(Paris) L’artiste italien Paolo Cirio a retiré vendredi les photos de 4000 visages de policiers français qu’il avait mises en ligne sur son site, après des menaces de poursuites judiciaires émanant du ministre de l’Intérieur.

Jusqu’à vendredi, tout internaute pouvait préciser le nom des policiers dont la photo était affichée sur le site internet du projet de Paolo Cirio baptisé Capture.

Militant de la protection des données personnelles, l’artiste expliquait avoir construit son projet comme une performance collaborative pour dénoncer les dangers de la reconnaissance faciale.

Jeudi, Gérald Darmanin avait dénoncé une « insupportable mise au pilori de femmes et d’hommes qui risquent leur vie pour nous protéger » et exigé le retrait des photos « sous peine de saisir les juridictions compétentes ».

Le centre d’art de Tourcoing, qui devait accueillir l’artiste italien et son exposition, a par ailleurs annulé l’évènement prévu dans la ville dont M. Darmanin était maire jusqu’à mi-septembre. Le ministre avait également demandé sa déprogrammation.

« Nous ne pouvons en aucun cas adhérer à une démarche qui associe l’œuvre en question à une plateforme numérique où l’artiste invite le public à identifier et désigner nommément des policiers, dont les photographies ont été préalablement diffusées sur l’internet », a écrit le centre d’art du Fresnoy, dans un communiqué.

« L’artiste a violé les engagements qu’il avait pris de ne rien faire de tel devant les responsables du Fresnoy », ajoute le communiqué.

« Censure ! », a réagi l’artiste sur son compte Twitter en repostant le communiqué.

Les syndicats se sont eux félicités de la déprogrammation. « Clap de fin pour l’artiste anti-flic », s’est réjoui Alliance. « Le rideau se baisse pour celui qui pensait militer sur le dos et la sécurité des policiers ».

« Merci à Gérald Darmanin pour la promptitude de sa réaction et sa fermeté pour défendre les policiers et leurs familles », a de son côté tweeté Synergies-Officiers. « Son intervention a permis de déprogrammer une entreprise criminogène sous couvert d’une démarche artistique », a ajouté le syndicat.

L’artiste avait construit une base de données, à partir de 1000 photos publiques — récupérées sur l’internet ou auprès de journalistes — prises lors de manifestations en France entre 2014 et 2020 traitées « avec un logiciel de reconnaissance faciale ».

« L’absence de réglementation sur la protection de la vie privée de ces technologies […] se retourne finalement contre les mêmes autorités qui en préconisent l’utilisation », expliquait l’artiste, assumant une « provocation artistique ».