Cosignataire du Manifeste des Plasticiens en 1955, Jean-Paul Jérôme (1928-2004) est en vogue au Québec. Il fait l’objet de trois expositions cet automne et la galerie Simon Blais le mettra à l’affiche en février prochain. Un synchronisme qui témoigne d’un intérêt renouvelé pour son œuvre.

Le film documentaire Jean-Paul Jérôme : La couleur, la lumière, la forme, du réalisateur André Desrochers, montre un Jean-Paul Jérôme totalement engagé dans son œuvre picturale à laquelle il a consacré sa vie, créant quelque 5000 œuvres en 60 ans d’exercice. Une démarche dynamique, souvent lyrique, toujours passionnée, aujourd’hui reconnue comme marquante dans l’univers canadien des arts visuels.

C’est la raison pour laquelle le Musée d’art contemporain de Baie-Saint-Paul organisera dès le 23 novembre un hommage senti à l’œuvre de Jérôme.

PHOTO GUY L’HEUREUX, FOURNIE PAR LE MUSÉE D’ART CONTEMPORAIN DE BAIE-SAINT-PAUL

Les zones bleues, 2001, Jean-Paul Jérôme, 30 po x 24 po, acrylique sur toile

L’exposition Jean-Paul Jérôme. Explorer l’abstrait, à Baie-Saint-Paul, sera d’envergure, prévient le commissaire invité Martin Labrie. « Elle couvrira 50 années de production. Nous présenterons des œuvres des Plasticiens datant des années 50, pour la mise en contexte historique, et nous poursuivrons avec les œuvres de Jean-Paul Jérôme. » 

Cette rétrospective permettra de faire le tour de la plus grande période de la production de l’artiste, avec 70 œuvres. Des peintures, des sculptures et des dessins allant de son affirmation plasticienne du milieu des années 50 jusqu’à ses découpes libres des années 2000.

PHOTO GUY L’HEUREUX, FOURNIE PAR LE MUSÉE D’ART CONTEMPORAIN DE BAIE-SAINT-PAUL

Célébration, 1996, Jean-Paul Jérôme, acrylique sur toile, 40 po x 42 po

L’exposition mettra la carrière de Jean-Paul Jérôme en contexte, avec une copie originale du Manifeste des Plasticiens publié le 10 février 1955, des œuvres de ses cosignataires Louis Belzile, Jauran (Rodolphe de Repentigny) et Fernand Toupin, ainsi que deux toiles de Guido Molinari.

C’est donc à une véritable envolée de couleurs, de formes, de mouvements, d’approche organique et de poésie géométrique que le musée charlevoisien nous convie dès la fin de novembre. 

Musée d’art de Joliette 

En attendant cet évènement, on peut aller constater l’éclectisme de Jean-Paul Jérôme au Musée d’art de Joliette, qui expose, dès aujourd’hui et jusqu’au 5 janvier, 11 encres de l’artiste montréalais. 

« On avait décidé, avant Baie-Saint-Paul, d’organiser cette exposition, dit Jean-François Bélisle, directeur du Musée d’art de Joliette. C’est un peu une réhabilitation historique, car Jérôme est peut-être le moins connu des quatre signataires du Manifeste des Plasticiens. Je trouvais dommage qu’un chapitre de l’histoire de l’art du Québec disparaisse. »

C’est la commissaire Constance Naubert-Riser qui a sélectionné ces encres issues de la collection de Robert Jérôme, neveu de l’artiste. Des œuvres inédites et très originales puisqu’elles divergent totalement de l’abstraction géométrique de Jérôme.

« Il les a créées pendant deux ans, en 1969 et 1970, dit la commissaire. C’est assez réussi. Il y a deux séries d’encres de cette époque, différentes dans leur gestualité. On a choisi les œuvres dans chacune des deux séries. »

Spécialiste de l’art abstrait, Constance Naubert-Riser est en train d’écrire une chronologie sur cette période de la vie de Jean-Paul Jérôme. Une petite publication accompagne l’exposition.

Galerie D’Este 

De son côté, la galerie D’Este, à Montréal, qui célèbre les œuvres de Jean-Paul Jérôme régulièrement, a voulu marquer cette année le 15anniversaire de la mort de l’artiste.

PHOTO GUY L’HEUREUX, FOURNIE PAR LA GALERIE D’ESTE

Kaléidoscope un, 1999, Jean-Paul Jérôme, acrylique sur toile, 76 cm x 101,5 cm

Avec Prisme de lumière, elle a choisi d’accrocher une vingtaine de toiles de plus petits formats que celles présentées il y a deux ans. Des œuvres des années 90 sélectionnées par deux des ayants droit de l’artiste, ses nièces Dominique et Johanne Jérôme.

PHOTO FOURNIE PAR LA GALERIE D’ESTE

Vue de l’exposition Prisme de lumière, présentée à la galerie D’Este, avec à gauche l’œuvre Hymne du monde 2

L’une des œuvres, plus grande, est estimée par la galerie comme étant de qualité muséale. Hymne du monde 2, de 1999, est une pièce qui n’a jamais été présentée. Elle appartient à Dominique Jérôme. Cette dernière et sa sœur Johanne feront également un don de six œuvres de leur oncle au Musée d’art contemporain de Baie-Saint-Paul. De grands tableaux des années 70, 80, 90 et 2000, dont Cœur de fer, exposé à la galerie D’Este en 2017.

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Prisme-six, 1999, Jean-Paul Jérôme, acrylique sur toile, 61 cm x 61 cm

À noter que la galerie Simon Blais exposera également quelques œuvres de Jean-Paul Jérôme au début de février. « L’exposition devrait durer deux mois, dit Simon Blais. Ce sera une belle expo sur les années 90 de Jean-Paul Jérôme. Des peintures très géométriques, colorées et même des peintures en 3D. Ces quatre expositions consacrées à Jean-Paul Jérôme sont un beau synchronisme. Il y a effectivement une belle réception et un intérêt renouvelé pour son œuvre. » 

Prisme de lumière, du 3 octobre au 10 novembre, à la galerie D’Este

Les abstractions lyriques, au Musée de Joliette, du 5 octobre au 5 janvier

Jean-Paul Jérôme. Explorer l’abstrait, du 23 novembre au 31 mai, au Musée d’art contemporain de Baie-Saint-Paul