La Fondation Jean Paul Riopelle vient d’être créée à l’initiative du collectionneur, mécène et homme d’affaires canadien Michael Audain. Ayant pour but de promouvoir, au Canada et à l’étranger, le peintre et sculpteur québécois mort en 2002, cette fondation était un rêve de Riopelle qui se voit ainsi concrétisé.

« Je suis fasciné par Jean Paul Riopelle depuis l’âge de 16 ans, lance Michael Audain au téléphone, de son bureau de Vancouver. Cela fait maintenant longtemps, car j’ai 82 ans ! Et je n’ai eu les moyens de m’acheter plusieurs de ses créations que depuis 25 ans ! Aujourd’hui, je suis heureux de faire partie des gens qui vont faire en sorte que l’œuvre de Riopelle soit plus largement connue et appréciée au Canada et à l’étranger. »

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Président de Polygon Homes, l’un des plus importants constructeurs de logements de la Colombie-Britannique, Michael Audain est un grand amateur d’art, un mécène et un admirateur inconditionnel de Jean Paul Riopelle.

Michael Audain est un des plus grands admirateurs de Riopelle et du groupe des Automatistes au Canada. Subjugué par sa polyvalence, il estime que le signataire de Refus global n’est pas assez connu hors Québec.

« Riopelle est un héros culturel au Québec, dit-il, mais les Canadiens [anglais] n’ont pas vraiment de modèles culturels comme vous en avez au Québec. On a Maurice Richard et Wayne Gretzky, mais c’est dans un seul domaine ! On doit s’assurer que Riopelle bénéficie d’un plus grand rayonnement. Il est triste que le Musée des beaux-arts du Canada, à Ottawa, n’ait pas eu une seule grande exposition Riopelle depuis près de 60 ans. »

Michael Audain a eu l’idée de créer cette fondation en 2017, quand il s’est rendu au vernissage de l’exposition Mitchell/Riopelle – Un couple dans la démesure, au Musée national des beaux-arts du Québec, sur les plaines d’Abraham.

« À cette occasion, j’ai rencontré Mme Yseult Riopelle, fille de Jean Paul Riopelle, pour lui parler de ma suggestion, car nous avions besoin de sa permission pour utiliser le nom de Riopelle. Elle a été très enthousiaste à propos de cette initiative. »

« Cela va être une belle aventure, confirme Yseult Riopelle en entrevue au téléphone. J’ai toujours voulu accéder au désir que Riopelle avait depuis 1968 de créer une fondation à l’image de la Fondation Maeght [à Saint-Paul-de-Vence, en France]. Mais avec beaucoup plus d’amplitude. Avec des ateliers d’artistes, des lieux d’exposition, un important centre d’archives et peut-être un volet éducation. »

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Jean Paul Riopelle, dans son atelier de la rue Durantin, à Paris, en 1952

Si Jean Paul Riopelle n’a pu créer sa fondation, c’est en partie parce qu’il manquait « un moteur ». Et ce moteur est donc venu de Vancouver en la personne de Michael Audain, qui a rassemblé autour du projet les hommes d’affaires Pierre Lassonde et André Desmarais, le sénateur et collectionneur Serge Joyal, l’historien de l’art John R. Porter et, bien sûr, Yseult Riopelle, qui a déjà répertorié des milliers d’œuvres dans le cadre de son travail sur le catalogue raisonné des créations de son père.

« Nous allons élargir ce conseil pour nous assurer que Riopelle soit connu dans le monde entier, souligne Michael Audain. Nous irons en France pour cela, et ma femme, qui est japonaise, est aussi en train de prendre contact avec des personnes et des musées au Japon. »

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Jean Paul Riopelle en 1983

La Fondation Jean Paul Riopelle annoncera dans quelques semaines où elle sera physiquement située à Montréal. L’ex-conseillère municipale responsable de la culture à la Ville de Montréal, Manon Gauthier, en a été nommée directrice générale. 

« Nous allons nous attacher à perpétuer la mémoire de Jean Paul Riopelle, assure-t-elle. Et nous allons préparer le centenaire de sa naissance, en 2023, et nous assurer qu’il y aura, cette année-là, des célébrations de ses œuvres qui laisseront une marque indélébile. »

L’année 2023 correspondra aussi au 75e anniversaire de la publication du manifeste Refus global. Le mouvement automatiste sera donc au menu de bien des événements. Mais d’ici là, la Fondation prendra différentes initiatives. L’an prochain, elle organisera des activités en plus des expositions déjà prévues, dont Riopelle – À la rencontre des territoires nordiques et des cultures autochtones que le Musée des beaux-arts de Montréal présentera de septembre 2020 à février 2021, événement soutenu par l’Audain Foundation.

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Ex-conseillère municipale (responsable de la culture, du patrimoine et du design au comité exécutif de la Ville de Montréal de 2013 à 2017), Manon Gauthier est la directrice générale de la nouvelle Fondation Jean Paul Riopelle.

« On essaiera dans les années à venir de retracer le parcours de Riopelle sous toutes sortes de formes, que ce soit à l’écran, sur scène, dans nos classes. Les opportunités ne manquent pas », affirme Manon Gauthier.

La Fondation a bénéficié d’un financement de départ de Michael Audain, mais elle devra par la suite trouver d’autres sources.

« On a la chance d’avoir eu un philanthrope généreux, souligne Manon Gauthier. Michael Audain a investi plus d’un demi-million pour qu’on puisse démarrer. Ce geste devrait en inspirer d’autres à court terme. L’idée est de diversifier le financement par des collaborations, des coproductions et des projets d’édition. »

La directrice générale croit beaucoup en une collaboration foisonnante de la Fondation avec les musées, les galeries et les universités.

« Nous allons faire en sorte qu’il y ait des recherches sur le travail de Riopelle, des rencontres d’artistes venant de Montréal, du Canada, d’Europe et des États-Unis, car c’est ce que voulait Riopelle, rappelle Mme Gauthier. Faire travailler les gens ensemble. Les artisans, les artistes, le milieu académique, le milieu de la recherche et le grand public. La Fondation se veut donc un grand carrefour pour la redécouverte de Riopelle et de son œuvre. »