L'artiste québécoise Myriam Jacob-Allard présente Une voix me rappelle toujours dans le cadre de la Biennale de Montréal. Quand le country dit bonjour à Myriam.

Le country, c'est une histoire de famille chez l'artiste Myriam Jacob-Allard. La passation s'est faite de mère en fille, mais la jeune femme n'est pas une vraie fan. Les familles, c'est toujours plus compliqué qu'il n'y paraît.

Son projet présenté à BNL MTL, Une voix me rappelle toujours, s'est fait en trois temps: rencontre avec des chanteurs et chanteuses de bars qui ont interprété une chanson locale, recherche sur l'internet des dites chansons interprétées par des amateurs et réinterprétation en vidéo par Myriam Jacob-Allard dans un contexte similaire. 

Pour chanter, l'artiste emprunte un style détaché pour s'éloigner de l'original, ce qui nous place devant un très étrange chapelet de chansons monocordes.

«Ça rend compte de mon ambivalence face à la musique country. D'un côté, ça vient de ma famille. Du côté de ma mère, ça s'est transmis de mère en fille. En Abitibi, c'est fort. De l'autre, je suis un peu étrangère à cette culture. J'ai un pied dedans, l'autre dehors. C'est un point d'ancrage familial, mais je ressens un certain décalage.»

Mélancolie réconfortante

Ensemble, les vidéos ont une durée totale de 37 minutes. L'artiste reprend les costumes, les poses et les instruments utilisés par les amateurs, ce qui met les textes, souvent surprenants, au premier plan. 

«On y trouve une poésie super crue, mais touchante aussi. Tout le monde peut s'y identifier. Dans le country québécois, il y a une sorte de mélancolie réconfortante. Moi, je la ressens sans trop l'avoir choisie.»

Il y a évidemment de l'ironie dans cette mise en abyme cowboyesque, mais aucune satire. 

«C'est surtout ludique quand on voit quelques vidéos, note-t-elle, mais à la longue, ça devient plus obscur, plus mélancolique. Il y a une solitude là-dedans, car j'ai choisi des clips où les gens étaient seuls face à la caméra. C'est assez fascinant d'être seul devant l'ordi, vouloir communiquer avec les mots d'un autre et, en même temps, vouloir faire partie de quelque chose de plus grand.» 

Loin d'elle l'idée d'expliquer sociologiquement le phénomène country. Au contraire, ses interprétations sont au diapason du contenu des textes et parlent aussi du vide et de la solitude qui émergent des réseaux sociaux. 

«Une culture nous nourrit, mais il reste un vide entre la collectivité et l'individu. C'est ce qui m'intéressait dans les clips country que j'ai regardés. L'interprète amateur veut devenir son idole. C'est aussi une mise en abyme avec la démultiplication de ma présence d'une vidéo à l'autre. Je suis totalement seule. Je voulais garder ce côté artisanal.» 

Myriam Jacob-Allard a peut-être intériorisé cette musique et cette culture plus qu'elle ne l'imaginait au départ.

Bye bye mon cowboy!

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Au Musée d'art contemporain jusqu'au 15 janvier dans le cadre de la Biennale de Montréal. Les 28 et 29 décembre ainsi que les 4 et 5 janvier, à 13 h 30 ou 14 h 30, la BNL offre aux participants de participer à un karaoké aux Ateliers du Musée: déguisements, accessoires et ambiance country western seront au rendez-vous. Il n'est pas nécessaire de réserver.