Fondée en 2011, la compagnie lyonnaise Adrien M & Claire B conjugue l’art, l’artisanat et la technologie pour créer des installations où se croisent le réel et le virtuel. Un monde d’illusions qui nous permet de voir… des fantômes ! Mirages & miracles, présentée à Phi, dans le Vieux-Montréal, est destinée aux grands comme aux petits.

C’est la première fois qu’Adrien M & Claire B expose au Canada. Pour l’occasion, Claire Bardainne (cofondatrice de la compagnie avec l’informaticien, artiste et jongleur Adrien Mondot) est venue présenter à Montréal 14 installations créées entre 2015 et 2017. Ce corpus intitulé Mirages & miracles est une série d’œuvres fascinantes, entre cinéma, animation et danse, qui réclament la participation active du visiteur.

Dans la première salle de Phi ont été installées huit expériences en réalité augmentée. « Le silence des pierres est un hommage à la vie cachée à l’intérieur des pierres et des choses apparemment inertes », explique Claire Bardainne.

Pour profiter de ces expériences, il faut diriger une tablette numérique (fournie par Phi) vers l’installation. Dans le cas de Trace, quand on approche la tablette du dessin réalisé sur un plateau posé au sol, on voit apparaître au bout de deux secondes un nuage d’éléments lumineux figurant une petite tornade. Plus on se rapproche du plateau et plus le son de l’œuvre augmente.

  • Expérimentation de Caillou noir (faisant partie de la série Le silence des pierres). En approchant la tablette numérique de l’œuvre, on voit des sortes de cheveux s’échapper du caillou et l’on entend une musique.

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    Expérimentation de Caillou noir (faisant partie de la série Le silence des pierres). En approchant la tablette numérique de l’œuvre, on voit des sortes de cheveux s’échapper du caillou et l’on entend une musique.

  • Expérimentation de l’œuvre Trace, dans laquelle on voit apparaître un nuage de points lumineux s’élevant d’un plateau posé au sol, comme une petite tornade.

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    Expérimentation de l’œuvre Trace, dans laquelle on voit apparaître un nuage de points lumineux s’élevant d’un plateau posé au sol, comme une petite tornade.

  • Expérimentation de l’œuvre Ligne qui permet de voir un petit personnage marcher sur un chemin de grosses pierres.

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    Expérimentation de l’œuvre Ligne qui permet de voir un petit personnage marcher sur un chemin de grosses pierres.

1/3
  •  
  •  
  •  

Pour Ligne, la réalité augmentée est encore plus saisissante puisque la tablette nous dévoile un petit génie habillé de noir marchant sur un chemin de grosses pierres. Illusion réelle !

Dans la série Les pierres jumelles, le même petit personnage exécute des pas de danse. Claire Bardainne nomme ces segments des « petites bulles chorégraphiques », réalisées après avoir enregistré les mouvements de danseurs avec des capteurs. En se déplaçant, en avançant, en reculant par rapport à l’installation, tout en la visant avec la tablette, on change la perspective de ces chorégraphies virtuelles.

Illusions

Trois œuvres, Respiration, Dilatation et Érosion, font partie de la série Les illusions pour laquelle la tablette n’est pas requise. Il s’agit de mini théâtres optiques où le reflet d’une image est projeté sur un objet. Dans le cas d’Érosion, une pluie lumineuse rebondit sur une structure en verre soufflé. Le plus étrange étant qu’on peut passer la main à travers l’image reflétée ! 

PHOTO FOURNIE PAR PHI

Respiration, 2015-2017, Adrien M & Claire B, fantôme de Pepper et pierres.

Ces trois installations découlent du dispositif appelé fantôme de Pepper (Pepper’s ghost en anglais), une technique de magie classique qui date du XIXe siècle et qui permet de placer une image en suspension dans les airs. Comme si le réel se superposait à l’imaginaire. 

« On est une équipe d’une quinzaine de personnes pour tout réaliser, depuis l’application à l’intérieur des iPad jusqu’à la création des tables et des objets, dit Claire Bardainne, artiste plasticienne issue du design graphique et de la scénographie. On a fait appel à un souffleur de verre du Vercors pour les œuvres Respiration et Érosion et on a aussi un lithographe et un sérigraphe. »

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Tempo geologico, Adrien M & Claire B, vidéo projection sur voile de métal.

Dans une deuxième salle plongée dans la pénombre, Adrien M & Claire B propose trois expériences, dont deux avec casque de réalité virtuelle. Pour Murmuration, on est assis devant une boule en verre lumineuse, on visualise nos mains virtuelles et on joue avec un nuage de points qu’on peut étirer, éloigner ou approcher de soi.

Dans un autre espace, on se déplace, sans casque, sous Tempo geologico, un nuage lumineux ressemblant à un plafond de grotte. Plus on bouge vite sous ce voile métallique – sur lequel semblent se déplacer des bancs de poissons – plus les éléments lumineux s’agitent. Le résultat de notre immersion dépend donc de notre propension à laisser notre corps s’exprimer.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Expérimentation de Phantasme (réalité virtuelle), Adrien M & Claire B, 2 min 30.

Finalement, c’est peut-être l’œuvre Phantasme qui nous a le moins convaincu. Pourvu de notre casque de réalité virtuelle, on croise des personnages irréels qui dansent autour de nous pendant 2 min 30. Disons que Phi nous a fait vivre bien souvent des émotions plus trépidantes en ce même endroit voué à la réalité virtuelle. Mais c’est le seul bémol de cette expo qui témoigne d’un grand talent, d’une certaine délicatesse et d’un souci de rendre l’art directement connecté au visiteur.

PHOTO FOURNIE PAR PHI

Claire Bardainne et Adrien Mondot, de la compagnie Adrien M & Claire B, disent interroger le vivant et le mouvement dans ses multiples résonances avec la création graphique et numérique.

Alternant des spectacles et des performances avec des expositions d’installations, Adrien M & Claire B travaille en ce moment sur une œuvre immersive de grand déploiement (sur 1000 m2) tout en préparant l’édition d’un livre qui permettra, avec l’aide de sa propre tablette et de la réalité augmentée, d’offrir au lecteur de petits spectacles animés.

« Chaque projet nous permet de réaliser un petit bout de nos rêves, dit Claire Bardainne. Et de rencontrer des lieux et des publics différents comme ici, à Phi. » 

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Près de la salle principale de l’exposition Mirages & miracles, on peut observer une sculpture de Jean-Michel Othoniel représentant le nombre d’or, souvent désigné par la lettre phi. Une œuvre de la collection de Phoebe Greenberg, fondatrice et directrice du centre d’art Phi.

À noter que contrairement aux activités habituelles présentées au 407, rue Saint-Pierre, cette expo est pour tous les âges (sauf les deux œuvres de réalité virtuelle). Phi a décidé de rendre l’accès de Mirages & miracles gratuit aux enfants de moins de 13 ans afin qu’ils puissent profiter de ces objets inanimés qui prendront vie sous leurs yeux. 

Mirages & miracles, de la compagnie Adrien M & Claire B, à Phi, jusqu’au 5 avril

> Consultez la page de l'exposition

> Consultez le site d'Adrien M & Claire B