Réputé en tant que chanteur, compositeur et musicien, CharlÉlie Couture est aussi un artiste visuel chevronné. La Presse l'a rencontré à Montréal alors qu'il venait exposer quelques spécimens de son expression picturale à la Galerie Griffintown.

Après 15 ans de vie à New York, CharlÉlie Couture est retourné en France l'an dernier. L'arrivée de Donald Trump au pouvoir avait créé un malaise. L'interprète de Comme un avion sans ailes (1981) est donc rentré dans son pays natal où il a encore une belle notoriété.

Mais il retourne souvent à New York où, même s'il chante de temps en temps au Club Bonafide, notamment samedi dernier, c'est plus le peintre, photographe et ex-galeriste de la 36Rue que l'on connaît.

Une fois n'est pas coutume, c'est CharlÉlie Couture le peintre et dessinateur qui est venu faire un petit tour à Montréal la semaine dernière. Il expose chez son galeriste québécois, Sylvain Fortier, qui l'a rencontré dans la Grosse Pomme il y a quelques années et qui vend ses oeuvres autant à Québec qu'à Montréal.

Né à Nancy en 1956, CharlÉlie Couture se compare à un triathlète artistique, développant en parallèle depuis sa prime jeunesse l'écriture, les arts visuels et la musique.

«Je vais sortir mon 23e album de chansons, Même pas sommeil, le 25 janvier en France. Dix jours après, je publierai un recueil de textes choisis, écrits de 1973 à 2017, qui s'appelle La mécanique du ciel, et 15 jours plus tard, j'ai une exposition au musée de Sète!»

L'apport du père

Pendant ses 15 années passées à New York, CharlÉlie Couture dit avoir plus vécu de la peinture que de la musique. Une peinture dans laquelle il baigne depuis ses jeunes années, son père ayant été professeur d'histoire de l'art.

Inspiré par David Hockney, Antoni Tàpies, Keith Haring, Pierre Soulages ou encore Robert Rauschenberg, il présente un premier solo à Montréal avec des oeuvres imprégnées de questions existentielles et de ses deux théories fétiches : celles du reflet et de l'empreinte. 

«La théorie du reflet dit que j'existe quand je me vois dans un miroir, dit-il. Celle de l'empreinte dit que je vois mes pas sur le sol quand je marche, donc que j'existe puisque je laisse une trace. Je travaille avec ces deux théories, l'être intérieur et l'être extérieur.»

Silhouettes urbaines

Ses toiles sont parsemées de silhouettes en contraste avec des personnages, comme dans L'évolution de la danse ou Marketing, deux toiles créées l'été dernier en France. Sa notion abstraite du sentiment humain se perçoit tout autant dans des oeuvres plus anciennes, peintes dans son atelier new-yorkais, comme Bud Can et Big Red Glove. Des toiles urbaines et humaines. Car si la nature c'est Dieu, la ville c'est l'homme, dit CharlÉlie Couture.

«Peindre la ville, c'est peindre des mécanismes et des logiques que l'homme a inventés pour lui-même, dit-il. Peindre des lignes sur le sol, par exemple. Quand tu regardes Big Red Glove, la toile dit de suivre sa ligne pour trouver la lumière.»

Ce vocabulaire imprègne également 14 aquarelles accrochées dans la petite salle de la galerie. Des formes humaines surgissant de paysages évanescents, des personnages assis dans des fauteuils, un homme contemplant son ombre. Des oeuvres douces, dans les bleus et les ocres. Une tonalité qui révèle une certaine mélancolie chez cet artiste volontaire. 

«Je n'attends plus rien de l'existence, dit-il. Je n'ai pas d'expectationNo expectation. Je prends les choses comme elles arrivent. Si ça marche, tant mieux. Mais je suis joyeux quand je suis dans l'action, quand je crée, quand je peins, quand une chanson naît sur ma guitare ou que je monte sur scène...»

À 62 ans, CharlÉlie Couture a encore totalement foi en la création et affirme ne pouvoir faire autrement que de poursuivre son chemin. «Parce que je suis un malade! dit-il. Il faut que ça sorte. Être artiste, c'est être hyper sensible. Ça n'a pas de rapport avec la raison. Je sais que dès que mon prochain disque va sortir, il sera téléchargé. Donc pour gagner sa vie, c'est plus compliqué aujourd'hui. Mais le disque et les peintures, ça sert à dire que je suis vivant!»

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Peintures et dessins, de CharlÉlie Couture, à la Galerie Griffintown (1894, rue Notre-Dame Ouest, Montréal), jusqu'au 29 novembre. Infos: galeriegriffintown.com

Photo fournie par la Galerie Griffintown

L'évolution de la danse, 2018, CharlÉlie Couture, peinture sur plaque alvéolaire en polypropylène, 36 po x 28 po