Conçue par le Musée de l'Élysée de Lausanne, en Suisse, l'exposition Philippe Halsman - Étonnez-moi! est présentée au Musée national des beaux-arts du Québec jusqu'au 4 septembre. Une rétrospective qui explore la carrière du photographe américain Philippe Halsman, artiste innovateur qui a immortalisé les plus grandes stars du XXe siècle.

Le Musée de l'Élysée a mis la main sur des archives de la famille Halsman pour concocter une exposition fort intéressante qui fait le tour de la carrière fructueuse du photographe américain d'origine lettone, depuis ses débuts en France dans les années 30 jusqu'à l'époque faste de son studio new-yorkais de 1940 à 1970.

Philippe Halsman (1906-1979) est né à Riga d'un père dentiste et d'une mère enseignante. Sa passion pour la photo débuta à 15 ans, mais c'est toutefois en génie électrique qu'il entama ses études supérieures en Allemagne. À 22 ans, la vie lui joua un mauvais tour qui faillit détruire ses rêves de jeunesse. Il fut en effet mis en prison après avoir été reconnu coupable de la mort de son père, décédé lors d'une randonnée alpine, en Autriche. Une affaire qui eut un retentissement majeur. Sigmund Freud, Albert Einstein et Thomas Mann se portèrent à la défense de Philippe Halsman, qui semble alors avoir été victime de sa judéité dans un pays où l'antisémitisme faisait déjà fureur.

La vie parisienne

C'est à la suite de la grâce qui lui est accordée en 1930 par le président autrichien qu'Halsman se rend à Paris pour entamer une carrière de photographe, carrière qui profita alors de l'essor des magazines et de la publicité.

Ses premières photos sont des vues de Paris et des portraits d'actrices et de chanteuses. Il expose pour la première fois en 1936, à la galerie de la Pléiade. Un événement pour lui et pour la photographie qui acquiert ses lettres de noblesse en entrant dans les galeries d'art.

La photographie, «un document qui, par sa vérité et sa beauté graphique ou spirituelle, devient une oeuvre d'art», lit-on sur le carton d'invitation de l'exposition d'Halsman à la galerie de la Pléiade.

Aux côtés de portraits d'André Gide et de Chagall, Philippe Halsman accroche une photo d'André Malraux, devenue célèbre: on y voit le futur militant gaulliste poser sa main contre sa joue tandis que son auriculaire élancé épouse le dessous de ses lèvres.

De Marilyn Monroe à Albert Einstein

La Seconde Guerre mondiale force Halsman à partir avec sa famille en Amérique en 1940. Ses portraits intimistes et naturels y connaissent rapidement du succès. Il enchaîne les contrats pour les magazines: il photographie notamment Rita Hayworth, Winston Churchill, Audrey Hepburn et Albert Einstein, une photo de 1966 qui deviendra un timbre trois ans plus tard.

Une salle de l'exposition est consacrée à Marilyn Monroe, qu'il a photographiée de 1949 à 1959. Grâce à elle, il obtient sa première une du magazine Life en avril 1952. Deux ans plus tard, il la photographie en train de sauter en l'air, mais elle n'apprécie pas l'expérience. Il devra attendre 1959 pour qu'elle veuille bien se prêter à sa technique de la «jumpologie», qui consistait à faire sauter en l'air ses sujets pour obtenir des images plus spontanées! Marilyn a sauté en l'air plus de 200 fois ce jour-là! La photo fit la une de Life...

La série de photographies de Marilyn Monroe vaut à elle seule la visite de l'expo. Les amateurs de Marilyn en sortiront pâmés. Les photos révèlent la beauté, l'air aguicheur, la sensualité et ce charme sans pareil de l'actrice américaine qui accepta même de soulever des haltères pour Philippe Halsman.

Parmi les autres vedettes du XXe siècle passées devant sa lentille, citons la danseuse Martha Graham, le politicien Richard Nixon et le poète Jean Cocteau, ou encore l'actrice suédoise Ingrid Bergman et le réalisateur Alfred Hitchcock avec un corbeau sur son cigare à l'occasion de la sortie du film The Birds.

Collaboration avec DalÍ

La dernière salle évoque la collaboration, pendant près de 40 ans, d'Halsman avec Salvador Dalí: 550 photos furent prises lors d'une cinquantaine de séances avec l'artiste catalan, dans des mises en scène souvent burlesques. La tête de Dalí posée sur une table. Dalí défiant un rhinocéros ou encore Dalí peignant tandis que, près de lui, des chats, une chaise et le contenu d'un seau d'eau semblent en suspension dans les airs! 

Cette photo surréaliste rend compte de la fascination qu'avait Halsman pour l'univers de Salvador Dalí. Elle illustre aussi le caractère original de Philippe Halsman avec ce goût prononcé qu'il avait pour les mises en scène fantaisistes et pour l'exploration de nouvelles approches de la photographie. Dans un but toujours renouvelé: nous en mettre plein la vue!

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Au Musée national des beaux-arts du Québec (parc des Champs-de-Bataille, Québec), jusqu'au 4 septembre.

Photo Philippe Halsman, fournie par le Musée national des beaux-arts du Québec

Alfred Hitchcock pour la promotion du film The Birds, 1962, Philippe Halsman. © 2016 Archives Philippe Halsman/Magnum Photos