À la suite de l'acquisition en 2015 de la collection Allan Slaight, le musée McCord présente l'exposition Illusions - L'art de la magie. Nommée en hommage à cet homme d'affaires canadien passionné de magie, elle est la plus vaste jamais présentée au Canada. Une centaine d'oeuvres, dont des affiches, des documents et des livres rares, pourront être admirées par le public dès le 26 mai.

«Notre exposition sur la magie est d'une ampleur jamais égalée au Canada, voire en Amérique du Nord», indique d'emblée Catherine Guex, qui s'occupe des relations publiques au musée McCord.

Lorsque l'on pénètre dans la première pièce, le frisson s'empare de nous. L'ambiance sombre nous plonge rapidement dans l'âge d'or de la magie. Les images publicitaires présentées, des plus artistiques aux plus troublantes, nous font passer d'un thème à l'autre. Les scénographes se sont amusés à réunir les plus marquantes d'entre elles, dont certaines font plus de 10 pi (2,75 m) de haut et pèsent dans les 300 lb (136 kg) une fois encadrées.

L'expérience de la magie

Le visiteur est amené à se promener de salle en salle pour découvrir les différentes thématiques de l'art. Plusieurs éléments traditionnels de la magie s'y trouvent: pour entrer dans l'une des pièces, il faut traverser un château de cartes. Le visiteur est ensuite désorienté par un assemblage de miroirs. Puis, on lève les yeux et des pics nous guettent du plafond non trop haut. Les murs sont placardés de façon à rappeler une boîte vissée solidement dans laquelle les assistantes étaient coupées en deux par une scie.

Chacune des pièces est organisée selon un tour de magie: la disparition, la décapitation, la lévitation, l'évasion et le mentalisme. L'orientalisme, le spiritualisme et la transmission du savoir sont des thèmes récurrents sur l'ensemble de ces affiches chromolithographiques.

Au centre de l'exposition, la pièce de prédilection. Celle de la légende de la magie: Houdini. Parmi les artéfacts de la collection Allan Slaight se trouvent les fameuses menottes avec lesquelles le magicien exécutait ses numéros. Sont-elles truquées ? À vous de le découvrir.

Montréal comme plaque tournante

Nombreux sont les magiciens qui sont passés par Montréal : Alexander et Adelaide Herrmann, Harry Kellar, Samri Baldwin. Houdini n'y fait pas exception, lui qui s'est exécuté à l'Orpheum de la rue Sainte-Catherine, aujourd'hui démoli, et au Théâtre Impérial de la rue De Bleury, toujours en activité. Montréal était un passage obligé pour les magiciens les plus prolifiques.

L'univers de la magie présente des têtes d'affiche généralement masculines. Encore aujourd'hui, peu de femmes exercent dans le milieu autrement qu'en servant d'assistantes aux magiciens. Ces femmes sont montrées décapitées, coupées en deux, contorsionnées ou en train de disparaître.

Les Indiens ne sont pas épargnés. Celui que l'on surnommait le «Mahatma blanc», le magicien Samri Baldwin, ne pourrait avoir un nom de scène similaire aujourd'hui. «Les conservateurs ont désiré garder ces éléments qui font tout de même partie de l'histoire, explique Caroline Truchon. Ce qui est certain, c'est que ces affiches parlent d'elles-mêmes et constituent un témoignage important du XIXe siècle.»

Bien que le musée ne prévoie pas dans les prochaines années intégrer les oeuvres à sa collection permanente, l'institution a tout de même comme projet d'en faire une exposition itinérante. Le musée se présente aussi comme un centre de documentation sur le sujet, accessible aux chercheurs et aux curieux qui s'intéressent à la magie.

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Au musée McCord, du 26 mai 2017 au 7 janvier 2018.

Quelques événements au programme

31 mai: Dialogue avec le conservateur de la collection, Christian Vachon, et le scénariste de l'exposition, Olivier Kemeid

1er juin: 5 à 9 de Montréal excentrique. Les participants sont invités à s'imbiber de l'ambiance de la belle époque.