La Fondation Cartier-Bresson ouvre mardi de nouveaux espaces d'exposition agrandis dans le quartier du Marais, avec une rétrospective consacrée à l'artiste d'origine britannique Martine Franck, épouse du célèbre photojournaliste français mort en 2004.

La Fondation avait ouvert ses portes en 2003 dans le quartier de Montparnasse. Mais elle était trop à l'écart des flux touristiques, contrairement au Marais, où la densité muséale est devenue sans égale. En outre, la surface d'exposition était trop petite et les archives dispersées sur quatre sites.  

«La Fondation avait atteint ses limites à Montparnasse. Il y avait moitié moins d'espaces, et pas d'espaces pour les archives de Martine Franck», souligne à l'AFP Agnès Sire, cofondatrice et directrice artistique de la Fondation.  

Elle a préparé cette exposition avec Martine Franck, peu avant sa mort en 2012.  «Elle voulait qu'on déménage. Elle a fait une large sélection» de laquelle Agnès Sire a tiré les oeuvres montrées dans la rétrospective.

À la différence du photographe de 30 ans son aîné qu'elle a épousé en 1970 et qui capte génialement l'instant, la scène immédiate, Martine Franck saisit davantage l'ambiance, l'immobilité dans sa durée, empreintes d'une atmosphère un peu mystique: moines bouddhistes, scènes d'Extrême-Orient (où elle a voyagé avec son amie Ariane Mnouchkine), personnes âgées en situation de précarité, mais aussi moments d'intenses bonheurs vécus par des couples ou des enfants.

Henri Cartier-Bresson «ne voulait pas que la Fondation soit un mausolée pour lui-même» et il tenait à ce que d'autres photographes puissent y révéler leurs talents, observe son directeur François Hebel.  

Les premières expositions temporaires ne seront pas sur l'oeuvre de Cartier-Bresson, mais sur celles du Sud-Africain Guy Tilim et de l'Américain Wright Morris. C'est seulement dans un an que la Fondation proposera Cartier-Bresson et la Chine.

Dans cet espace conçu dans un ancien garage Renault, le linéaire d'exposition est plus que doublé, et devrait être triplé d'ici un ou plusieurs années, si le projet d'aménager une cave voûtée est mené à bien.  

Des espaces y sont prévus pour les chercheurs et pour la conservation à différentes températures des clichés originaux, notamment pour les protéger contre les acides.  

Dans les statuts très stricts de la Fondation, «il y a des directives sur ce qu'on peut faire et ne pas faire. Ainsi on ne peut faire de nouveaux tirages. C'est l'interprétation voulue par l'auteur qui fait l'oeuvre», a rappelé Mme Sire.

L'exposition sera présentée jusqu'au 10 février avant de partir au Musée de l'Élysée de Lausanne (qui l'a coproduit) et au FOMU (FotoMuseum) d'Anvers.