Il était un géant. C'est donc un hommage colossal auquel aura droit Leonard Cohen, du 9 novembre au 9 avril prochain, au Musée d'art contemporain de Montréal. Une quarantaine d'artistes internationaux collaboreront à cette commémoration intitulée Leonard Cohen - Une brèche en toute chose.

Il s'agira de la première expo entièrement consacrée à l'univers, mais aussi à l'héritage de l'artiste montréalais devenu icône planétaire. Inscrite dans la programmation des 375 ans de Montréal, Leonard Cohen - Une brèche en toute chose est en préparation depuis deux ans. 

«Avec la permission de Leonard Cohen, a dit, hier, le directeur général du MAC, John Zeppetelli, lors d'une conférence de presse. Il était très enthousiaste pour notre exposition, mais ne voulait pas participer à sa propre glorification. Il a néanmoins donné accès à ses archives et à son oeuvre.» 

L'exploration de la production artistique de Leonard Cohen a été confiée à une quarantaine d'artistes et de groupes internationaux.

En avant-première, elle débutera le soir du 7 novembre, un an pile après sa mort à Los Angeles, par la projection silencieuse sur le Silo no 5, dans le Vieux-Port, d'extraits de ses poèmes et chansons. Une oeuvre de l'Américaine Jenny Holzer.

Au musée, l'exposition comprendra des oeuvres vidéo inédites. La cinéaste montréalaise Kara Blake présentera Les offrandes, montrant Cohen dans des entrevues alors qu'il parle de sa manière de travailler, de sa «difficulté» à composer des poèmes. «L'écriture est une forme mineure d'invisibilité», disait-il.

Grâce au cinéaste montréalais George Fok, on retrouvera Cohen dans ses spectacles, avec la relation bien spéciale qu'il entretenait avec son public et sa voix si particulière, que décrit ici John Zeppetelli.

Une salle diffusera des interprétations de chansons de Leonard Cohen dans une ambiance enveloppante, promet-on. Parmi les interprètes, Ariane Moffatt accompagnée de l'Orchestre symphonique de Montréal, Jean Leloup, la chanteuse française Lou Doillon, les Américains Moby et Julia Holter, le Montréalais Chilly Gonzales et le Britannique Jarvis Cocker avec le Kaiser Quartett d'Allemagne, le Londonien Douglas Dare, la Belge Mélanie De Biasio, la Norvégienne Aurora, l'Ontarienne Basia Bulat, le groupe montréalais Dear Criminals, le DJ québécois Socalled, la Montréalaise Little Scream et le groupe américain The National qui faisait partie d'une création de Ragnar Kjartansson, l'an dernier au MAC.

L'installation The Poetry Machine, des Canadiens Janet Cardiff et George Bures Miller, permettra aux visiteurs de déclencher la voix de Cohen récitant un poème. La Sud-Africaine Candice Breitz lui rendra hommage avec 18 de ses admirateurs montréalais, choisis parmi 210 prétendants de plus de 65 ans! Les heureux élus ont été filmés en train d'interpréter I'm Your Man. Une oeuvre qualifiée d'anthologie de l'enthousiasme par John Zeppetelli.

De son côté, Kota Ezawa, d'Allemagne, a créé un film, Cohen 21, qui évoque le passage (en tant que simple visiteur!) que fit le poète à un hôpital psychiatrique de Verdun alors qu'il avait 30 ans. 

Les photographes montréalais Carlos et Jason Sanchez exploreront, avec une installation filmique, la jeunesse de Cohen quand il perdit son père et trouva du réconfort auprès de son chien Tinkie. L'Américaine Taryn Simon proposera une oeuvre qui utilise la une du New York Times du 11 novembre 2016 sur laquelle on parle de la disparition de Leonard Cohen et de la première rencontre officielle entre les présidents Obama et Trump. «Deux images sur le début et la fin d'une époque», dit John Zeppetelli.

La danseuse contemporaine Clara Furey offrira 90 représentations au MAC d'une performance sur l'expression poétique de Cohen. Le réalisateur israélien Ari Folman (Waltz With Bashir) créera une Depression Box dans laquelle pénétreront les visiteurs pour s'imprégner de l'espace émotionnel de Cohen. Et avec l'Américain Zach Richter, ils vivront une expérience de réalité virtuelle avec Hallelujah

L'artiste allemand Thomas Demand présentera une oeuvre animée reliée à la chanson Everybody Knows. Le Montréalais Jon Rafman abordera l'influence artistique de Cohen. Parmi les autres artistes, citons le pianiste français Christophe Chassol et le duo montréalais de Mouna Andraos et Melissa Mongiat avec une nouvelle création intitulée I Heard There Was A Secret Chord et reliée, elle aussi, à Hallelujah

«Ce grand Montréalais a touché et ému la planète entière avec ses poèmes et ses chansons, a dit, hier, France Desmarais, présidente de la Société des célébrations du 375e anniversaire de Montréal. La métropole était inscrite dans son ADN et l'affection qu'il avait pour elle était inéquivoque. Il a trouvé une maison au MAC. Alléluia!»

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Leonard Cohen - Une brèche en toute chose, au Musée d'art contemporain de Montréal, du 9 novembre 2017 au 9 avril 2018.