(Londres) Lumière, brume, pluie : l’Islando-Danois Olafur Eliasson fait entrer la nature islandaise à la Tate Modern de Londres dans une exposition interpellant les sens du visiteur, quitte à le désorienter.

Une quarantaine d’œuvres illustrant trois décennies de création sont présentées à l’intérieur, mais aussi à l’extérieur du musée, où a été installée une impressionnante chute d’eau de 11 mètres de haut.

L’artiste de renommée mondiale, âgé de 52 ans, s’était déjà fait remarquer en 2003 avec The Weather Project, un soleil rougeoyant sur fond de ciel nuageux installé dans le hall du célèbre musée londonien et vu par plus de 2 millions de personnes.

En décembre dernier, il avait aussi disposé 24 blocs de glace devant la Tate Modern afin d’alerter le public sur l’urgence climatique.

Sa dernière exposition intitulée In Real Life explore ses thèmes de prédilection : la nature, la perception de notre environnement et la géométrie, avec la présentation d’environ 450 prototypes de tailles et de matériaux divers, fruits de l’imagination d’Olafur Eliasson et de son équipe.

PHOTO FRANK AUGSTEIN, AP

L’expérience la plus déconcertante, voire effrayante, est la traversée d’un couloir de 39 mètres de long plongé dans une épaisse brume dans lequel le visiteur perd ses repères, ne pouvant voir à plus de 1,5 mètre.

Avant même d’entrer dans l’exposition, trois rangées de néons jaunes éblouissent le visiteur.

« C’est une œuvre qui utilise une lumière monochromatique pour modifier votre perception de l’espace. Lorsque vous vous tenez en dessous, la couleur semble couler le long de vos vêtements, de votre visage », décrit Mark Godfrey, commissaire de l’exposition.

Arc-en-ciel et chute d’eau

La sculpture façon kaléidoscope géant Your Spiral View, dans laquelle on peut s’engouffrer comme dans un tunnel, invite à observer les choses sous un angle différent. Mais l’expérience la plus déconcertante, voire effrayante, est la traversée d’un couloir de 39 mètres de long plongé dans une épaisse brume dans lequel le visiteur perd ses repères, ne pouvant voir à plus de 1,5 mètre.

PHOTO FRANK AUGSTEIN, AP

À l’extérieur du musée, une impressionnante chute d’eau de 11 mètres de haut a été installée.

D’autres œuvres illustrent l’impact des humains sur la nature comme une série de photographies de glaciers prises par l’artiste en 1999, qui seront remplacées à l’automne par une nouvelle œuvre incorporant des photos prises vingt ans plus tard, révélant les changements survenus.

La nature est omniprésente, titillant les sens du visiteur qui peut toucher un mur de 20 mètres de large couvert de mousse, ou observer un arc-en-ciel se former comme par magie dans une pièce sombre où tombe une pluie fine.

« Olafur a passé beaucoup de temps enfant en Islande […] et l’idée de ramener le paysage dans le musée l’a toujours intéressée » avance Mark Godfrey.

PHOTO FRANK AUGSTEIN, AP

Certaines installations donnent au visiteur le sentiment qu’il « contribue au sens de l’œuvre, qu’il coproduit l’œuvre », estime M. Godfrey, comme dans cette pièce où, en passant devant des projecteurs, les visiteurs voient leurs ombres colorées danser sur le mur devant eux.

En traversant l’exposition, « on a davantage conscience de soi, de son sens de la vue, de l’odorat, du toucher », explique le commissaire de l’exposition.

Certaines installations donnent au visiteur le sentiment qu’il « contribue au sens de l’œuvre, qu’il coproduit l’œuvre », estime M. Godfrey, comme dans cette pièce où, en passant devant des projecteurs, les visiteurs voient leurs ombres colorées danser sur le mur devant eux.

Une dernière partie, The Expanded Studio, traite des préoccupations sociales et environnementales de l’artiste basé à Berlin, qui a animé des ateliers artistiques avec des demandeurs d’asile.

L’exposition ouvre jeudi et se tient jusqu’au 5 janvier 2020.