Cinquante ans après l'assassinat de Martin Luther King, une exposition inédite de photographies présentée en France, avant les États-Unis et l'Afrique du sud, retrace la lutte pour les droits des Noirs américains aux États-Unis dans les années 1960 et 1970.

À travers 300 clichés, souvent inédits, d'amateurs, de photojournalistes régionaux ou de célèbres photographes, le directeur artistique Gilles Mora et le commissaire d'exposition William Ferris, professeur d'anthropologie, spécialiste de la culture sudiste, mettent l'accent sur les conditions de vie des Noirs américains, marquées alors par la pauvreté et la ségrégation, et sur leurs luttes pour l'égalité malgré les insultes, les menaces, les lynchages, les assassinats.  

Le titre de l'exposition présentée à Montpellier, I am a Man, évoque les pancartes avec lesquelles manifestaient des travailleurs noirs d'une société de ramassage de poubelles après la mort de deux de leurs collègues écrasés par une benne à ordure en février 1968 à Memphis.

Les photographies rappellent d'autres tournants du mouvement pour les droits civiques: la marche des pauvres vers Washington (1963), les funérailles de Martin Luther King (1968) ou encore l'entrée, escorté par l'armée, en 1962 de James Meredith à l'Université du Mississippi, où il est le premier étudiant noir après un long combat juridique et des émeutes qui ont fait deux morts, dont un journaliste de l'AFP, et des centaines de blessés.

Si les photos exposées ont été prises il y a parfois plus de 50 ans, «aujourd'hui le problème du racisme entre les Blancs et les Noirs est plus grand à travers le monde», a déploré James Meredith lors de la présentation de l'exposition, sans pour autant, à 85 ans, baisser les bras dans son combat pour l'égalité.

Gilles Mora explique avoir voulu «montrer ce qu'a été cette lutte extrêmement violente» alors que les États-Unis sont actuellement en «plein retour en arrière».   

Pour William Ferris, «malheureusement, la plupart des questions qui étaient évoquées il y a 50 ans sont toujours d'actualité aux États-Unis et à travers le monde». «Le racisme et la violence contre les Noirs restent des thèmes centraux des mouvements Black lives matter et #metoo», relève l'ancien conseiller culturel du président démocrate Bill Clinton.

«Les Français ont toujours devancé l'Amérique dans la reconnaissance des écrivains tels que William Faulkner, de notre jazz et particulièrement des artistes noirs», a réagi William Ferris interrogé sur le fait que I am a Man soit montée à Montpellier avant de rejoindre en avril le National Museum of African American History and Culture (NMAAHC) de Washington puis en septembre le Museum Africa de Johannesburg.