Gare-Centrale et Canora, le REM sera souterrain sur 5 km, donc les œuvres se trouveront dans les stations. Il y aura des projets de mosaïque, possiblement à la station Édouard-Montpetit, pour faire écho au métro de Montréal. La station Marie-Curie, la première que les touristes découvriront après avoir pris le REM à l’aéroport, devrait aussi avoir une œuvre sur ses quais.

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La station Kirkland du REM

Les artistes québécois qui réaliseront les œuvres seront choisis sur concours. « Ils auront beaucoup de liberté, dit Marie-Justine Snider. Il n’y aura pas de critères de couleurs, par exemple. On veut vraiment leur offrir la possibilité de témoigner de notre ville plurielle. »

Les artistes travailleront en relation directe avec l’architecture du réseau. Ils auront droit, dit-on, à une structure idéale pour y greffer leurs créations. « Le REM est très sobre, affirme Marie-Justine Snider. J’ai vu les premières stations. Il y a une élégance et une sobriété, avec du béton armé, du fer, de la lumière et des plafonds en bois. C’est magnifique. Un écrin idéal pour les œuvres d’art. »

  • La station Du Quartier, avec son plafond en bois

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    La station Du Quartier, avec son plafond en bois

  • Station Panama

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    Station Panama

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En décembre, les maquettes des cinq artistes présélectionnés pour la station Brossard seront présentées à huis-clos au REM. Le lauréat sera annoncé par la suite. La station Brossard (auparavant nommée Rive-Sud) sera inaugurée à l’été 2022 quand la ligne jusqu’à la station Gare-Centrale sera mise en service.

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Vue de la station Brossard

Universités impliquées

Sur les 4,8 millions du programme 1 %, 500 000 $ seront consacrés, sur 4 ans, à un programme d’œuvres temporaires, notamment des performances. « Le ministère de la Culture a accepté d’extraire 10 % de l’enveloppe pour de l’art éphémère, souligne Mme Snider. C’est audacieux. C’est la première fois que le 1 % fait ça. »

Pour ces œuvres, le REM travaillera avec les universités car sa vision est de rapprocher les étudiants des différentes universités. « Quand j’ai approché les doyens des facultés d’art, d’architecture, de design et de musique, on s’est dit qu’on allait créer un cours interdisciplinaire spécifiquement pour le REM, dit Marie-Justine Snider. Une trentaine d’étudiants va pouvoir venir s’inscrire dans l’espace public, avec l’aide d’un artiste professionnel. »

Un programme de médiation sera aussi développé afin de faire connaître la nouvelle collection d’œuvres d’art public. Avec des cartels explicatifs près des œuvres et des codes QR pour téléphones intelligents.

Pourvoir l’espace public d’œuvres d’art est aussi une responsabilité en ce qui a trait à leur entretien. Marie-Justine Snider affirme que la Caisse assurera un suivi à moyen et long terme de toutes les œuvres. « On ne sait pas encore combien cela représentera financièrement car on n’a pas encore les matériaux mais on ne les laissera pas sans entretien », dit-elle.

Consultez le site du Réseau express métropolitain