Présentée à Projet Casa, l’espace d’art contemporain des collectionneurs Danielle Lysaught et Paul Hamelin, l’exposition Écho boomer : Natifs numériques met de l’avant neuf peintres émergents montréalais. Dans la vingtaine, ces artistes illustrent, chacun à leur façon, l’impact des réseaux sociaux et de la culture numérique sur l’art actuel.

Rafraîchissant et dépoussiérant ! C’est ce qu’on ressent durant la visite de cette expo d’artistes talentueux, dont sept diplômés de Concordia ou en voie de l’être, aucun n’étant affilié à une galerie d’art. Une véritable cure de jouvence d’œuvres on ne peut plus actuelles.

PHOTO MICHAEL PATTEN, FOURNIE PAR PROJET CASA

Vue de la résidence des collectionneurs Danielle Lysaught et Paul Hamelin, avec Projet Casa au rez-de-chaussée.

Cette exposition est le second volet de Projet Casa, une initiative du couple de collectionneurs Danielle Lysaught et Paul Hamelin entamée l’été dernier. Deux geeks amateurs d’art qui ont converti le rez-de-chaussée de leur demeure, l’ancien B & B Casa Bianca, en salles d’exposition. Un espace privé consacré à aider la relève.

Quand on n’est pas de la génération des jeux vidéo, du pouvoir exacerbé de l’image et de la culture de surconsommation, quand on n’est pas né avec l’internet comme accessoire essentiel du quotidien et quand on ne reconnaît pas les visages des superhéros et des vedettes actuelles des jeunes, on prend conscience en parcourant Écho boomer que le temps passe ! Et que l’art évolue très vite…

Les neuf artistes de l’exposition
  • La commissaire de l’exposition, Caroline Douville, qui expose plusieurs œuvres sous le nom d’artiste Erzulie.

    PHOTO POLAROÏD FOURNIE PAR CAROLINE DOUVILLE

    La commissaire de l’exposition, Caroline Douville, qui expose plusieurs œuvres sous le nom d’artiste Erzulie.

  • L’artiste Antoine Larocque

    PHOTO POLAROÏD FOURNIE PAR CAROLINE DOUVILLE

    L’artiste Antoine Larocque

  • L’artiste Alexa Hawksworth

    PHOTO POLAROÏD FOURNIE PAR CAROLINE DOUVILLE

    L’artiste Alexa Hawksworth

  • L’artiste Antoine Thériault

    PHOTO POLAROÏD FOURNIE PAR CAROLINE DOUVILLE

    L’artiste Antoine Thériault

  • L’artiste Chloé Gagnon

    PHOTO POLAROÏD FOURNIE PAR CAROLINE DOUVILLE

    L’artiste Chloé Gagnon

  • L’artiste Brent Cleveland

    PHOTO POLAROÏD FOURNIE PAR CAROLINE DOUVILLE

    L’artiste Brent Cleveland

  • L’artiste Dexter Barker-Glenn

    PHOTO POLAROÏD FOURNIE PAR CAROLINE DOUVILLE

    L’artiste Dexter Barker-Glenn

  • L’artiste Kevin Rameau

    PHOTO POLAROÏD FOURNIE PAR CAROLINE DOUVILLE

    L’artiste Kevin Rameau

  • L’artiste Trevor Bourke

    PHOTO POLAROÏD FOURNIE PAR CAROLINE DOUVILLE

    L’artiste Trevor Bourke

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Prenez Kevin Rameau, archétype de ces « Natifs numériques », dont les œuvres sont éminemment branchées sur le présent, il nous invite à réfléchir sur l’ascendance des technologies sur nos vies… et ses conséquences.

Quelques œuvres de l’exposition
  • Vue de l’exposition Écho boomer : Natifs numériques présentée à Projet Casa, lieu d’art contemporain mis sur pied au bord du mont Royal par les collectionneurs Danielle Lysaught et Paul Hamelin.

    PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

    Vue de l’exposition Écho boomer : Natifs numériques présentée à Projet Casa, lieu d’art contemporain mis sur pied au bord du mont Royal par les collectionneurs Danielle Lysaught et Paul Hamelin.

  • Pornhub| Internetexplorer.exe, 2020, Kevin Rameau, techniques mixtes sur toile, 22,8 cm x 40,6 cm.

    PHOTO FOURNIE PAR PROJET CASA

    Pornhub| Internetexplorer.exe, 2020, Kevin Rameau, techniques mixtes sur toile, 22,8 cm x 40,6 cm.

  • Junction, 2020, Trevor Bourke, huile sur toile, 152,4 cm x 182,8 cm.

    PHOTO FOURNIE PAR PROJET CASA

    Junction, 2020, Trevor Bourke, huile sur toile, 152,4 cm x 182,8 cm.

  • Target, 2019, Erzulie, acrylique et huile sur papier, 150 cm x 200 cm.

    PHOTO FOURNIE PAR PROJET CASA

    Target, 2019, Erzulie, acrylique et huile sur papier, 150 cm x 200 cm.

  • Did We Dream Too Fast, 2020, Chloé Gagnon, acrylique sur toile, 172,7 cm x 137 cm.

    PHOTO FOURNIE PAR PROJET CASA

    Did We Dream Too Fast, 2020, Chloé Gagnon, acrylique sur toile, 172,7 cm x 137 cm.

  • Sally in Third, 2020, Alexa Hawksworth, huile sur toile, 34 cm x 48 cm.

    PHOTO FOURNIE PAR PROJET CASA

    Sally in Third, 2020, Alexa Hawksworth, huile sur toile, 34 cm x 48 cm.

  • Portraits sans titre, 2020, Antoine Thériault, huile et graphite sur toile, 50,8 cm x 60,9 cm.

    PHOTO FOURNIE PAR PROJET CASA

    Portraits sans titre, 2020, Antoine Thériault, huile et graphite sur toile, 50,8 cm x 60,9 cm.

  • Body builder (Satellite 1), 2020, Dexter Barker-Glenn, huile sur toile, 6,3 cm x 33 cm x 38 cm.

    PHOTO FOURNIE PAR PROJET CASA

    Body builder (Satellite 1), 2020, Dexter Barker-Glenn, huile sur toile, 6,3 cm x 33 cm x 38 cm.

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L’étudiant de Concordia d’origine haïtienne s’intéresse aux stéréotypes, mais aussi aux travers de nos sociétés occidentales connectées en permanence sur le Net, notamment avec Pornhub | Internetexplorer.exe qui représente une page du site pornographique montréalais actuellement sous les feux de l’actualité.

Montée dans le cadre de l’évènement Pictura, l’expo est signée par la jeune commissaire Caroline Douville, d’origine québécoise et haïtienne, qui crée sous le nom d’Erzulie, le nom d’une divinité du vaudou. Elle a choisi des artistes de son âge qu’elle connaissait ou qu’elle a découverts sur les réseaux sociaux. Des peintres plus versés dans la figuration que dans l’abstraction.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

La commissaire Caroline Douville (à gauche) et les collectionneurs d’art contemporain Danielle Lysaught et Paul Hamelin devant l’œuvre Carnaval d’Antoine Larocque

Intéressée par la peinture afro-américaine, Erzulie présente cinq peintures. Dans Target, trois « influenceuses » noires, proches de l’univers de la mode, du rap et du basket, sont placées près d’une chaussure Jordan, associée à l’identité noire et dotée de talons hauts pour évoquer l’hypersexualisation de la femme noire, notamment dans le hip-hop.

Une réflexion sur l’illusion comme s’y emploie aussi la peintre Chloé Gagnon avec sa toile Ne pas confondre le beau et le vrai, qui évoque les dangers de cette vogue démesurée de l’apparence. Née en Ontario et étudiante à l’UQAM, Chloé Gagnon a une approche féministe et un souci de relecture des œuvres du passé et des images de la culture populaire. Le tout avec une technique de collage combinée au besoin de transmettre une notion résolument moderne de la femme, comme elle l’illustre avec Did We Dream Too Fast, allusion notamment à la perte de contrôle qui marque toute révolution, qu’elle soit technologique ou sociale.

PHOTO FOURNIE PAR PROJET CASA

Enemies & Lovers, 2020, Brent Cleveland, huile sur toile, 152,4 cm x 121,9 cm.

Nous avons bien aimé aussi le dynamisme des œuvres de Brent Cleveland. Des peintures narratives proches de l’univers du cinéma, tel son tableau Swimmer, ou celui de la mode et de la fiction, comme avec Enemies & Lovers.

Né à Arthabaska, Antoine Larocque, seul artiste montréalais autodidacte du groupe, travaille sur des objets trouvés, comme cette bannière publicitaire d’un supermarché utilisée pour son œuvre Carnaval, qui remet en question l’impact d’une image publicitaire et notre relation au commerce.

PHOTO FOURNIE PAR PROJET CASA

Participants Beware, Trevor Bourke, 2020, huile sur toile, 153 cm x 122 cm.

Le Montréalais Trevor Bourke, fasciné par le fantastique et l’imagerie numérique, présente sept œuvres de grande qualité technique et assez différentes pour refléter l’étendue de son talent. Scène champêtre avec Junction, références aux jeux de masque avec Bulldozer et Foreman, critique de la fermeture actuelle des lieux d’art avec Participants Beware ou encore scène de film policier avec Reliquary.

Autre surdoué du dessin, Antoine Thériault, natif de L’Islet, procède de la même façon en se nourrissant de l’internet et de ses souvenirs pour peindre des « fantasmes digitaux » dont il se sert ensuite pour créer… des vidéos fantastiques. Brillant. D’origine ontarienne, Alexa Hawksworth s’inspire, elle, de ses rêves et réalise des œuvres expressives comme Lying. D’autres semblent émaner de souvenirs de films d’horreur, telle que Sally in Third. Ou affichent un angle féministe comme First person qui nous branche sur la popularité des jeux vidéo violents chez les garçons.

Également d’origine ontarienne, Dexter Barker-Glenn présente une série conceptuelle d’œuvres évoquant une activité par jour de la semaine. Une réflexion sur les biens de consommation qui accompagnent ou envahissent notre existence. Des œuvres suggestives et originales.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Vue de l’exposition Écho boomer : Natifs numériques

Les Écho boomers se battent par l’image pour leurs idéaux et des valeurs progressives.

Caroline Douville

« On veut soutenir le milieu, dit Mme Lysaught. En janvier, on présentera une exposition d’un artiste designer sur l’identité de genre et les vêtements asexués et en février, dans le cadre du Mois de l’histoire des Noirs, on aura un projet avec Moridja Kitenge Banza. Toujours des jeunes émergents et des projets originaux ! »

Écho boomer : Natifs numériques, jusqu’au 19 décembre à Projet Casa, 4351, avenue de l’Esplanade, Montréal.

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