Première institution muséale à rouvrir ses portes, le Château Ramezay a accueilli 42 visiteurs au cours de cette première fin de semaine (vendredi-samedi-dimanche) d’activités, contre une moyenne de 400 pour la même période dans les années précédentes.

« C’est un démarrage lent, analyse le directeur général et conservateur André Delisle en entrevue téléphonique. On pouvait quand même s’y attendre. Je pense que nous avons été les premiers au Québec. Maintenant, nous avons un grand défi : attirer les visiteurs montréalais et québécois au cours des prochains mois. »

Et pour cause ! La petite institution qu’est le Château Ramezay estime à près de 50 % la part de son budget attribuable aux recettes à la caisse. Or, cinq visiteurs sur six proviennent de l’extérieur du Québec, notamment des croisières. En raison de la pandémie, toute cette clientèle ne sera pas au rendez-vous au cours de la saison estivale qui s’amorce.

On a vraiment besoin de nos concitoyens pour nous soutenir et nous aider à passer à travers la crise. On a besoin de ces revenus pour entretenir le Château et ses collections.

André Delisle, directeur général et conservateur, Château Ramezay

Le directeur insiste pour rappeler que les institutions muséales, contrairement à certaines croyances, ne fonctionnent pas uniquement de subventions publiques. Elles doivent générer leurs propres revenus pour vivre. Ainsi, le budget annuel de fonctionnement du Château Ramezay est d’environ 1 million de dollars, dont 25 % viennent de subventions. Le reste, dit M. Delisle, est constitué de revenus autonomes : guichets, location de salles, fêtes d’enfants, événements-bénéfices.

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Tout le personnel du Château Ramezay, comme Karina à l’accueil, porte un masque. Les visiteurs ne sont pas obligés d’en porter un, mais sont encouragés à le faire.

Les visites guidées et l’accueil de groupes scolaires moussent l’achalandage, ajoute-t-il. Or, pour l’instant, ces deux activités sont proscrites dans le guide des normes sanitaires élaboré pour la réouverture des musées.

Émouvant retour

André Delisle ne cache pas sa joie d’avoir vu les premiers visiteurs revenir.

« Notre première personne visiteuse nous a dit que les musées lui manquaient et qu’elle attendait impatiemment leur réouverture, dit le directeur. Elle était ravie. On aurait aimé l’embrasser [rires] tellement nous étions contents de la voir. »

Parmi les 42 visiteurs du week-end, les employés ont revu quelques fidèles, quelques familles, essentiellement des Montréalais. 

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Le Château Ramezay a ouvert ses portes vendredi et sera ouvert tous les jours de la semaine jusqu’au 31 octobre.

Évidemment, le Ramezay avait adopté tout un protocole sanitaire à respecter. Au lieu de cinq entrées, il y en avait seulement deux : une pour le château et une pour le jardin du Gouverneur, à l’arrière. On a créé un parcours linéaire, installé des flèches au sol, des distributrices de savon désinfectant. L’établissement compte 15 salles et, pour le moment, la politique est d’accepter un « ménage » par salle.

S’il y avait plusieurs membres du personnel en poste pour ce premier week-end, ce nombre sera réduit dans les semaines à venir, faute d’un achalandage régulier. Une façon de réduire les coûts de fonctionnement.

Le Château Ramezay est vieux de plus de 300 ans. Quant au musée, il célèbre ses 125 ans cette année. L’institution se consacre à l’histoire de Montréal et du Québec, de la préhistoire au XXe siècle, avec une spécialisation sur la Nouvelle-France.

Plusieurs autres musées rouvriront leurs portes dans les jours et les semaines à venir. Ainsi, le Musée des beaux-arts de Montréal rouvrira le samedi 6 juin.

> Consultez le site du Château Ramezay