Chine. États-Unis. Grande-Bretagne. Belgique. Allemagne. Le peintre Manuel Mathieu connaît un tourbillon d'expositions et de résidences cette année. La réputation de l'artiste haïtien établi à Montréal ne cesse de grandir sur la scène internationale. Nous l'avons rencontré dans son atelier.

Exposition à Pékin

Manuel Mathieu expose en ce moment, et jusqu'au 27 avril, chez son galeriste Hadrien de Montferrand, à Pékin. Sa première expo solo en Chine est intitulée Wu Ji, une expression qui évoque en mandarin une notion d'infini. L'exposition comprend une douzaine de dessins et 14 tableaux, des oeuvres créées en 2018 et 2019 pour cet événement qui coïncide avec la foire Art Beijing. Des oeuvres abstraites parfois imprégnées d'imagerie haïtienne et d'art africain.

Résidence à Sonoma

Après la Chine, le diplômé de Goldsmiths ne pourra guère profiter de son atelier ensoleillé puisqu'il s'en va lundi à Sonoma, en Californie, pour une résidence d'un mois chez la grande collectionneuse afro-américaine Pamela Joyner. Rien de moins! Elle avait acquis Rempart, le plus grand tableau (80 po x 90 po) que Manuel Mathieu avait exposé l'an dernier à Chicago, chez son galeriste américain Kavi Gupta.

Art Brussels

À son retour de Californie, Manuel Mathieu participera du 25 au 28 avril à Art Brussels 2019, en Belgique, et simultanément à la foire Papier à Montréal. À Bruxelles, il présentera deux tableaux, dont Entangled, que nous avons pu admirer dans son atelier. À Montréal, il exposera quelques dessins, dont Promised Land, dans le stand de la galerie Hugues Charbonneau.

Festival Chromatic

Du 10 au 17 mai, l'artiste de 32 ans fera une apparition au festival Chromatic de Montréal. Le 17 mai, il participera au Draw Art Fair de la Saatchi Gallery de Londres, avec son tableau The Death of Kandinsky et quelques dessins. En même temps, il participera à l'expo collective Over My Black Body qui débutera à la galerie de l'UQAM... avant de partir à Miami pour The Other Side of Now, une exposition d'artistes des Caraïbes présentée au Pérez Art Museum, du 18 juillet au 7 juin 2020.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

One Future, une des dernières toiles de Manuel Mathieu, sera exposée au Pérez Art Museum, du 18 juillet au 7 juin 2020.

Résidence à Stuttgart

À l'automne, Manuel Mathieu partira en résidence en Allemagne, à l'Académie Schloss Solitude, dans un magnifique château baroque construit en 1764 dans la région de Stuttgart. «J'ai été choisi par la commissaire et conservatrice française Catherine David, dit-il. J'étais très flatté. Je resterai là-bas sept mois, tous frais payés. J'ai été chanceux d'obtenir cette résidence très prisée et internationale puisque 60 artistes sont présents en même temps. Pendant ce temps, j'exposerai des oeuvres en novembre dans une galerie de Miami puis à Art Basel Miami, début décembre.» 

Ses inspirations

Manuel Mathieu utilise des images comme des références pour ses créations. «Ces éléments ne trouveront peut-être pas tous leur chemin vers un tableau, mais ils m'inspirent, dit-il. Je travaille comme je pense. Je fais des sauts. Je colle les choses ensemble. Les va-et-vient font que le tableau devient de plus en plus complexe.» Il colle également des papiers sur lesquels il écrit des idées de titres et de sujets. «Kidney Stones, je l'ai écrit car j'ai parfois des pierres au rein et je me suis dit que j'allais faire quelque chose avec ça.»

Don au MBAM

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

The Death of Kandinsky, une toile récente de Manuel Mathieu, sera exposée au Draw Art Fair London, de la Saatchi Gallery, en Angleterre, du 17 au 19 mai.

Manuel Mathieu a fait l'objet de deux catalogues en 2018 (dont un publié par sa galerie belge Maruani Mercier) ainsi que d'un recueil de dessins, publié à compte d'auteur. Il a beau être très occupé, il n'oublie pas qu'il est aussi un citoyen engagé. Après avoir été le premier artiste visuel canado-haïtien à voir une de ses oeuvres intégrer la collection du Musée des beaux-arts de Montréal, il a décidé de faire un don au musée pour créer un fonds qui permettra d'acquérir des oeuvres d'artistes québécois et canadiens non représentés dans la collection du MBAM. «Je trouvais normal que je puisse passer le flambeau à d'autres artistes. Pour essayer de changer la société de manière concrète. En tout cas, pour essayer de faire une différence.»

«Rester ouvert au monde»

Depuis sa participation, en 2014, à la série Les contemporains et aux Ateliers TD, en collaboration avec l'Arsenal et le Musée d'art contemporain (avec d'autres artistes tels que Caroline Monnet et Karine Payette), Manuel Mathieu a progressé en notoriété et en inspiration. «L'inspiration évolue, car je vis de nouvelles choses. Ce que je vis, ce que je lis, ce que j'étudie, ce que j'écoute, les rencontres que je fais, j'intègre tout ça dans mon travail. La clé, c'est de rester ouvert au monde et de s'en imprégner.»

PHOTO GUY L'HEUREUX, FOURNIE PAR L'ARTISTE

Promised Land, un dessin de 8 po par 10,5 po de Manuel Mathieu, sera exposé à la foire Papier, du 25 au 28 avril, à Montréal.