Le Musée des beaux-arts du Canada (MBAC) rejette l'idée d'un partenariat de musées dans le but d'acquérir un tableau du peintre français Jacques-Louis David que met en vente la Fabrique de la paroisse Notre-Dame-de-Québec. Dans une entrevue avec La Presse ce mardi, le directeur du MBAM, Marc Mayer, dit avoir confiance que la toile sera bientôt à Ottawa.

Même s'il a l'impression que, dans ce dossier, « la grange est en feu», le directeur du Musée des beaux-arts du Canada (MBAC), Marc Mayer, a confiance de pouvoir bientôt accrocher sur les cimaises du musée national, à Ottawa, le Saint-Jérôme entendant la trompette du Jugement dernier, peint en 1779 par Jacques-Louis David. Si tout se passe comme il le souhaite, le MBAC deviendra seul propriétaire de l'oeuvre en juin, après avoir vendu sa peinture La tour Eiffel, de Marc Chagall, chez Christie's, à New York, le 15 mai.

Marc Mayer dit être prêt à verser les 6,3 millions (5 millions US) demandés par la Fabrique pour acquérir le tableau. « On est prêts à fournir aux Canadiens et aux Québécois un filet de sauvetage pour protéger ce joyau, dit-il. On n'en trouvera plus de tableau de Jacques-Louis David comme ça. Il n'y en a plus sur le marché. Ils sont dans les musées. C'est notre seule chance d'avoir un David qui a de la gueule. On n'est pas pour gaspiller ça.»

Le directeur ajoute que la Fabrique est prête à le vendre au MBAC. « Mgr Denis Bélanger (curé de la paroisse Notre-Dame-de-Québec) a été extrêmement patient depuis juillet 2016 quand il a proposé de vendre ce tableau à notre musée, au Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) et au Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ), tout en donnant, par courtoisie un premier droit de refus au Musée de la civilisation de Québec (MCQ) qui s'occupe d'entreposer ce tableau depuis toujours sans jamais l'avoir exposé.»

Quelle sera la réaction du MBAC si le Musée de la civilisation de Québec réussit à amasser la somme nécessaire pour acheter le tableau, notamment avec le MBAM ? « Jusqu'à ce jour, ils ne l'ont pas fait, répond Marc Mayer. Monsieur (Stéphan) La Roche (directeur du MCQ) n'a pas été transparent avec son budget d'acquisition alors on ne sait pas combien il pourrait mettre. Nous, on pense qu'on devrait être protégé de façon définitive. Mais on ne veut pas entrer en compétition. S'ils y parviennent, je dirai 'bravo, c'était le temps que vous vous réveilliez !'»

Marc Mayer serait toutefois surpris que le MCQ achète un tableau dont il n'a pas la vocation, dit-il, de présenter, n'ayant pas une collection d'art français telle que celle du MBAC. Il ajoute que c'est aussi la raison pour laquelle le MNBAQ s'est abstenu dans ce dossier puisqu'il est surtout spécialisé en art du Québec.

Qu'en est-il d'une collaboration du MBAC avec les autres musées pour acheter l'oeuvre de Québec ? «À ce jour, je n'ai pas eu d'appel du directeur du MCQ, Stéphan La Roche, ni de Mme (Nathalie) Bondil (directrice du MBAM)», dit Marc Mayer qui rejette du revers de la main la proposition d'acheter la toile à plusieurs. Il estime que ce n'est pas une solution réaliste.

« On ne fait pas ça pour de vieux tableaux, dit-il. C'est rarissime. On ne trimbale pas un vieux tableau comme un enfant dans un couple divorcé. On le fait avec de la vidéo, mais pas avec un tableau précieux.»