Avec 176 portraits faits de 1,2 million de Lego, l'artiste chinois Ai Weiwei dénonce une fois de plus la répression dont sont victimes les dissidents politiques à travers le monde. Cette fois, il s'est installé à deux pas de la Maison-Blanche.

Son exposition, Trace, a ouvert mercredi au musée d'art moderne et contemporain de Washington, le Hirshhorn, après avoir été présentée en 2014 à la prison d'Alcatraz, au large de San Francisco, sur l'autre côte américaine.

L'artiste, devenu l'un des symboles mondiaux de la dissidence, ne connaît pas toutes les personnes dont il a dressé le portrait, cette fois grâce à un assemblage de Lego à même le sol.

Ai Weiwei, qui avait été assigné à résidence sans chef d'accusation pendant trois mois en 2011, a expliqué lors d'une présentation à la presse mardi qu'il «voulait faire quelque chose en lien avec les prisonniers qui ont perdu leur liberté en raison de leurs croyances, parce qu'ils avaient des idées ou des opinions différentes».

«J'ai cette compréhension de la raison pour laquelle certaines sociétés n'aiment pas l'art, ou détestent les personnes qui font preuve de cette liberté de pensée ou d'expression», a ajouté Ai Weiwei. «Mais pour moi, ceci est la plus importante composante de l'art».

Parmi les «prisonniers de conscience» - tels qu'il les qualifie - assemblés en Lego, figurent plusieurs célébrités comme Chelsea Manning et Edward Snowden, à l'origine de certaines des plus importantes fuites de documents classifiés aux États-Unis, ou encore Nelson Mandela et Martin Luther King.

Mais pour la majorité, ce sont des dissidents chinois, asiatiques ou du Moyen-Orient bien moins connus.

«Aujourd'hui», affirme à l'AFP la directrice du Hirshhorn, Melissa Chiu, en parlant d'Ai Weiwei, «vous pouvez voir son art, sa vie et son militantisme politique comme un seul et même projet conceptuel».