Après une première exposition de photographies en 2000-2002, la galerie Occurrence retourne au Mexique avec une expo itinérante d'oeuvres de 21 photographes québécois. Présentée à Mexico dans une semaine, à Guadalajara au printemps et à la fin de l'été à Morelia, elle montrera entre autres des créations d'Alain Paiement, Pascal Grandmaison, Isabelle Hayeur, Nicolas Baier et Jacynthe Carrier.

La photographie et ses dérivés sont au coeur de l'âme de la galerie Occurrence depuis sa fondation en 1989. Pour son 10anniversaire, en 1999, sa fondatrice, Lili Michaud, avait présenté au Mexique une exposition sur la photographie québécoise intitulée Le cadre, la scène, le site et signée par les commissaires Mona Hakim et Sylvain Campeau. «À l'époque, on avait trouvé que la photographie prenait une tangente par rapport au documentaire», dit Lili Michaud.

Ce panorama de la photographie québécoise contemporaine comportait des oeuvres de 24 artistes, entre autres Jocelyne Alloucherie, Raymonde April, Geneviève Cadieux, Michel Campeau, Serge Clément, Angela Grauerholz, Alain Paiement, Roberto Pellegrinuzzi, Serge Tousignant ou encore Andrea Szilasi.

Il avait été montré en 2000 au Centro de la Imagen, à Mexico, en 2001 au Museo de la Ciudad de Queretaro et en 2002 à l'Espacio de Arte de l'université de Guanajuato.

«Le public mexicain avait beaucoup apprécié et cela avait entraîné par la suite des collaborations», dit Lili Michaud, qui a organisé à Montréal une exposition des oeuvres du photographe mexicain Manuel Alvarez Bravo dans les années 90.

Panorama québécois, bis

Occurrence a décidé de récidiver 15 ans après Le cadre, la scène, le site avec les mêmes commissaires. «Je voulais voir comment la photographie a évolué au Québec depuis, dit Lili Michaud. Cela fait maintenant trois ans qu'on travaille sur ce projet.»

Rendue possible grâce à l'aide du Conseil des arts et des lettres du Québec, l'expo sera constituée des oeuvres de cinq artistes qui avaient fait partie de Le cadre, la scène, le site, soit Raymonde April, Michel Campeau, Serge Clément, Alain Paiement et Roberto Pellegrinuzzi. S'ajouteront des photos, vidéos et installations de Jessica Auer, Nicolas Baier, Gwenaël Bélanger, Bertrand Carrière, Jacynthe Carrier, Maryse Goudreau, Pascal Grandmaison, Milutin Gubash, Isabelle Hayeur, Emmanuelle Léonard, Andreas Rutkauskas, Carlos et Jason Sanchez, Chuck Samuels, Guillaume Simoneau et Ève K. Tremblay.

Trois lieux culturels accueilleront l'exposition intitulée Documentar, Contar, Mentir (Documenter, conter, mentir). Elle débutera le 18 janvier et se poursuivra jusqu'au 10 mars au Museo de la Cancilleria, à Mexico, un musée moderne et historique qui donne plus de visibilité à l'art contemporain. L'Ex Convento del Carmen, à Guadalajara, la présentera du 16 mai au 15 juillet, avant le Centro cultural Clavijero, à Morelia, du 1er août au 29 octobre.

Quelle photo québécoise?

Qu'évoquera ce nouveau panorama de la photographie québécoise? Les deux commissaires disent avoir dégagé les tendances les plus représentatives. «Nos pistes de réflexion nous ont amenés vers des questions liées au post-documentaire, au paysage comme territoire à réinterpréter, à la mise en scène issue d'images de soi, à la fiction fondée sur le rapport à des images connues ou à des stéréotypes en provenance du cinéma, expliquent Mona Hakim et Sylvain Campeau dans un document de présentation de l'exposition. Les préoccupations de certains artistes pour l'histoire de la photographie et pour la plasticité des images ou le dispositif photographique ont également été retenues.»

«Ça fait toujours plaisir quand des entités québécoises tentent de montrer à l'extérieur de nos frontières le travail des artistes qui travaillent ici. C'est un effort admirable», affirme Nicolas Baier.

Celui-ci a choisi d'exposer son impression Illumination. «C'est un morphing fait avec plusieurs points de vue, dit-il à La Presse. Plusieurs photos du ciel étoilé, de façon à "créer" un nouvel horizon, inexistant. Le but est (encore une fois) de tenter de faire voir avec des yeux neufs.»

«C'est un réel plaisir de participer à ce projet, avec autant d'artistes québécois de la photographie, dit Jacynthe Carrier. Une belle occasion de mettre les pratiques en relation, de les faire dialoguer sur leur vérité et leurs mensonges et les faire rayonner à l'extérieur de chez nous.» Les commissaires ont choisi de présenter la vidéo et deux portraits faisant partie du corpus Parcours présenté chez Occurrence par Jacynthe Carrier en 2012.

Arrangements d'après nature

Alain Paiement présentera, lui, deux copies d'exposition, non encadrées, de deux images de son corpus Arrangements d'après nature qu'il avait présenté en 2009 en coproduction avec Le Mois de la Photo à Montréal. Pascal Grandmaison sera présent avec son film La main du rêve produit en 2013. De son côté, Isabelle Hayeur exposera deux photographies de sa série Underworlds sur les bouleversements écologiques des cours d'eau.

Le montage de la cinquantaine d'oeuvres a débuté cette semaine à Mexico. Le vernissage aura lieu le 18 janvier. À Guadalajara, l'exposition fera partie du festival de Mai (Festival de Mayo), un événement artistique multidisciplinaire où les arts visuels seront représentés par ces oeuvres québécoises qui documentent, racontent mais aussi mentent puisqu'elles ne sont, après tout, qu'un aspect de la réalité.

Documenter, raconter, mentir, au Museo de la Cancilleria de Mexico, du 18 janvier au 10 mars, À l'Ex Convento del Carmen de Guadalajara, du 16 mai au 15 juillet, et au Centro cultural Clavijero de Morelia, du 1er août au 29 octobre.