La programmation 2017 du Musée des beaux-arts de Montréal a été placée par sa directrice générale, Nathalie Bondil, sous le signe de la paix. Elle a annoncé la semaine dernière huit expositions qui portent des messages rassembleurs «pour contrer la montée des populismes». Aperçu du programme.

Marc Chagall

Initiative de deux musées français, Chagall, couleur et musique sera la plus grande exposition jamais consacrée au peintre et graveur franco-russe Marc Chagall (1887-1985) au Canada. Près de 500 objets, dont 340 peintures, aquarelles et autres oeuvres d'art, seront présentés en espace dans 14 salles du musée (sur 2000 m2!) avec une musique «spatialisée». Parmi les créations à voir, 43 costumes de scène, les décors de l'opéra La flûte enchantée et celui, monumental, du Théâtre d'art juif de Moscou (1920), prêté exceptionnellement par la Russie.

Chagall, couleur et musique, du 28 janvier au 11 juin 2017

Jean Paul Gaultier

Le styliste Jean Paul Gaultier est de retour à Montréal. Pour clore la tournée de La planète mode de Jean Paul Gaultier: de la rue aux étoiles, exposition créée par le MBAM et vue par deux millions de personnes dans 12 villes de la planète depuis 2011, le musée présentera Love is Love, soit une trentaine de robes de mariée du grand couturier français. Mais pas des robes traditionnelles! Des créations célébrant les unions de couples hétéros, homos, interculturels, interraciaux, etc. Une fête de l'amour, de la créativité et de l'harmonie dans la diversité.

Love is Love, de Jean Paul Gaultier, du 30 mai au 3 septembre 2017

Révolution

Présentée jusqu'au 26 février au Victoria & Albert Museum de Londres, l'expo You Say You Want a Revolution? Records and Rebels 1966-1970 sera adaptée pour le MBAM à l'occasion du 50e anniversaire d'Expo 67. Elle nous plongera dans l'actualité foisonnante des années 60 du point de vue culturel, social et technologique. Du flower power aux Black Panthers, en passant par Mai 1968 à Paris, la révolution culturelle en Chine, la conquête de la Lune, l'odyssée informatique, les manifs antiguerre du Viêtnam et le Swinging London. Avec les Beatles, Jimi Hendrix, mais aussi Leonard Cohen et Robert Charlebois...

Révolution: «You Say You Want a Revolution», du 17 juin au 8 octobre 2017

Western

Au moyen de 450 peintures, sculptures, installations, photos, artefacts et extraits de films, l'exposition Il était une fois... le western définira, déconstruira et critiquera la mythologie du western. Avec les stéréotypes et les errements qu'il a véhiculés, notamment cette culture de la violence armée encore très actuelle. On y évoquera la place des artistes autochtones et des Amérindiens en général, les grandes peintures de l'Ouest mythique, les westerns de John Ford jusqu'à ceux de Sergio Leone, d'Ang Lee, des frères Coen et de Quentin Tarantino...

Il était une fois... le western. Une mythologie entre art et cinéma, du 14 octobre 2017 au 21 janvier 2018

Nadia Myre

Pratiquement en parallèle avec l'expo sur le western, le MBAM donnera carte blanche à l'artiste québécoise Nadia Myre pour sa première grande exposition muséale. Membre de la communauté anishnabeg de Kitigan Zibi (Outaouais), Nadia Myre retracera sa production des 15 dernières années, dans le cadre des luttes politiques et sociales des peuples autochtones canadiens et d'ailleurs, abordant des thèmes tels que l'identité, le langage, le désir et la mémoire. Et comme toujours, dans son cas, en travaillant à susciter des liens entre les cultures différentes. 

Nadia Myre (parrainage du MBAM), du 26 septembre 2017 au 4 février 2018

Pierre Ayot

Dans le cadre de la grande rétrospective consacrée, cet automne et cet hiver à Montréal et à Joliette, à l'artiste montréalais Pierre Ayot (1943-1995), le MBAM va déployer, dans 10 jours, L'oeuvre en chantier, une installation-autoportrait créée par Ayot en 1986 et acquise par le musée 10 ans plus tard. Constituée d'éléments de son atelier d'artiste, L'oeuvre en chantier permet d'accéder à l'univers créatif de Pierre Ayot comme à sa façon singulière - teintée d'humour - de considérer sa démarche. 

Pierre Ayot. L'oeuvre en chantier, du 20 décembre 2016 au 19 mars 2017

Leila Alaoui

Elle serait bien sûr venue à Montréal pour présenter «No Pasara», cette série de 24 images consacrée au phénomène migratoire et à ces jeunes Marocains qui rêvent de vivre en Europe. Mais elle ne sera pas là en janvier, car le destin en a décidé autrement. Leila Alaoui (1982-2016), photographe, photojournaliste et vidéaste franco-marocaine, a été tuée le 15 janvier dernier lors d'un attentat d'Al-Qaïda à Ouagadougou, au Burkina Faso, alors qu'elle y faisait un reportage sur les droits des femmes. «No pasara» («Il ne passera pas») se réfère bien sûr au migrant défiant le détroit de Gibraltar, mais aussi au franquisme et par extension, aujourd'hui, au terrorisme. 

«No Pasara», de Leila Alaoui, du 18 janvier au 7 mai 2017

Adel Abdessemed

Artiste franco-algérien de 45 ans, Adel Abdessemed exposera deux sculptures au MBAM cet hiver: Cri (2013) et Mon enfant (2014). La première représente Kim Phuc, cette petite Vietnamienne rendue célèbre par une photo de l'Associated Press qui l'avait montrée hurlant de douleur après avoir été gravement brûlée en 1972 par les émissions d'une bombe au napalm, lors de la guerre du Viêtnam. L'autre photo est celle d'un petit garçon juif levant les mains en l'air lors de la rafle du ghetto de Varsovie par les nazis en 1943. Deux symboles des souffrances infligées à l'homme par l'homme. 

Conflit, d'Adel Abdessemed, du 17 février au 7 mai 2017

Photo Rindoff-Garcia/Angeli, fournie par le MBAM

Collection La Parisienne punk. Prêt-à-porter Femme printemps-été 1997, Jean Paul Gaultier.