COVID-19 oblige, la foire Art Toronto, organisée jusqu’au 8 novembre, offre une solide programmation en ligne. Mais, pour la première fois, elle se déploie aussi d’un océan à l’autre avec des expositions dans 80 galeries canadiennes, dont 20 québécoises.
Bien des amateurs d’art contemporain le regrettent, mais il n’y aura pas de grands rassemblements festifs au Metro Toronto Convention Centre cette année à l’occasion de la foire Art Toronto (ArtTo). Ses organisateurs n’ont toutefois pas lésiné sur les moyens pour concocter un vaste programme non pas local, mais canadien, avec un accent mis sur les arts numériques et les créations autochtones.
Mis à part les 80 galeries d’art canadiennes, une vingtaine d’institutions artistiques et culturelles du pays se sont greffées à ArtTo cette année, notamment MOMENTA | Biennale de l’image, le Musée d’art de Joliette et la Fondation Phi.
La foire débute ce mercredi (de midi à minuit) par une visite virtuelle, en collaboration avec le Musée des beaux-arts de l’Ontario (AGO), visite destinée aux amateurs qui veulent découvrir en primeur les œuvres et être les premiers à en acquérir.
> Participez à la visite virtuelle de la foire en primeur (en anglais)
Ils peuvent aussi assister à une discussion avec les artistes Shary Boyle et Rajni Perera, et à une rencontre virtuelle avec Françoise Sullivan, une initiative de son galeriste Simon Blais pour honorer la célèbre peintre montréalaise nonagénaire.
« Nous avons tourné une vidéo d’une dizaine de minutes prenant la forme d’une entrevue en anglais entre [la commissaire et directrice de la galerie de l’UQAM] Louise Déry et Françoise », dit Martin Blais, assistant à la galerie. « La vidéo est rendue disponible aux VIP ce mercredi, puis à tous les visiteurs de la foire dès jeudi. Nous avons accroché une cinquantaine d’œuvres de Françoise à la galerie, et monté un catalogue de 76 de ses œuvres que nous partageons avec les clients de la foire. L’accrochage des œuvres de Françoise sera réduit après la foire, mais se poursuivra à la galerie jusqu’aux Fêtes. »
Les galeries présentent leur sélection
De son côté, la galerie Hugues Charbonneau profite d’ArtTo pour mettre en exergue ses vedettes comme Maria Hupfield, Cindy Phenix, Manuel Mathieu, David Lafrance, Benoit Aquin, Guillaume Adjutor Provost ou encore Moridja Kitenge Banza. Elle organisera également une discussion entre Manuel Mathieu et Gaëtane Verna, la directrice du centre d’art contemporain Power Plant, à Toronto.
La galerie Bradley Ertaskiran présente des œuvres d’un photographe canadien qu’elle vient d’accueillir dans ses rangs. D’origine érythréenne, Dawit L. Petros s’inspire de recherches portant sur le modernisme global, la diaspora et les études postcolonialistes. Il présentera un solo à la galerie en septembre prochain.
La galerie de Pierre-François Ouellette a sélectionné une cinquantaine d’œuvres d’une quinzaine d’artistes, le tout diffusé en ligne sur la plateforme Balluun, ce qui permet de mettre les œuvres en scène. La galerie participe aussi à une mini-foire éphémère à la Stephen Bulger Gallery de Toronto avec quatre autres galeries canadiennes, dont TrépanierBaer de Calgary et WAAP de Vancouver, un déploiement de 60 artistes canadiens.
Art mûr expose aussi une cinquantaine d’œuvres, notamment d’Eddy Firmin, qui fera partie de sa programmation célébrant les 25 ans de la galerie, l’an prochain. « La galerie mettra sur pied, pour l’occasion, un projet d’exposition voué à voyager, intitulé Terra Nova — Regard sur le présent et le futur », dit Noémie Chevalier, directrice administrative d’Art mûr.
Intéressantes aussi, les photographies de Hua Jin mises de l’avant par Marie-Josée Rousseau, de la galerie La Castiglione. L’artiste montréalaise avait choisi au printemps dernier de transmettre un peu d’espoir (alors que la COVID-19 frappait durement le Québec), avec des clichés de la nature renaissante. Cette série, Forces invisibles, est exposée jusqu’au 14 novembre, chez Projet Casa (des collectionneurs Danielle Lysaught et Paul Hamelin), au 4351, rue de l’Esplanade, à Montréal, un commissariat d’Iris Amizlev.
La galerie C.O.A participe aussi à ArtTo avec des œuvres de la Montréalaise Valérie Gobeil, des créations qui reflètent sa démarche sur le potentiel pictural des textiles. Quant à la galerie Duran Mashaal, elle profite de la foire torontoise pour faire la promotion de son exposition en cours, A Space Between, un magnifique et coloré déploiement d’œuvres du sculpteur sur papier américain Matthew Shlian et du céramiste danois Steen Ipsen.
> Visitez virtuellement cette exposition
Art autochtone à l’honneur
Aux expositions virtuelles et physiques d’ArtTo s’ajoutent des forums de discussion en ligne, des conférences virtuelles données par des artistes et des visites de studios. L’art autochtone est très présent cette année avec Kent Monkman, mais aussi le lancement du catalogue de l’exposition Àbadakone présentée au Musée des beaux-arts du Canada (MBAC) du 8 novembre 2019 au 4 octobre dernier.
ArtTo organise des conversations virtuelles avec Sasha Suda, directrice du MBAC, le conservateur principal de l’art autochtone au musée, Greg Hill, l’artiste métis Christi Belcourt ou encore l’Anishinaabe et Ojibwe Bonnie Divine. La foire a aussi commandé, pour sa 21e édition, une œuvre d’art en réalité augmentée, Eros’ Kiss, à l’artiste canadienne Jenn E. Norton.
Enfin, pour les amateurs d’art inuit, il y a aussi la possibilité de visiter virtuellement les studios Kinngait (Cape Dorset), au Nunavut, d’où sont sorties tant d’œuvres magnifiques d’artistes inuits tels que Shuvinai Ashoona, Napachie Pootoogook, Annie Pootoogook, Mary Qayuaryuk, Pitseolak Ashoona ou encore Qavavau Manumie. Bonnes visites !
> Consultez le site de la foire Art Toronto (en anglais)