La Fondation du Musée national des beaux-arts du Québec propose actuellement à Toronto quelque 50 estampes sérigraphiées d’Alfred Pellan dans le but de renflouer ses caisses. Présentée à la galerie Thompson Landry jusqu’au 2 juin, l’exposition Le printemps Pellan est aussi l’occasion de faire mousser l’œuvre de l’un des artistes les plus emblématiques de l’art québécois du XXe siècle.

La Fondation du Musée national des beaux-arts du Québec est, depuis 2010, l’ayant droit de l’œuvre d’Alfred Pellan (1906-1988). Dans le but de soutenir financièrement le musée national, la fondation a décidé de mettre en vente 50 estampes sérigraphiées et signées par Alfred Pellan.

Cette vente inédite de la part de la fondation doit permettre au musée des plaines d’Abraham « d’enrichir ses collections, de diversifier son offre d’expositions et d’augmenter l’accessibilité à ses programmes d’activités éducatives et culturelles ».

« Alfred Pellan a toujours eu un lien exceptionnel avec le MNBAQ de son vivant, au cours de sa carrière, dit Linda Tremblay, responsable des relations de presse au musée national. Il avait aussi une vision philanthropique puisqu’il a réalisé des sérigraphies signées dans les années 70 et 80 en fonction de son legs futur en faveur du musée, qui s’est concrétisé en 2011, peu après le trépas de son épouse. »

On retrouve, à la galerie Thompson Landry, 50 des 70 sérigraphies de Pellan, ainsi que deux œuvres originales, la peinture Et le soleil continue, de 1959, appartenant au MNBAQ, et une petite œuvre de techniques mixtes sur papier de 1934.

Les estampes exposées dans le Cooperage Space de la galerie torontoise proviennent de six séries distinctes de Pellan : Jardins et monstres, Joie de vivre, Paysages, Couvertures de livres, Créatures sinueuses et La nuit des rois. On retrouve ainsi sa signature plurielle et son univers poétique riche d’évocation, avec ses bestiaires fantastiques, ses paysages oniriques et ses femmes voluptueuses inspirés de ses emprunts libres au fauvisme, au surréalisme et au cubisme.

Selon leur format, les estampes sont vendues entre 1150 $ et 2750 $, précise Joanne Thompson, propriétaire et directrice de la galerie. « Le public réagit avec enthousiasme à cette exposition, dit-elle. Les gens réalisent qu’ils peuvent acquérir une œuvre d’un maître canadien à très bon prix. » « La réponse de la vente est excellente, ajoute Linda Tremblay. Près de 30 % des œuvres sont déjà vendues. »

Quelques sérigraphies de Pellan ont déjà été mises en vente dans le passé par la Fondation du MNBAQ lors d’événements-bénéfices à Québec et à Montréal. Certaines œuvres vendues dans la galerie torontoise ont fait partie de ces encans. « Mais ces œuvres étaient disponibles à des cercles très restreints, comparativement à Toronto, où n’importe qui peut acheter une œuvre de Pellan qui se retrouve dans la collection du MNBAQ », dit Linda Tremblay.

La vente élargie au grand public a lieu à Toronto plutôt qu’au Québec, car la Fondation du MNBAQ souhaite développer d’autres marchés. « C’était aussi normal d’aller à Toronto, ajoute Mme Tremblay, car depuis la grande campagne de financement pour la construction du pavillon Pierre Lassonde, plusieurs mécènes et corporations qui ont contribué viennent de Toronto, ont leur siège social à Toronto ou vivent à Toronto, comme Pierre Lassonde lui-même. De plus, la galerie Thompson Landry est vouée à l’art contemporain et moderne québécois. Alors c’était tout naturel que l’on s’associe à cette galerie dont la mission est collée à notre ADN. »

Célébré maintes fois durant sa carrière, Alfred Pellan n’a reçu le prix Paul-Émile-Borduas qu’en 1984, soit quatre ans avant son décès. Il l’avait d’ailleurs plutôt mal pris, déclarant : « Il me semble que j’aurais été le premier à la mériter, cette récompense ; il n’y a qu’à comparer ma biographie à celle des autres… »

Cela dit, l’artiste né dans le quartier Saint-Roch, à Québec, a été plutôt précoce. Son talent fut remarqué dès son plus jeune âge. La Galerie nationale du Canada (aujourd’hui le Musée des beaux-arts du Canada) lui acheta une toile alors qu’il n’avait que 16 ans. Et à 20 ans, il fut l’un des premiers peintres à recevoir une bourse du gouvernement québécois pour aller poursuivre sa formation à Paris. 

Un hommage permanent est rendu à Alfred Pellan au Musée national des beaux-arts du Québec avec une exposition de ses œuvres intitulée Alfred Pellan. Le rêveur éveillé.

Le printemps Pellan, à la galerie Thompson Landry, à Toronto, jusqu’au 2 juin