Le Musée d'art contemporain de Montréal (MAC) a annoncé, hier, sa programmation 2017: un menu engagé et poétique avec, notamment, des expositions fort prometteuses consacrées aux artistes Olafur Eliasson, Teresa Margolles et Emanuel Licha, et un hommage imposant et émouvant à Leonard Cohen...

Leonard Cohen

L'exposition Leonard Cohen - Une brèche en toute chose/A Crack in Everything est indéniablement l'exposition majeure du MAC cette année. Imaginée bien avant la mort de l'artiste montréalais, elle rendra hommage à son inestimable talent avec un grand nombre d'oeuvres inédites et de performances qui allieront les arts visuels, la musique, la poésie ou encore le cinéma. Les détails de ces créations conçues par des artistes locaux et internationaux seront révélés plus tard cette année.

Hier, le musée a annoncé que le 7 novembre, en avant-première de l'exposition, l'artiste conceptuelle américaine Jenny Holzer lancera la projection de son oeuvre For Leonard Cohen sur le Silo n5, dans le Vieux-Port de Montréal. Commandée par le musée, elle illuminera le silo pendant cinq soirs avec un lent défilement de phrases tirées de poèmes, de chansons et d'autres écrits de Leonard Cohen, à la fois en français et en anglais.

Olafur Eliasson 

Du 21 juin au 8 octobre

Artiste de renommée internationale, Olafur Eliasson est un Danois d'origine islandaise qui vit à Berlin. Il s'agira de son premier solo au Canada. Il présentera cinq installations pour lesquelles le visiteur contribuera puisqu'il peut les expérimenter en direct et en apprendre sur sa façon de regarder et de ressentir.

C'est le cas de Multiple shadow house, une oeuvre créée par notre propre silhouette. Avec Your Space Embracer, acheté par le MAC il y a deux ans, le visiteur ressentira les effets séduisants d'une lumière projetée dans une salle sur un anneau doté d'un léger mouvement. On pourra aussi contempler Big Bang Fountain dans laquelle un petit jet d'eau est relié à une lumière stroboscopique qui crée une masse sculpturale d'eau changeante. «Cela donne un effet assez spécial, dit John Zeppetelli, directeur du MAC. Cette oeuvre a été présentée à la Fondation Louis Vuitton, à Paris.»

Teresa Margolles

Du 16 février 14 mai

Incontournable, l'exposition Mundos sera un rendez-vous avec le Mexique et ses drames quotidiens: enlèvements, assassinats, trafics de drogues, corruption et injustices en tous genres. L'artiste Teresa Margolles développe un art socialement engagé et courageux depuis plus de 30 ans pour que les choses changent dans son pays.

Mundos sera son premier solo dans un musée d'Amérique du Nord. Elle présentera une quinzaine d'oeuvres dont l'installation sculpturale et performative La Promesa, la murale Pesquisas évoquant les centaines de femmes disparues au Mexique ou encore des photos de personnes transgenres et de travailleuses du sexe dont trois ont été assassinées. Ayant travaillé dans des morgues, Teresa Margolles utilise l'eau qui a nettoyé les corps de personnes dont la mort a été violente pour créer des oeuvres qui défendent les droits de l'homme au Mexique.

Emanuel Licha

Du 16 février au 14 mai 

L'artiste et professeur montréalais de 45 ans présentera au musée Et maintenant regardez cette machine, une exposition qui aborde la création, l'analyse et la diffusion d'images de guerre. Présentée en tournée au Canada, elle comprendra un documentaire de 60 minutes, Hotel Machine, filmé dans des hôtels fréquentés par des correspondants de guerre à Belgrade, Gaza, Sarajevo, Kiev et Beyrouth. Une oeuvre sur l'atmosphère de ces lieux particuliers que sont les hôtels situés en zone de guerre. Le documentaire sera accompagné de textes, de photographies, de documents, d'extraits de films de fiction ou d'émissions d'actualité. L'expo est organisée par la commissaire Lesley Johnstone, chef des expositions et de l'éducation au MAC. «Il s'agit d'un travail intellectuel et riche», affirme John Zeppetelli.

Photo fournie par le MACM

Pesquisas [Enquêtes], 2016, Teresa Margolles, installation d'affiches avec 30 impressions couleur collées directement au mur, 100 cm x 70 cm chacune, approximativement 303 cm x 745 cm pour l'ensemble. Avec l'aimable permission de l'artiste et de la galerie Peter Kilchmann, Zurich.

À la recherche d'Expo 67

Du 21 juin au 8 octobre

Voici une exposition en train d'être constituée par la commissaire Lesley Johnstone et Monika Kin Gagnon, codirectrice du groupe de recherche CinemaExpo67 de l'Université Concordia. Elle marquera le 50anniversaire d'Expo 67. Il s'agira d'oeuvres créées par 15 artistes du Québec et du Canada qui s'inspirent d'Expo 67, notamment du pavillon du Québec, du dôme géodésique, du pavillon des Indiens du Canada, du Kaléidoscope ou encore de l'Arbre du peuple.

On présentera aussi des oeuvres de 1967 recréées avec des technologies actuelles et des documents d'archives. Parmi les artistes participants, citons Chris Salter, Cheryl Sim, Stéphane Gilot, Jean-Pierre Aubé, Emmanuelle Léonard ou encore David K. Ross qui, pour son oeuvre Souveraine comme l'amour, a utilisé un drone qui a refait l'itinéraire qu'empruntait le monorail d'Expo 67.

Tableau(x) d'une exposition

Jusqu'au 12 mars

Premier jet commissarial de Marie-Ève Beaupré, la conservatrice de la collection du MAC, cette expo fait partie d'une volonté de faire respirer quelques-unes des 8000 oeuvres que possède le musée. Le volet actuel s'intitule Car le temps est la plus longue distance entre deux endroits, une citation de la pièce La ménagerie de verre, lancée par Tennessee Williams en 1944. Elle se veut une réflexion à partir d'oeuvres qui expriment le besoin de définir notre relation entre temps et espace. Elle comprend l'oeuvre Alarm Clock, d'Eric Cameron, patiemment créée pendant des années en ajoutant des couches de peinture et de plâtre sur ce qui était originellement... un réveil-matin. Et d'autres oeuvres qui nous éclairent sur les façons de considérer les relations entre espace et temps. Le visiteur y trouvera des oeuvres de Françoise Sullivan, Nicolas Baier, Patrick Bernatchez, Betty Goodwin, Bill Vazan, Jana Sterbak, Sarah Sze ou encore Serge Tousignant.

Transformation du musée

De janvier 2019 à janvier 2021 

Le directeur John Zeppetelli a profité de la conférence de presse sur la programmation 2017 pour annoncer que le Conseil du trésor du Québec devrait annoncer, la semaine prochaine, la deuxième phase du projet de transformation du musée. «Il s'agit de la phase du concours d'architecture qui devrait être lancée le 25 mars.» Si tout va bien, M. Zeppetelli prévoit que le chantier de construction durera 24 mois, de janvier 2019 à janvier 2021. Durant cette période, le musée présentera des expos dans son aile nord ou ailleurs à Montréal. Le budget de la transformation est de 44 millions. Il sera consacré au renforcement des fondations du musée, à la constitution de nouvelles salles d'exposition en lieu et place de la salle d'entreposage de la collection et à la construction d'un restaurant de prestige et d'une nouvelle entrée plus conviviale bordant la rue Sainte-Catherine.

Photo David K. Ross, fournie par le MACM

Image tirée de Souveraine comme l'amour, 2017, vidéo de David K. Ross.