Dans le cadre du festival Phénomena, Caroline Hayeur et D. Kimm ont créé une exposition poétique, somptueuse, ludique et extravagante avec une vingtaine de portraits de femmes laotiennes de Montréal. Un hommage à une communauté bien intégrée au Québec et une ode à l'élégance naturelle.

La photographe Caroline Hayeur et l'artiste interdisciplinaire D. Kimm ont déjà collaboré en 2014 pour une exposition de «tableaux vivants» avec des femmes haïtiennes. Aimant rencontrer des femmes immigrées pour des projets de médiation culturelle, elles refont une expérience dans le même esprit, cette année, avec des femmes laotiennes. Une façon de faire connaître une communauté bien implantée à Montréal. 

Présentée à la maison de la culture du Plateau-Mont-Royal, l'exposition Portrait de femmes laotiennes sur paysages imaginés comprend 21 photographies dans lesquelles les femmes posent devant des paysages variés issus d'une banque d'images.

Ces femmes ont été choisies parmi les membres de la Coopérative d'habitation Santisouk et de l'Association des femmes laotiennes du Québec. Les deux artistes ont ensuite laissé ces femmes choisir les vêtements qu'elles souhaitaient porter et le décor dans lequel elles voulaient figurer.

Rencontrer l'autre

Caroline Hayeur et D. Kimm aiment ce genre de projet où l'art prend autant de place que la rencontre de l'autre. Elles expliquent que les femmes laotiennes ont participé avec bonheur à la séance de photographie dans l'atelier de D. Kimm, fondatrice de Phénomena et de la compagnie de création Les Filles électriques.

«Pour ces femmes, c'était un événement, dit-elle. Le maquillage, les enfants qui étaient présents, les maris venus voir ça. Elles avaient apporté un lunch laotien. C'était très beau et très communautaire.»

Les portraits sont très colorés grâce à la luxuriance des vêtements, souvent des costumes traditionnels laotiens, mais pas toujours, car l'idée n'était pas de rendre hommage à tout prix à leur culture d'origine.

Plusieurs de ces femmes sont arrivées au Québec dans les années 70 et 80, fuyant les soubresauts politiques du Laos (bombardement des Américains, guerre civile, puis installation d'un régime marxiste-léniniste à partir de 1975). D'autres femmes, plus jeunes, sont nées ici et souhaitent incarner une modernité imprégnée de traditions laotiennes. 

«Toutes ces femmes sont des travailleuses, dit D. Kimm. Elles ne viennent pas de la bourgeoisie. Elles ont aimé participer au projet, combiner une part de traditionnel à leur imagination propre. Notre idée était d'abord qu'elles soient belles.» 

Et c'est vrai qu'elles sont belles, ces femmes laotiennes. Toutes ont belle allure. Une allure distinguée et fière. Et une sorte d'élégance naturelle. 

Après les femmes laotiennes, Caroline Hayeur et D. Kimm aimeraient rencontrer des femmes autochtones. Tout un défi, mais elles pensent qu'il s'agit avant tout de faire preuve de doigté, comme elles l'ont fait pour leur corpus Abrazo (sur le milieu du tango à Montréal et à Buenos Aires). 

«Avec ces photos de femmes laotiennes, on veut montrer qu'on peut faire des choses poétiques sans appropriation culturelle, dit D. Kimm. En allant chercher les personnes avec humour et respect. Comme on l'a fait pour Abrazo. En s'intégrant dans le milieu, en étant en connexion avec ces femmes, tellement heureuses de participer.» 

«Moi, je n'ai jamais pensé à ça, l'appropriation culturelle, ajoute Caroline Hayeur. Faisant du documentaire, est-ce que chaque fois que je vais faire une photo, ce sera de l'appropriation culturelle? Moi, je rencontre les gens, j'échange avec eux. Je partage du bonheur. C'est ça qui est intéressant.» 

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Portrait de femmes laotiennes sur paysages imaginés, de Caroline Hayeur et de D. Kimm, à la maison de la culture du Plateau-Mont-Royal (465, avenue du Mont-Royal Est, Montréal).

Photo fournie par Caroline Hayeur et D. Kimm

Somchith et ses amies ont été invitées à poser dans des combinaisons vestimentaires de leur choix, des assortiments qui se sont toujours avérés de bon goût.