C'est à un véritable feu d'artifice d'art québécois que nous convie le Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ). Avec l'ouverture du nouveau pavillon Pierre Lassonde, consacré à l'art contemporain, le complexe muséal des plaines d'Abraham a désormais l'envergure d'une institution internationale tout en mettant en valeur les artistes du Québec d'hier et d'aujourd'hui.

Architecture

Constitué de trois volumes superposés se décalant en cascade en direction du fleuve, le pavillon a été conçu par le consortium d'architectes OMA, de New York, et Provencher_Roy, de Montréal. De grandes poutres d'acier peintes en blanc sont visibles partout à l'intérieur. Elles soulignent la force nécessaire pour consolider la structure de l'édifice. Un cube doré dans lequel a été inséré l'ascenseur traverse les trois étages et couronne le toit - comme l'église Saint-Dominique voisine (avec son clocher) et les autres pavillons -, conférant à l'édifice une hauteur de 26,5 m. Parcourir le pavillon est une promenade apaisante qui marie art, architecture et nature. Les espaces disposent de divans et de sièges pour se reposer, admirer la vue extérieure et, bien sûr, les oeuvres.

Escalier extérieur

La main courante de l'escalier extérieur, forgée en larges chevrons, les marches souples et discrètement éclairées, l'enveloppe d'acier et de verre qui descend en cascade jusqu'au deuxième étage : tout est raffinement dans cet élément du pavillon Pierre Lassonde. Et c'est une caractéristique de l'édifice: rien n'a été laissé au hasard dans cette construction. Les matériaux, les joints, la peinture, le plancher d'érable sont impeccables. «C'est vraiment exemplaire comme construction, a expliqué Line Ouellet, directrice et conservatrice en chef du Musée national des beaux-arts du Québec, lors de notre visite des lieux mardi. Et l'on espère que cela va servir d'exemple pour tous les constructeurs au Québec.»

Quatre oeuvres permanentes

Le pavillon contient quatre oeuvres d'art permanentes. Ludovic Boney a réalisé Une cosmologie sans genèse, immense sculpture installée dans la cour intérieure qui réunit les flancs du musée et ceux de l'église Saint-Dominique. Patrick Coutu a créé sur la terrasse du troisième étage Le jardin du sculpteur: plusieurs dizaines de sculptures faites de petits cubes de bronze agglomérés. Une installation de Michel de Broin, Interlude, se trouve à l'entrée du pavillon: des «bûches de bois» en fonte font office de siège pour regarder une flamme qui bouge à l'intérieur d'une télé en fonte. Enfin, L'hommage à Rosa Luxemburg, célèbre séquence narrative de Jean Paul Riopelle, est exposée dans le tunnel qui relie le pavillon Lassonde au pavillon central.

Installations

Le commissaire Bernard Lamarche a monté une expo temporaire intitulée Installations à l'occasion de l'inauguration du pavillon. Il s'agit de 34 installations faisant partie de la collection du MNBAQ. Parmi ces oeuvres, citons l'immense et impressionnante Une construction à Venise, 2e partie (1987), de Melvin Charney; Monuments, de Dominique Blain; La salle de classe, d'Irene F. Whittome; La moderne, une des premières pièces de Patrick Coutu; Marcher quand même, de Mathieu Valade (une oeuvre qui vous fera vaciller!) et d'autres installations de Jocelyn Robert, Claudie Gagnon, Michel Goulet, Jean-Pierre Gauthier, Massimo Guerrera, Diane Landry, Charles Guilbert et Nathalie Caron, Manon Labrecque, Diane Morin, Laurent Lamarche, Pascal Grandmaison, Alexandre Castonguay, Gwenaël Bélanger ou encore Manon de Pauw.

Photo Patrice Laroche, Le Soleil

Placée sur un des toits verts du pavillon Lassonde, l’installation de Patrick Coutu, Le jardin du sculpteur, dialogue avec les flèches architecturales de l’église Saint-Dominique.

Art contemporain

L'art contemporain est le label du pavillon Pierre Lassonde. Pour l'étrenner, le MNBAQ présente De Ferron à BGL, un regard sur sa collection de 9000 oeuvres contemporaines du Québec. Mise en espace par Eve-Lyne Beaudry, l'expo propose 85 oeuvres phares d'artistes comme Guido Molinari, Marcel Barbeau (son Kitchenombi no 4 qui n'avait pas été présenté au public depuis 36 ans !), Marcelle Ferron, Claude Tousignant, Serge Lemoyne, Yves Trudeau, Edmund Alleyn, Rita Letendre, Françoise Sullivan, Pierre Dorion, Cynthia Girard, Janet Werner, David Altmejd, Rober Racine, Cozic, BGL, Nadia Myre, Dominique Blain, Michael Snow, Raymonde April, Lynne Cohen, Geneviève Cadieux ou encore Trevor Gould avec sa girafe.

Arts décoratifs et art inuit

Deux salles contiguës présentent des oeuvres de la collection d'art inuit et 184 objets de celle des arts décoratifs et du design québécois. Des céramiques de Jean Cartier, des chaises de Julien Hébert ou Jacques Guillon, une lampe de Jean-Paul Mousseau, des créations de Michel Dallaire, Vittorio Fiorucci et Alfred Halasa jusqu'à la couverture d'un numéro de 1953 de la revue Canadian Art. Tout près, 104 des 2635 oeuvres d'art inuit ont été agencées dans une scénographie qui donne l'impression d'une banquise ou d'un iceberg. Le choix de la commissaire Heather Igloliorte comprend des sculptures comme Le monde du caribou, de Peter Morgan, ou Ours se reflétant dans la glace, de Pauloosie Tukpanie. L'expo aborde la connaissance de l'environnement par les Inuits, leurs valeurs sociales et leur vision du monde.

Le MNBAQ en bref

Superficie sans le pavillon Lassonde: 18 000 m2 

Superficie actuelle: 32 900 m2 

Superficie consacrée aux expos au pavillon Lassonde: 3450 m2 

358 nouvelles oeuvres exposées depuis hier

164 ouvriers et 23 sous-traitants étaient sur le chantier au plus fort de la construction

Le pavillon Lassonde porte le nom de l'homme d'affaires Pierre Lassonde, également président du conseil d'administration du MNBAQ.

Photo Patrice Laroche, le Soleil

Greffé à la façade sud-est du pavillon Pierre Lassonde, un escalier vitré fait passer les visiteurs du troisième au deuxième étage. Cette originalité architecturale permet d’être connecté sur l’extérieur, au-dessus des arbres.