La Ville de Montréal a détruit une œuvre d’art, ce qui a provoqué la colère de l’artiste Dominique Blain et mis dans l’embarras les Jardins de Métis et le Château Ramezay.

L’été dernier, Dominique Blain a été invitée par les Jardins de Métis, associés au Château Ramezay, pour construire une œuvre sur un terrain de la Ville de Montréal qui jouxte le Château. Aujourd’hui, il ne reste presque plus rien de Champs de mémoire, jardin commémoratif sur la Première Guerre mondiale construit par Mme Blain.

PHOTO FOURNIE PAR DOMINIQUE BLAIN

Voici à quoi ressemblait l’oeuvre de Dominique Blain en septembre dernier.

L’artiste avait reproduit les cratères d’obus et installé une passerelle qui, elle, est toujours en place. À la fin de l’été 2018, « tout était devenu splendide, il y avait des papillons, des abeilles, des oiseaux, ce qui est assez particulier en plein Vieux-Montréal », a affirmé Mme Blain.

« Je suis venue voir mon jardin vendredi et tout avait été détruit. Je suis en état de choc, le terrain est complètement nivelé. Il n’y a plus aucune trace du chemin en gazon ni de la bordure en bois. »

« Les 125 plantes vivaces qui avaient été offertes par les Jardins 2M ont été enterrées, ajoute-t-elle On avait l’intention de les remettre à des écoles ou des CHSLD. »

La Ville fait place nette

La Ville avait besoin du terrain pour accueillir les activités soulignant l’anniversaire de la fondation de Montréal le 17 mai. Elle a contacté le directeur du Château Ramezay, André Delisle, au début du mois de mai pour savoir quand l’œuvre serait démontée. « J’ai répondu qu’on ne la démontait pas et que la Ville avait donné la permission de la laisser », a répondu M. Delisle. Il a suggéré à la Ville d’installer une plateforme au-dessus de l’œuvre. « Je ne sais pas s’il y a eu un problème de communication avec les techniciens. »

Dans un courriel envoyé à Mme Blain le 10 juin, M. Delisle accuse la Ville. « Nous avons nous-mêmes été sous le choc en voyant ce que les employés de la Ville avaient fait au site. […] Et les “autorités” n’ont pas toujours la même logique que vous et moi. Croyez-moi, nous en avons souvent fait les frais. »

Dominique Blain trouve M. Delisle prompt à n’assumer aucune part de responsabilité dans le démantèlement de son œuvre. 

« C’est comme s’il n’avait rien à voir avec ça, alors que c’est par lui que tout passait. Il fait complètement l’innocent dans tout ça. »

La Ville, quant à elle, déclare que « la direction du Château Ramezay était au courant du démontage ».

Mme Blain dénonce un manque de communication. « J’ai envoyé un dossier complet au Château Ramezay en février. Personne ne m’a jamais appelée pour m’expliquer ce qu’on avait prévu pour l’été. » L’artiste proposait un événement avec des écoles pour relancer le jardin.

Elle souligne aussi qu’elle n’a jamais eu aucun contact avec la Ville. « J’aurais aimé présenter mon projet directement. Je devais toujours passer par le Château Ramezay. Ce qui me choque, c’est le manque de communication. Je suis sidérée par tout ça. »

Mme Blain a annoncé son retrait du projet. « Je ne veux plus y mettre les pieds, je ne veux plus avoir affaire à eux. C’est détruit, je ne refais pas quelque chose comme ça deux fois. J’en ai marre que ce genre d’histoire soit passée sous silence. »