Pour l'artiste visuelle parisienne et «performeuse» Sarah Trouche, chaque projet doit comporter des rencontres riches avec une portée sociale. Elle a collaboré récemment avec la chorégraphe et danseuse Wynn Holmes - amie et collaboratrice de Coeur de pirate - pour la performance féministe Vertical Strike, présentée à Paris au printemps dernier. Portrait de Sarah Trouche en photos, en voyages et en oeuvres.

Sarah Trouche au Québec

Sarah Trouche le dit d'emblée: elle adorerait venir au Québec pour un projet artistique. «Je me dis qu'en travaillant avec autant de Canadiens, je vais finir par venir à Montréal», lance-t-elle. Pour l'un de ses récents projets, Vertical Strike, Sarah Trouche a fait appel à la chorégraphe Wynn Holmes, au designer Rad Hourani et à la musicienne Goldilox.

Pique-nique au quiproquo heureux

La rencontre avec Wynn Holmes est le fruit du hasard. Tout a commencé par un pique-nique au fameux parc parisien des Buttes-Chaumont. «J'y ai en fait rencontré son mari Nico [le danseur québécois Nicolas Archambault]. Il m'a dit qu'il aimerait qu'on se revoie et je lui ai dit que j'étais en couple. Il m'a dit qu'il était marié et on a beaucoup rigolé du malentendu. Nico m'a dit que je devais absolument rencontrer Wynn.»

Le projet Vertical Strike

Sarah Trouche travaillait déjà sur le projet Vertical Strike, qui met en scène des danseuses professionnelles et des danseuses de pole dancing. Le tout dans une revisite de l'histoire de l'art d'un point de vue féministe, ou plutôt «womaniste». «Je me suis intéressée à la communauté des stripeuses qui travaillent dans des gentlemen clubs. Je voulais savoir quelle est leur vie, si elles se sentent féministes à partir de la pensée d'Amelia Jones.»

L'aide de Wynn Holmes

Pour en faire une performance de danse, Sarah Trouche a demandé à Wynn Holmes de signer une chorégraphie où chaque mouvement a un sens. «Nous avons aussi eu un texte magnifique d'Émilie Notéris où elle cite les noms de femmes qui ont changé le cours de l'histoire de l'art [...]. Et j'ai demandé des costumes à Rad Hourani. Pas pour ses fringues, mais pour son propos sur les genres. Je voulais qu'il parte de cette phrase: "Une womaniste est aussi féministe que le violet est lavande."»

Libération

Autant les danseuses professionnelles que celles de clubs se sont senties libérées dans la performance. Libérées à la fois du culte du corps et de la maîtrise chorégraphique. «Au final, c'était donc un workshop... Si je fais le projet à Montréal, je le ferais avec des danseuses de Montréal», indique Sarah Trouche. Quant au deuxième acte à venir de Vertical Strike, il dénoncera l'image réductrice des femmes dans les oeuvres des collections des beaux-arts. «Wynn a accepté de me suivre», se réjouit-elle.

Photo fournie par l’artiste

Sarah Trouche s'est souvent mise en scène avec son corps nu peint de couleur vive.

Voyage et rencontres

Sarah Trouche voyage beaucoup. La quête d'autrui fait partie de son art. Sa prochaine destination: le Bénin. «Je travaille autour de la figure féminine du masque Gèlèdé. Une fois par année, les hommes se travestissent pour rendre hommage aux femmes qui donnent la vie, explique-t-elle. Encore une fois, je n'ai pas de projet défini. Tout va dépendre des rencontres.» Sarah Trouche aime donner la parole à des gens méconnus ou marginalisés. «J'en reviens toujours à la phrase de Paul Klee: L'art rend visible.»

Vive la couleur

Dans ses projets et ses oeuvres qui l'ont menée partout dans le monde (Sahara, Japon, Macédoine, Corée du Sud, Israël, Maroc), Sarah Trouche s'est souvent mise en scène avec son corps nu peint de couleur vive. La performance a toujours fait partie de son travail artistique engagé. «Travailler la couleur pour la couleur?» Non, merci.

Sauté nue

Sarah Trouche a grandi dans le Médoc, où elle s'est liée d'amitié avec le peintre Marcel Visonneau, de l'école de Pont-Aven. «Avant sa mort, il m'a fait promettre de m'inscrire au concours des Beaux-Arts de Paris.» Qu'a-t-elle fait pour y être acceptée? Entre deux bateaux-mouches, Sarah Trouche a sauté nue du pont Notre-Dame, à Paris, pour attirer l'attention sur les sans-abri qui vivent sous le pont. Elle n'avait alors que 18 ans.

Photo fournie par l’artiste

Sarah Trouche adorerait venir au Québec pour un projet artistique.