La nostalgie fouette la créativité des artistes urbains Eric Clement et Jason Wasserman. Ils exposaient dernièrement, à la galerie montréalaise Station 16, leurs oeuvres récentes que les visiteurs pouvaient se faire tatouer sur le corps. Une façon de raccorder le passé aux tendances du moment...

Cette oeuvre de l'artiste montréalais Jason Wasserman rappelle les couvertures en noir et blanc des vieux magazines. Les anciens illustrateurs l'ont grandement marqué. «L'illustration était plus sérieuse dans les années 70 et 80, dit-il. Les illustrateurs étaient des maîtres. Ils avaient eu une vraie formation et l'illustration était plus utilisée qu'aujourd'hui et plus noble.» 



«Quand je parle de la nostalgie qui m'inspire, c'est la nostalgie de mon enfance, dit Jason Wasserman. Surtout les années 70 et 80. J'ai pris des illustrations et je les ai créées sur bois, en couleurs. C'était pour moi un défi technique.» Jason Wasserman a aussi dessiné sur le mur de la galerie, car l'oeuvre murale est entrée dans sa vie artistique il y a cinq ans. 

Dans ces six cadres se trouvent de petites illustrations de Jason Wasserman que le tatoueur Jeremy Shantz pouvait récemment reproduire sur le corps des visiteurs de la galerie. «J'ai été inspiré par des illustrations de Flash et les tatouages ont aussi eu une grande influence sur moi, dit Jason Wasserman. Ça m'a permis de créer des thèmes symboliques du tatouage.» 



Le tatoueur montréalais Jeremy Shantz en pleine action. «L'idée de combiner exposition et séances de tatouage était logique, dit Jason Wasserman. Ça faisait plusieurs années que des gens me demandaient si on pouvait faire des tatouages avec mes illustrations. On pourrait développer encore plus ce genre d'association art-tatouage dans l'avenir.» 



L'artiste Kevin Ledo contemple une peinture réaliste d'Eric Clement, née de son intérêt de ressusciter de vieux emballages de produits avec humour. «J'ai commencé à faire ce genre de choses à Toronto à la suite d'une commande de la soeur d'un artiste décédé qui voulait que je mette le nom de son frère sur une bombe de peinture Krylon. Ça a bien marché et j'ai poursuivi l'expérience avec d'autres objets.»

«Quand tu regardes les étiquettes des produits des années 40 ou 50, c'est fascinant, dit Eric Clement. Un artiste était à la base du design. À l'époque, il y avait plus de recherche artistique pour ces emballages. Le lettrage était bien fait. C'était de véritables oeuvres d'art. Dans mes oeuvres, il y a de la nostalgie, mais j'essaie d'apporter quelque chose de nouveau.» 

«Dans ces peintures réalistes, j'ai essayé de faire des jeux de mots, en changeant les mots, en utilisant la langue anglaise et les expressions de slang qu'on voit sur les réseaux sociaux, dit Eric Clement. Comme dans ce cas précis où Gram est une inside joke sur Instagram.» 

Un autre exemple de peinture réaliste d'Eric Clement avec une allusion à la série Nailed It. «L'état de cet emballage de clous, avec son carton déchiré et l'étiquette de l'ancienne quincaillerie Pascal, ç'a été tout un défi, dit-il. Comme dans la série de Netflix avec leurs recettes souvent ratées! Mais je vais continuer de créer ces peintures réalistes. J'aime ça. Je visite les magasins d'antiquités. Et sur Instagram, il y a une vraie communauté autour des objets vintage.»

Photo Sylvain Granier, fournie par la galerie Sa

Jason Wasserman a dessiné sur le mur de la galerie.