(Granby) Alors que l’on craignait la destruction de la murale de St-Patrick, signée Alfred Pellan, Hydro-Québec souhaite acquérir l’œuvre patrimoniale par une offre d’achat de 25 000 $ déposée à la Ville de Granby. La société d’État veut intégrer la mosaïque au futur parc du Monument irlandais de Montréal.

Cette proposition devait être étudiée par le conseil municipal de la Ville de Granby, lundi soir, dans le cadre d’une réunion virtuelle, mais le dossier a été retiré de l’ordre du jour.

En réponse à des questions du public, le maire Pascal Bonin a affirmé que « de nouvelles informations » avaient incité les élus à prolonger leur réflexion d’une semaine. Puis, en mêlée de presse virtuelle au terme de la séance publique, il a été mentionné que la décision finale pourrait n’être prise que le mois prochain.

La semaine dernière, La Presse Canadienne rapportait que le cabinet de la ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy, surveillait l’évolution du dossier et se tenait prêt à intervenir bien qu’aucune demande officielle n’ait été formulée par la municipalité.

Il semblerait toutefois que cela n’ait rien à voir avec le report de la décision. Le directeur général de la Ville de Granby, Michel Pinault, a simplement indiqué que les élus avaient besoin de plus de temps pour étudier toutes les informations reçues et que leur réflexion ne serait pas uniquement appuyée sur l’enjeu monétaire.

Selon les documents d’information transmis aux élus de Granby, dont les médias ont aussi reçu copie, on apprend que plusieurs acheteurs potentiels se sont manifestés auprès de la firme montréalaise Iegor après l’échec de la vente aux enchères du 13 mars. Deux offres sérieuses chiffrées à 15 000 $ auraient été déposées.

Toutefois, vendredi dernier, Hydro-Québec se serait adressée directement à la Ville de Granby pour offrir 25 000 $. De cette somme, Granby devrait en remettre 5000 $ à Iegor pour avoir préféré une offre externe à celles de l’encanteur.

Rappelons que l’acheteur devra également assumer les frais associés au prélèvement de l’œuvre. Selon un rapport d’expertise rédigé par la restauratrice Myriam Lavoie, du Centre de conservation du Québec, le coût de la délicate opération est estimé à 56 095 $.

D’après les informations fournies par Hydro-Québec, contenues dans les documents remis aux élus, la mosaïque serait intégrée au projet de commémoration pour honorer les quelque 6000 Irlandais morts du typhus en 1847. Ces immigrants fuyaient la famine en Irlande et contractaient la maladie à bord des bateaux les amenant à Montréal.

Le site de sépulture de ces milliers de personnes est situé à l’extrémité du pont Victoria, là où a été érigée la Roche noire (Black rock) qui sert de monument commémoratif.

Un parc doit y être aménagé par Hydro-Québec, en collaboration avec la Fondation du parc du Monument irlandais de Montréal. Le lieu de recueillement doit être aménagé sur un terrain adjacent au chantier de construction d’un poste électrique.

Créée en 1958

La mosaïque de « carreaux de céramique avec glaçure » orne la façade extérieure de l’ancienne école St-Patrick de Granby depuis 1958. L’école accueillait jadis les enfants de la communauté irlandaise, mais l’immeuble, sis au 142, rue Dufferin, abrite aujourd’hui les locaux de la MRC de la Haute-Yamaska. Il doit cependant être démoli ce printemps pour faire place à un édifice neuf.

Au départ, le conseil municipal souhaitait conserver la murale, mais une estimation des coûts associés au prélèvement et à la restauration de l’œuvre a refroidi les élus. Selon le maire Pascal Bonin, la présence d’amiante dans le mur qui supporte l’œuvre ferait grimper la facture. Il soutenait aussi ne pas disposer d’endroit pour la mettre en valeur en raison de son caractère religieux.

De nombreux citoyens, les membres du comité Ma ville, mon patrimoine ainsi que la Société d’histoire de la Haute-Yamaska ont décrié la mise en vente de la murale qu’ils voient comme un objet patrimonial appartenant à la communauté.

Une importante communauté irlandaise a contribué à l’essor de la Ville de Granby. Son tout premier maire, Patrick Hackett, en faisait notamment partie.