Un juge mexicain a interdit au groupe américain Mattel de commercialiser au Mexique une poupée Barbie à l'effigie de la peintre Frida Kahlo (1907-1954), donnant ainsi raison à la famille de l'artiste, a annoncé jeudi l'avocat de cette dernière.

Cette décision s'applique immédiatement, mais Mattel peut faire appel, a indiqué l'avocat, Me Pablo Sangri.

La famille de Frida Kahlo espère désormais pouvoir engager une procédure juridique aux États-Unis afin d'obtenir que la poupée soit également interdite dans ce pays, a-t-il précisé.

Le juge a ordonné à Mattel et ses distributeurs qu'ils «s'abstiennent de tout acte tendant à utiliser la marque, l'image ou l'oeuvre de Frida Kahlo».

Contactés par l'AFP, les représentants de Mattel au Mexique n'étaient pas joignables jeudi soir.

En mars, le fabricant américain de jouets avait dévoilé une série de poupées à l'effigie de personnalités, baptisée «Inspiring Women» (femmes inspirantes), parmi lesquelles figure Frida Kahlo.

L'épouse du grand muraliste mexicain Diego Rivera  -et un temps la maîtresse du révolutionnaire russe exilé Léon Trotsky--, Frida Kahlo est considérée comme l'une des plus grandes peintres du XXe siècle pour ses émouvants autoportraits, dans lesquels elle exprimait à la fois sa douleur physique et son isolement.

Mais la famille de l'artiste mexicaine a contesté à la société californienne le droit de commercialiser cette poupée.

«Je suis ravie, car je crois que justice a été rendue: c'est nous la famille Kahlo qui détenons les droits pour toutes ces choses», a dit à l'AFP Mara Romeo, la petite-nièce de l'artiste.

De son côté Mattel estime être détenteur des droits, car le fabricant de jouets dit avoir «travaillé en étroite collaboration avec Frida Kahlo Corporation», basée à Miami, et «qui détient tous les droits liés au nom et à l'identité de Frida Kahlo».

Cette société basée en Floride a bien été fondée par la famille de l'artiste, reconnaît l'avocat de Mme Romeo, mais en association avec la société Casablanca Distributors, qui selon lui n'a pas respecté le contrat en omettant d'informer les proches de l'usage fait de l'image de l'artiste.

Le visage de Frida Kahlo - et son fameux monosourcil - a été décliné à travers des dizaines d'objets au cours des dernières années: chaussures, carnets, sacs, parfum ou tequila.