Le contexte fait le créateur, dit-on. La pandémie et le confinement influencent les artistes qui osent de nouvelles démarches, réfléchissent à leur avenir ou carrément prennent une pause… pour pouvoir mieux rebondir. 

Confiné à la maison avec sa conjointe et ses deux filles, l’explorateur dans l’âme qu’est Laurent Lamarche a créé des systèmes d’éclairage pour maximiser la croissance de ses semis ! « Je fabrique aussi des jeux pour que mes enfants s’amusent et bougent. Une balançoire à bascule et un trampoline ! Et je tente d’imaginer des activités pédagogiques stimulantes pour mes filles. Ma pratique artistique évoluera de toute évidence, mais je ne sais pas encore dans quel sens. » 

PHOTO FOURNIE PAR LAURENT LAMARCHE

Les filles de Laurent Lamarche profitent du génie de leur papa...

Impossible pour le photographe Alain Paiement de continuer à créer comme si de rien n’était. Il se demande ce que deviendra l’art après la crise : « Entre l’inquiétude critique et l’empathie qui espère, je préférerais la deuxième option. »

PHOTO FOURNIE PAR L’ARTISTE

Le montage photographique Grand rassemblement que l’artiste et professeur Alain Paiement a présenté
en septembre dernier à la galerie Hugues Charbonneau

Dans la suite de l’exposition présentée à la galerie Hugues Charbonneau en septembre, il poursuit un échantillonnage quotidien d’images et fait des essais de manipulations de ces nouvelles images. « La situation actuelle inspire inévitablement, dit-il. Ça devrait prendre forme en film d’animation. Puis d’autres gestes inédits dans mon parcours. » 

Jacynthe Carrier 

À la fois photographe et vidéaste, Jacynthe Carrier chorégraphie et met en scène. Elle planifiait, avant la crise, filmer huit danseurs pris dans un huis clos. Dès le début de la crise, elle a compris que ce projet sur l’espace partagé où des personnes devaient se toucher n’était plus possible. Le projet est sur pause. La crise va le modifier.

PHOTO CHARLES F. OUELLET, FOURNIE PAR JACYNTHE CARRIER

Jacynthe Carrier travaillant sur la performance Jeu réalisée en 2018

« J’ai maintenant besoin d’explorer la question de l’absence, de la distance, des limites de l’être ensemble et de la perte de repères que cela occasionne, dit-elle. Cette situation est venue affirmer l’essence profondément vivante et rassembleuse de ma pratique, qui n’a lieu que grâce à cette liberté de se réunir, d’être en contact et de créer ensemble physiquement, en mouvement, en présence. » 

Jean-Pierre Larocque

  • Jean-Pierre Larocque profite du confinement pour créer quelques gouaches-aquarelles de petits formats
 (8 po x 10 po maximum) sur des petits panneaux.

    PHOTO FOURNIE PAR L’ARTISTE

    Jean-Pierre Larocque profite du confinement pour créer quelques gouaches-aquarelles de petits formats
 (8 po x 10 po maximum) sur des petits panneaux.

  • Une œuvre de Jean-Pierre Larocque

    PHOTO FOURNIE PAR L’ARTISTE

    Une œuvre de Jean-Pierre Larocque

  • Une œuvre de Jean-Pierre Larocque

    PHOTO FOURNIE PAR L’ARTISTE

    Une œuvre de Jean-Pierre Larocque

  • Une œuvre de Jean-Pierre Larocque

    PHOTO FOURNIE PAR L’ARTISTE

    Une œuvre de Jean-Pierre Larocque

  • Une œuvre de Jean-Pierre Larocque

    PHOTO FOURNIE PAR L’ARTISTE

    Une œuvre de Jean-Pierre Larocque

  • Une œuvre de Jean-Pierre Larocque

    PHOTO FOURNIE PAR L’ARTISTE

    Une œuvre de Jean-Pierre Larocque

  • Une œuvre de Jean-Pierre Larocque

    PHOTO FOURNIE PAR L’ARTISTE

    Une œuvre de Jean-Pierre Larocque

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Après une longue pause dont il a eu vraiment besoin, le sculpteur montréalais Jean-Pierre Larocque a repris goût au travail le 7 avril. Mais il n’a pas sculpté. Il a plutôt opté pour la photo et la peinture.

« J’ai marché jusqu’à l’atelier, en zigzaguant, en découvrant les ruelles, en prenant des photos de clôtures brisées, de carton fondu dans les mares, de graffitis le long de la piste cyclable. J’ai ramené, chargé comme un âne, ce qu’il faut pour peindre sur de petits formats. J’ai repensé à Francis Bacon quand on lui avait demandé pourquoi il peignait. Parce qu’il faut bien faire passer le temps, avait-il répondu, provocateur. »

Michael Blum 

L’inquiétude qui habite Michael Blum a coupé son inspiration.

La maladie m’inquiète tout comme l’énorme misère économique et sociale qui va s’abattre sur nous et les mesures nécessaires, mais néanmoins liberticides, auxquelles nous sommes soumis.

Michael Blum

L’artiste et professeur écrit donc sur le confinement et comme son voyage en Argentine prévu en mai a été annulé, il voyage en photographiant des produits alimentaires importés. Une démarche devenue sa série From Away.

  • From Away (titre de travail), 2020, Michael Blum

    PHOTO FOURNIE PAR L’ARTISTE

    From Away (titre de travail), 2020, Michael Blum

  • From Away (titre de travail), 2020, Michael Blum

    PHOTO FOURNIE PAR L’ARTISTE

    From Away (titre de travail), 2020, Michael Blum

  • From Away (titre de travail), 2020, Michael Blum

    PHOTO FOURNIE PAR L’ARTISTE

    From Away (titre de travail), 2020, Michael Blum

  • From Away (titre de travail), 2020, Michael Blum

    PHOTO FOURNIE PAR L’ARTISTE

    From Away (titre de travail), 2020, Michael Blum

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« La série permet au moins un contact physique, aussi futile soit-il, avec des produits provenant de lieux désormais inaccessibles en personne, dit-il. Je photographie ces produits alimentaires comme des preuves de l’existence d’une normalité désormais révolue. Ils sont photographiés de la façon la plus neutre possible. Un geste dérisoire, mais juste dans les circonstances. »

Pauses 

Le duo COZIC a pris une pause depuis le confinement, rangeant et faisant un inventaire de sa production. « Nous aimerions avoir fini pour l’automne, dit Monic Brassard. Nous seuls pouvions nous y retrouver dans l’empilement de plus de 50 ans de sculptures. Maintenant, chacun pourra, à l’aide d’un cartable illustré, mettre la main sur n’importe laquelle des œuvres. C’est pas beau ça ? » 

La photographe Eliane Excoffier a besoin aussi de se défouler physiquement et de se changer les idées. Elle dit éprouver plus d’anxiété que d’élan créatif. « Je sais que cette période irréelle de notre existence aura un impact dans mes prochains projets, mes futures œuvres. »

PHOTO ÉLIANE EXCOFFIER, FOURNIE PAR L’ARTISTE

Fables (blind red), 2015, Éliane Excoffier, épreuve à la gélatine argentique, 51 cm x 41 cm.

Marie-Michelle Deschamps vit aussi difficilement le confinement. « Je ne suis pas capable de vaquer à mes affaires artistiques quotidiennes, nous écrit-elle. J’ai reporté et refusé des projets. J’ai du mal à comprendre ceux et celles qui continuent comme si de rien n’était. Il faut dire que j’ai maintenant un petit garçon de 3 ans à la maison… et je pense à lui, et ce que cela veut dire pour le futur. J’ai plutôt le goût de jardiner, de cuisiner. De prendre soin de moi et de ceux et celles qui m’entourent, de veiller sur elles et eux, de faire des courses pour des proches. »

Klor 

Klor, qui, avec Scien, forme le duo de muralistes 123Klan, connaît ça, la quarantaine et la crise sanitaire. En 2016, elle a dû vivre avec un diagnostic de cancer. « Avec une échéance de trois mois, dit-elle. Donc, ce travail de mise en quarantaine lors de la chimio, de remise en question, d’introspection, on l’a déjà fait. Et ça nous a rendus plus forts. »

Klor explique qu’après cet épisode douloureux, le duo avait créé fin 2017 la série Résilience. Des œuvres au bleu électrique, puissant. « Un bleu symbole du bouillonnement de la vie, de la renaissance auquel j’opposais le noir du pessimisme et du temps perdu, dit-elle. Ça fonctionne pour aujourd’hui aussi. Mais je refuse de surfer sur la COVID-19 dans notre art. La réalité fait déjà assez bien son boulot là-dessus. »

Voyez le travail de 123Klan

Le duo profite donc du confinement pour en faire un isolement positif, peindre pour lui seulement et regarder grandir ses jumeaux. « Tout comme les enfants, nous, les artistes, nous peignons pour partager, pour mettre plein d’espoir et de bonheur dans le cœur des gens, dit Klor. Nous ne sommes que du divertissement, de l’espoir et de la liberté. »