Qu'est-ce qui fait d'un peintre une star populaire? Le Britannique David Hockney fête ses 80 ans cette année avec une grande rétrospective de son oeuvre à la Tate Britain qui répond à cette question, couvrant une «joyeuse aventure» de près de 60 ans.

Plus de 200 oeuvres sont exposées, du 9 février au 29 mai, depuis ses tout débuts en passant par la grande série d'oeuvres californiennes à piscines de la fin des années 60, les grands portraits doubles des années 70 pour finir sur les lumineux paysages du Yorkshire et de Californie.

Pour Alex Farquharson, directeur de la Tate Britain de Londres, cette rétrospective, la plus importante depuis plus de 30 ans, «met en lumière tout le développement de son art, avec cette question centrale: comment dépeindre le monde, représenter l'expérience de la vie». Organisée en collaboration avec le centre Georges Pompidou à Paris et le Metropolitan Museum à New York, elle voyagera ensuite dans ces deux villes, dit-il à la presse.

L'artiste a participé à son organisation, se disant «ravi de revisiter des oeuvres que j'ai faites il y a des décennies (...), dont certaines sont comme de vieux amis maintenant», selon un communiqué.

«C'est l'un des artistes vivants les plus populaires au monde (...), sa peinture est très populaire, elle met de bonne humeur», explique à l'AFP l'un des commissaires de l'exposition, Chris Stephens, en défendant l'artiste d'une forme de facilité: «En même temps, il est très sérieux dans son engagement et dans ce qu'il cherche à faire: De quoi parle l'art, pourquoi capturons nous le monde en images».

Moins torturé que ses compatriotes Francis Bacon ou Lucian Freud, moins conceptuel que Damien Hirst, Hockney représente un monde de lumière, de couleurs et d'espaces. Inutile d'essayer d'en faire un précurseur ou un révolutionnaire. Il a frappé l'imaginaire collectif par ses oeuvres lumineuses, aussi pour des raisons très prosaïques.

Dessins sur iPhone

«Dans les années 1960, les piscines avaient l'air très exotiques, on n'avait pas la même familiarité avec la topographie de Los Angeles», relève Chris Stephens.

Et plus personne n'est choqué par les «boys» alanguis au bord de l'eau ou sous la douche, Hockney ayant essentiellement peint ses proches et ses amours homosexuelles.

Qui ne connaît pas l'iconique A bigger splash, jet d'écume laissé par un plongeon dans la piscine? Célébrissime également la série des grands doubles portraits naturalistes réalisés à l'acrylique, figurant amis et proches, dont l'écrivain Christopher Isherwood.

Une salle est consacrée aux dessins, fondement de son art. «Le dessin est une façon de discipliner le regard», selon Hockney.

Une autre à la photographie, qu'il remet en cause pour son point de vue trop étroit, cyclopéen. Hockney réalise du coup des montages de centaines de pièces différentes qui reconstituent une image, avec une vision latérale et périphérique.

Les paysages de collines du Yorkshire, les Wolds, réalisés dans les années 1980, sont surprenants de luminosité et rappellent délibérément parfois les fauves, Cézanne et Van Gogh. Seule note plus sombre: une série mélancolique de fusains, L'arrivée du printemps, où perce «un fort sens de sa mortalité», relève Chris Stephens.

Et sur les peintures très récentes de Californie, où il vit à nouveau depuis 2013, éclatent les bleu et rouge de sa terrasse à Hollywood, dans deux oeuvres réalisées à l'occasion de l'exposition.

Elle se conclut avec les dessins sur iPhone et iPad, sur lesquels l'artiste travaille encore aujourd'hui, clôturant le parcours d'une vie consacrée, selon Chris Stephens, à la «joyeuse aventure de transformer ce qu'il voit en images».