Réputé pour ses installations spectaculaires, le Vancouvérois Geoffrey Farmer obtient une sorte de consécration professionnelle en représentant le Canada à la 57e Biennale de Venise. Un honneur qui lui a permis de créer son oeuvre en Europe et d'entrer dans une nouvelle phase de sa carrière.

Geoffrey Farmer ne prévoyait pas de devenir artiste visuel. Jusqu'à ce qu'il accompagne sa soeur aînée, «l'artiste de la famille», à un cours de dessin en 1988. Il avait 21 ans.

«Ce jour-là, j'ai réellement entendu une voix qui me disait que j'allais faire ça tout le reste de ma vie, dit-il en entrevue avec La Presse. Ça m'avait un peu choqué, mais je me suis rendu compte que c'était ce que je voulais faire.»

Geoffrey Farmer est allé étudier au San Francisco Art Institute et à l'Emily Carr Institute of Art and Design, à Vancouver, dont il est sorti en 1993. Mais il n'est pas devenu tout de suite l'artiste multimédia et conceptuel que l'on connaît aujourd'hui, qui utilise la sculpture, la photo, la vidéo et le dessin pour construire des installations poétiques empreintes d'une critique sociale et culturelle.

«Ça m'a pris du temps pour trouver ce que je fais actuellement. Les années après l'école ont été un peu mon adolescence dans l'art. Mais j'ai su dès le départ que je voulais être en dialogue avec le monde entier.»

Dix ans après sa sortie de l'école, en 2003, son oeuvre Trailer, une remorque en trompe-l'oeil référant au cinéma, a été exposée au Musée des beaux-arts du Canada, qui en a fait l'acquisition. À partir de là, les expositions ont déboulé, avec une première présence à la Biennale de Montréal en 2007 et, la même année, des expos à Londres, notamment à la Tate Modern.

«L'ennemi du musée»

Fasciné par l'enfance et par l'illusion, Geoffrey Farmer a opté pour l'assemblage d'objets qui dialoguent entre eux, comme on le voit au pavillon canadien de Venise. Son art est souvent en lien direct avec la littérature et la théâtralité, l'artiste n'hésitant pas à chambouler les espaces dans lesquels il expose.

La réputée conservatrice californienne Jessica Morgan a même affirmé que Farmer était «l'ennemi du musée», tant ses oeuvres déstabilisent le format des lieux qui les accueillent.

Créée en 1999, sa première oeuvre phare s'intitulait Hunchback Kit. Il s'agissait d'une longue boîte s'ouvrant en deux et présentant divers objets s'inspirant du Bossu de Notre-Dame-de-Paris et des adaptations subséquentes du roman au cinéma et sur scène.

Une oeuvre très autobiographique, tout comme Leaves of Grass, qui exprimera, plus tard, son fort penchant pour l'histoire et son désir de dresser le portrait des États-Unis sur plusieurs décennies à partir d'images du magazine Life.

Comme 2007 - l'année de son 40e anniversaire - a été une année charnière pour lui, 2017 lui offre Venise sur un plateau d'argent pour ses 50 ans.

«C'est un peu symbolique pour moi, car j'étais un bébé du centenaire de la Confédération, en 1967, et cette année, c'est le 150e anniversaire du Canada.»

Aujourd'hui, son oeuvre vénitienne Une issue à travers ce miroir évoque l'humanisme, la mémoire, le destin, le caractère imprévisible de la vie. Un travail de synthèse, mais aussi une signature empreinte de maturité et de sérénité. Le jury de la 57e Biennale d'art de Venise ne l'a pas récompensé, mais l'artiste poursuit son chemin artistique avec une belle assurance.

«Avec cette exposition, j'ai comme l'impression qu'un cycle s'est terminé pour moi et qu'une nouvelle page s'écrit, dit-il, en matière de procédés comme de moyens d'expression.»

Geoffrey Farmer

Né en 1967 à Vancouver

Geoffrey Farmer a exposé au Louvre, à la Tate Modern de Londres, à la Documenta (en Allemagne), au musée Migros de Zurich et un peu partout au Canada.

Pour son projet vénitien, il a choisi Kitty Scott, conservatrice au Musée des beaux-arts de l'Ontario, comme commissaire du pavillon canadien.