Des milliers de photos de réfugiés, prises avec un téléphone portable, s'exposent dans un musée d'Amsterdam: l'artiste dissident chinois Ai Weiwei veut «donner une voix» aux centaines de milliers de personnes ayant tout quitté pour rejoindre les rives de l'Europe.

Intitulée SafePassage, l'exposition s'est ouverte jeudi au musée Foam, situé dans le centre-ville d'Amsterdam.

Les images, qui montrent les arrivées de réfugiés sur la terre ferme ou des selfies avec l'artiste, ont été prises dans des camps en France, Grèce, Israël ou en Turquie.

Sont également exposés des gilets de sauvetage et des caméras de surveillance en marbre qui, selon l'artiste, représentent «la lutte entre l'individu et les structures mises en place pour dominer la société».

«Je veux montrer ma position» au sujet de la crise des réfugiés, a affirmé l'artiste à des journalistes et amateurs d'art venus assister au vernissage: «Je voulais donner une voix à ces gens».

Réputé pour son engagement, l'artiste chinois - incarcéré dans son pays près de trois mois en 2011 puis privé de passeport pendant quatre ans - a multiplié ces derniers mois les initiatives pour dénoncer une politique européenne mettant, selon lui, en danger la vie et la dignité des populations affluant sur son sol.

«Notre incapacité à protéger leurs droits les plus élémentaires, leur dignité, leur humanité... cela me rend très triste», a encore affirmé celui qui se considère comme un réfugié politique vivant désormais en Allemagne.

«Si vous avez été obligé de renoncer à votre domicile, votre famille, vous êtes également un réfugié», a-t-il affirmé.

Après avoir annoncé en janvier un projet de mémorial aux réfugiés noyés à Lesbos, il avait posé en février sur une plage de l'île, pour le magazine India Today, dans la posture de l'enfant syrien Aylan Kurdi, dont la photo gisant noyé sur une plage turque avait suscité une émotion mondiale en septembre.

L'artiste de 59 ans avait ensuite entouré le théâtre Konzerthaus de Berlin de 14 000 gilets de sauvetage et en juillet, fait flotter plus d'un millier au palais du Belvédère de Vienne.

Plus d'un million de personnes ont effectué le voyage vers l'Europe en 2015, et quelque 208 000 personnes sont arrivées sur le sol européen depuis janvier, selon les derniers chiffres des Nations unies, publiés en juin.

L'exposition montre également les expériences de l'artiste quand il était sous la surveillance de Pékin, dont une photo d'un microphone caché dans une prise électrique ou une peluche en forme de panda, remplie de documents partagé par le lanceur d'alerte Edward Snowden.

L'exposition sera ouverte jusqu'au 7 décembre 2016.