Source, la sculpture monumentale de l'artiste catalan Jaume Plensa, est inaugurée aujourd'hui à Montréal. L'oeuvre se veut un signe de renouveau pour la ville et un message d'espoir pour le monde, aux yeux de l'artiste natif de Barcelone.

Il n'y a même pas trois semaines que la terreur mondialisée a frappé à Barcelone. Une centaine de blessés, 14 morts dans une nouvelle démonstration de «violence absurde», décrit le sculpteur barcelonais de renommée mondiale Jaume Plensa.

«Chaque message d'unité et de paix qu'on essaie d'envoyer semble être nié par ceux qui commettent des actes absurdes, mais je crois que j'envoie le bon message malgré tout. Je crois qu'il faut continuer à ouvrir les bras, à essayer de comprendre et d'agir pour le bien commun.»

En fait, Jaume Plensa estime que, devant la recrudescence de violence ou d'intolérance, il faut parler encore plus de paix et d'amour.

«Au minimum, l'art nous illumine, nous donne des outils pour comprendre la réalité de façon plus ouverte et intéressante. Ce n'est peut-être pas LA solution, mais c'est une lumière qui nous permet de trouver une solution. On ne le fera pas dans l'obscurité.»

«Diriger le regard»

D'un blanc immaculé, la pièce qu'il a conçue pour le 375e anniversaire de Montréal lance un regard vers la ville à la sortie de l'autoroute Bonaventure.

«Je valorise beaucoup le dos d'une sculpture. Ce qui m'intéresse, c'est ce que regarde la sculpture. Elle ne tourne pas le dos aux arrivants, mais possède ce pouvoir de diriger le regard vers un point de vue, Montréal et sa montagne.» 

Ayant un fils qui a vécu ici, Jaume Plensa dit aimer Montréal depuis longtemps. Il est heureux que Source se trouve à proximité de figures emblématiques comme une église et l'enseigne au néon de la farine Five Roses.

Sa sculpture se compose de huit alphabets qui, plus qu'une référence intellectuelle, sont comme «une partition de ce que le corps dit quand il parle. La variété de lettres et de symboles représente la complexité de l'humanité et de Montréal».

La forme accroupie de cette monumentale figure humaine est aussi caractéristique du travail de Jaume Plensa un peu partout dans le monde.

«On peut circuler dans la sculpture comme dans un grand arbre avec ses racines. La sculpture peut être vue comme un abri. Elle semble vouloir nous embrasser, comme le ferait une mère. J'utilise beaucoup cette forme accroupie parce qu'elle ressemble à celle du foetus dans le ventre. Ça m'intéresse de placer cette position très "intime" dans l'espace public, comme une contradiction.»

Transformer les villes

Jaume Plensa sera la semaine prochaine à Chicago pour une importante exposition de son travail. Ensuite à Bangkok et San Diego. Et malgré Barcelone, Paris, Londres, ici comme ailleurs, il continuera de parler d'humanisme et d'espoir.

«La relation avec la communauté est très importante pour une sculpture dans l'espace public. Ça crée une dynamique, un point de référence, un lieu de rencontre. Le projet Bonaventure à Montréal transforme la ville. C'est merveilleux pour Montréal.»

Le mécénat en marche

La présidente de la Société des célébrations du 375e anniversaire de Montréal, France Chrétien Desmarais, dit souhaiter que son implication financière, avec celle d'André Desmarais, qui permet la venue d'une sculpture de Jaume Plensa à Montréal, encourage d'autres citoyens nantis à participer à l'embellissement de la ville. «Quand j'ai pris la présidence du 375e anniversaire, l'art public était à l'agenda. On a restructuré le comité et, avec le Bureau d'art public de la Ville, on a regardé les entrées de ville. Je me demandais comment on pouvait offrir des oeuvres à Montréal un peu partout. C'était en mettant le côté philanthropique en marche.» L'idée d'une sculpture de Jaume Plensa lui est venue puisqu'elle avait vu ses oeuvres en collection privée et dans des expositions ailleurs dans le monde. Le choix de Bonaventure et de son parc désormais à l'entrée de la ville s'est imposé puisqu'il s'agissait des premiers grands travaux à être terminés. «On espère qu'il y aura d'autres oeuvres financées par des mécènes. Les gens commencent à s'intéresser à la beauté de leur ville. Tous ces travaux auront servi à quelque chose, mettre du beau à Montréal. On a une superbe métropole. L'avenir ira en s'améliorant.»