(Paris) Rarement bouquet de fleurs aura autant fait parler de lui… Après presque trois ans de polémiques, les Tulipes géantes de l’artiste Jeff Koons, cadeaux des États-Unis à la ville de Paris après les attentats de 2015-2016, ont été inaugurées vendredi.

« Photographes ! Instagrammeurs ! On y va », ont lancé les organisateurs quelques secondes avant de dévoiler la statue monumentale (haute de 12 mètres) représentant une main tenant un bouquet de tulipes, située derrière le Petit palais, près des Champs-Élysées.

« Il y a seulement onze fleurs. La douzième symbolise la perte née des attentats », a déclaré l’artiste américain, après un long discours de remerciement où il a invoqué l’esprit de Bartholdi, l’auteur de la statue de la Liberté.

Son bouquet évoque la main de la statue brandissant la torche et dialogue avec le Bouquet de l’Amitié de Pablo Picasso, a-t-il souligné dans son discours.

À l’origine, cette œuvre avait été proposée en novembre 2016 par l’ambassade américaine, comme un hommage aux victimes des attentats ayant endeuillé la capitale.

Jeff Koons avait initialement souhaité qu’elle soit installée près du Trocadéro, entre le musée d’art moderne et le Palais de Tokyo, un lieu fréquenté par les touristes.

Devant la levée de boucliers, un emplacement plus discret, visible du petit Palais et à quelques encablures de l’ambassade américaine, avait été choisi sur un jardin municipal.

« Un cadeau, ça s’accepte »

PHOTO STÉPHANE DE SAKUTIN, AFP

« Je voulais rendre ce soutien visible », a souligné Jane Hartley, l’ancienne ambassadrice des États-Unis en France, qui avait sollicité Jeff Koons pour ce projet devenu au fil du temps un enjeu diplomatique entre les deux pays.

« Un cadeau, ça s’accepte », a renchéri la maire de Paris, Anne Hidalgo.

« Tout est grand à Paris : les émotions, les polémiques… », a-t-elle ajouté, face aux nombreuses controverses ayant entouré ce projet, de son emplacement à la personnalité de l’artiste — accusé de participer à une marchandisation excessive de l’art contemporain — en passant par son coût (3,5 millions d’euros financés par des donateurs privés).

« Au fond de moi, je ne voulais pas rater cette opportunité extraordinaire pour Paris, d’avoir ce cadeau des États-Unis, de Jeff Koons », a poursuivi l’édile lors de la cérémonie d’inauguration.

Parmi l’assistance, figuraient notamment le milliardaire Xavier Niel, le journaliste Nikos Aliagas et des familles de victimes des attentats de l’association 13onze15. Jeff Koons a d’ailleurs été les saluer et a échangé avec elles, une fois la statue dévoilée.

L’artiste a prévu de reverser les revenus (à hauteur de 80 %) perçus au titre de ses droits d’auteur aux associations des familles de victimes. Les 20 % restants doivent aller à la Ville de Paris pour la maintenance de l’œuvre.

Connu pour ses œuvres kitsch et ses clins d’œil appuyés à la pop culture, Jeff Koons déchaîne les passions, mais fait souvent exploser les compteurs : en mai, une de ses sculptures, Le Rabbit, moulage en acier d’un lapin gonflable, a été vendue 91 millions de dollars à New York, record pour un artiste vivant.