Le festival MURAL survivra à la pandémie, assure Pierre-Alain Benoît, son directeur général. « Du côté budgétaire, ç’a été un exercice périlleux, dit-il. Au départ, on pensait reporter MURAL en août ou en septembre, ce qui aurait permis d’éviter des pertes de revenus, mais on s’est rendu compte que c’était impossible. »
L’organisation a donc décidé de concevoir MURAL Estival, un mélange d’activités extérieures et de programmes virtuels, étalé du 21 juin au 20 septembre, ce qui permet de planifier l’évènement au fur et à mesure, contrairement aux précédentes éditions, en s’ajustant à la réalité sanitaire.
Pas de concert public
L’aire d’activités de MURAL (entre la rue Sherbrooke et l’avenue du Mont-Royal, d’une part, puis la rue Saint-Denis et l’avenue du Parc, d’autre part) est conservée, mais les interventions y seront réduites et concentrées non loin de la zone habituelle des spectacles musicaux.
Il n’y aura aucun rassemblement public, donc aucun concert extérieur ouvert à tous. En revanche, entre 5 et 10 artistes créeront des œuvres murales tout au long de l’été puisque cette activité solitaire ne présente aucun danger sanitaire. Les noms de ces muralistes seront annoncés lors d’un lancement en juin.
Corridart
MURAL Estival créera plusieurs infrastructures d’aménagement urbain appelées Corridart (un clin d’œil à l’évènement éponyme de 1976) pour permettre aux visiteurs de déambuler en toute sécurité sur le boulevard Saint-Laurent, en respectant la nécessaire distanciation physique, tout en regardant des œuvres créées sur des panneaux mobiles.
Ces aménagements, qui ressemblent aux corridors sanitaires déjà implantés dans certaines rues de Montréal, seront prochainement définis plus précisément, en tenant compte de la stratégie retenue par l’administration de la mairesse Valérie Plante.
Ils permettront à plus d’artistes de s’exprimer sur plus de surfaces. Un premier tronçon de Corridart ira, sur le boulevard Saint-Laurent, de la rue Prince-Arthur à l’avenue des Pins. « On travaille avec la Société de développement du boulevard Saint-Laurent, l’arrondissement et la Ville pour planifier notre intervention, dit Pierre-Alain Benoit. L’idée de MURAL Estival est d’avoir un crescendo afin qu’au mois d’août, on puisse concentrer un maximum d’activités autant physiques qu’en ligne. »
Programme numérique
Si MURAL a été très actif en ligne ces dernières années – ce qui a favorisé sa réputation internationale – cette année, le virtuel sera à son paroxysme. Les œuvres murales de cet été seront documentées sur le site du festival.
« Idéalement, on aimerait proposer des outils technologiques un peu plus développés pour que les gens puissent faire des visites virtuelles autonomes des murales, dit Pierre-Alain Benoit. Dans un futur rapproché, on aimerait proposer des captations à 360 degrés et de la réalité augmentée. »
MURAL Estival diffusera des conférences, des entrevues d’artistes en direct sur Instagram et des performances extérieures. « Il est possible qu’on puisse diffuser des concerts sans public avec un environnement visuel intéressant, un concept qu’on appelle les concerts-tableaux, avec de la musique et de l’art visuel en même temps », dit M. Benoit.
Les concerts qui avaient pris une grande place au sein de la programmation de MURAL ces dernières années ne seront pas en reste, qu’ils soient gratuits ou payants. « On veut d’abord bien évaluer les plateformes de diffusion que l’on pourra utiliser, que ce soit Zoom, Yoop ou Instagram, dit M. Benoit. Mais c’est sûr qu’il y aura de la musique, surtout en août et en septembre. »
50 artistes
Entre les muralistes, les artistes des Corridart et ceux en ligne, Pierre-Alain Benoit pense qu’une cinquantaine d’artistes participeront à MURAL Estival. Mais il n’y aura pas d’artistes étrangers sur place. « Par contre, on réservera une place en ligne à ceux qu’on avait choisis pour cette édition, dit M. Benoit. On travaille sur différents projets pour les mettre en valeur. »
Signature
L’identité visuelle de MURAL Estival est signée par Frédéric Duquette, alias Fvckrender. Un artiste québécois de réputation internationale qui provient de l’univers numérique, donc parfaitement en phase avec l’édition de cette année. Partageant son temps entre Montréal, Vancouver et Los Angeles, il a fondé Fvckrender Studio et collabore régulièrement avec des artistes internationaux.
« En partenariat avec les créateurs montréalais de Silent Partners Studio, il a orné les scènes de Calvin Harris, des Backstreet Boys et de Katy Perry, dit Pierre-Alain Benoit. À Los Angeles, il travaille régulièrement avec Flying Lotus, l’un des plus grands producteurs de musique expérimentale. »
L’artiste numérique, qui a fait des visuels pour le musicien Louis Futon, la chanteuse Viktoria Modesta et le DJ Damian Lazarus, réalisera cet été sa première murale avec le festival et présentera des créations virtuelles.
L’élaboration d’un MURAL Estival adapté à la situation créée par la pandémie démontre l’intention de ses organisateurs de survivre, dit Pierre-Alain Benoit.
« On pense qu’on va rebondir. L’important est de ne pas rester inactif. Comme disent les Anglais, “adapt or die”. Je pense que c’est d’autant plus vrai dans le contexte qu’on vit actuellement. On essaie donc de faire œuvre utile, de s’intégrer à ce qui se passe en ce moment et d’en faire partie. Faire travailler nos artistes, soutenir la relève et continuer de donner des sourires aux Montréalais qui verront les murales arriver les unes après les autres… »
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