Pour marquer les 150 ans du Canada, la Ville de Pointe-Claire a invité la commissaire Kasia Basta à concevoir une exposition au Centre culturel Stewart Hall. Intitulée Géopoétique, elle est scindée en deux volets: une expo intérieure et un déploiement de sculptures dans le parc - au total, les oeuvres de 25 artistes venant de toutes les provinces et tous les territoires du pays.

Géopoétique offre tout l'été une bonne occasion aux Montréalais de venir s'aérer l'esprit au bord du lac Saint-Louis. En plus de profiter des bancs du parc Stewart qui invitent à admirer le paysage, le visiteur peut apprécier, jusqu'en octobre, une douzaine de sculptures et d'installations disséminées dans le parc, à l'instar de ce qu'avait fait ces dernières années Beaconsfield, avec les expositions d'art shona au parc Centennial Hall/Memorial. 

Plusieurs de ces oeuvres ont été créées avec la participation de citoyens de tous âges, par exemple Les dix travaux publics, sculpture à caractère signalétique et social de Giorgia Volpe. Les célèbres cônes orange de Montréal ont été juxtaposés pour créer dix flèches verticales décorées avec un travail au pochoir. Une oeuvre un peu surprenante à première vue, mais qui finalement s'intègre bien dans la nature environnante. 

Nous avons bien aimé aussi l'installation in situ de Jessica Vellenga et Nicole Bauberger, Doily Webs, un travail de dentelle directement greffé à des branches de conifères. Là aussi, le public a participé en confectionnant au crochet des napperons qui, reliés les uns aux autres, évoquent des toiles d'araignées, mais aussi le réseau social canadien dont la solidité dépend de son harmonie constitutive. 

Les ombres claires d'André Dubois

Pointe-Claire a souhaité marquer en grand le 150anniversaire du Canada en dotant le parc Stewart d'une nouvelle oeuvre d'art permanente. C'est l'artiste de Saint-Lambert André Dubois qui a remporté la palme. Il a créé une sculpture qui a été inaugurée dimanche dernier devant le centre culturel.

Les ombres claires est un ensemble de cinq éléments totémiques fractionnés en aluminium plié dans lequel André Dubois a découpé des formes rappelant des caractéristiques de Pointe-Claire: la rosace d'une église, le maskinongé qui pullule dans le lac, ou encore le chemin de fer et les ailes du moulin local. 

«La sculpture pointe vers le ciel et crée des jeux d'ombrages différents selon la journée et les saisons», a expliqué l'artiste réputé pour son travail sur la lumière et les ombres. 

Identité et territoires

Au troisième étage du centre culturel se poursuit ce déploiement d'arts visuels avec des oeuvres qui rendent compte de la grande diversité de l'art contemporain canadien. Avec par exemple quelques photos de Jacynthe Carrier, tirées de son corpus brise glace soleil blanc présenté l'automne dernier à la galerie antoine ertaskiran. Des images qui collent de façon idéale aux notions de territoires et d'identité. 

France Trépanier a déployé son installation Vaisseaux constituée d'une vidéo et de bols d'argile chargés de recueillir les objets que voudront bien laisser les visiteurs. Une oeuvre sur le don et la circulation des idées et des énergies.

Photo Catherine Lefebvre, collaboration spéciale

André Dubois, artiste de Saint-Lambert, au milieu de ses flèches totémiques en aluminium intitulées Les ombres claires

À côté, Milutin Gubash a suspendu quelques-unes de ses lampes qu'il fabrique avec des objets recyclés: vieux saladier en plastique, ustensiles de cuisine, objets du quotidien, etc. Une réflexion sur la réutilisation, habitude solidement ancrée dans de nombreux pays, notamment celui où il est né, la Serbie. «Pour parler aussi d'une réalité économique et sociale», ajoute-t-il. 

Julie Picard a accroché une série de cadres contenant des découpages de cartes météo imprimés sur papier de riz évoquant les changements climatiques. Aquil Virani et Rebecca Jones exposent leur Canada's Self Portrait, 18 panneaux de bois sur lesquels ils ont reproduit à l'encre des dessins que des Canadiens leur ont confiés. Une oeuvre toute en finesse qui a nécessité quelque 200 heures de dessin. 

Les enfants

Enfin, Géopoétique comprend un volet jeunesse avec une murale de dessins créés par des élèves du primaire qui se sont inspirés des oeuvres d'artistes ayant été en résidence au centre culturel, ainsi que de la faune et de la flore du Canada. 

Cette activité estivale comprend aussi des contes pour enfants, des concerts dans le parc chaque mercredi soir, des rencontres d'artistes les jeudis soir, des visites guidées le dimanche et des ateliers d'art en tout temps. 

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Au Centre culturel Stewart Hall (176, chemin du Bord-du-Lac, Pointe-Claire), jusqu'au 15 octobre.

Photo Catherine Lefebvre, collaboration spéciale

Milutin Gubash devant une de ses lampes faites d'objets recyclés