On ne rencontrera pas Spock, que ce soit en cire ou en personne, au Musée canadien de l'aviation et de l'espace, mais les visiteurs pourront (presque) prendre les commandes d'un vaisseau de la Starfleet, faire comme s'ils se téléportaient et, surtout, déterminer quelle carrière, parmi l'équipage, leur correspond le mieux en fonction des connaissances et aptitudes de chacun.

Depuis aujourd'hui, le musée d'Ottawa accueille, en grande première mondiale, l'exposition Star Trek : l'expérience Académie de Starfleet, consacrée à la populaire série télévisée qui fête ses 50 ans cette année.

L'exposition, qui mise énormément sur l'interactivité - il s'agit bien d'une expérience immersive - , a les mêmes ambitions que Star Wars identités, laquelle s'était elle aussi déployée sur 10 000 pieds carrés lorsqu'elle avait été présentée au même endroit, en 2013. Ses concepteurs sont à la recherche de frissons similaires parmi les fans nostalgiques. Mais Identités disposait d'un atout conséquent : elle s'adressait au jeune public aussi bien qu'aux connaisseurs, tandis que L'expérience Académie de Starfleet s'adresse davantage aux parents et aux Trekkies qu'aux jeunes, qui n'y trouveront pas leurs références naturelles. En effet, l'exposition se consacre exclusivement à l'univers télévisé (très vaste, certes) de la série, précise Rénald Fortier, conservateur adjoint.

Elle occulte donc volontairement tous les films, et notamment les deux plus récents, le « reboot » étant parfois trop en contradiction avec l'oeuvre télévisée créée par Gene Roddenberry, rappelle-t-il.

Les séries Star Trek étant réputées pour avoir intégré des théories scientifiques substantielles et cohérentes à leurs scénarios, on s'attendait à une relative profondeur techno-scientifique de la part de L'expérience Académie de Starfleet. Son site web appâte d'ailleurs l'internaute avec cette accroche, en suggérant qu'il en apprendra davantage « sur la science qui se cache derrière Star Trek », notamment à propos du tricordeur, de la théorie supraluminique, des lasers et de la téléportation.

Certes, l'exposition mentionne chacun de ces éléments, mais il s'agit d'un survol qui ne leur consacre que quelques lignes chacun. De façon légère et amusante, doit-on admettre, puisque notre présent est évoqué... au passé, le visiteur étant en effet transporté en l'an 2300 et des poussières (d'étoiles).

On y présente de nombreux personnages (les officiers, surtout) emblématiques de la télésérie, présentés à travers moult portraits, costumes et accessoires qui raviront les Trekkies. 

Le tout présenté dans des décors évoquant l'intérieur d'un appareil de La patrouille du cosmos. Il est même possible de s'installer sur le fauteuil du commandant Picard qu'incarnait Patrick Stewart, ou encore de se téléporter - du moins un hologramme en donnera-t-il l'illusion.

IMMERSION ET DIVERTISSEMENT

« Il y a là 50 ans d'histoire, et ce sont des objets parfois assez difficiles à réunir », indique notre guide, tandis qu'on avance, jetant ici un coup d'oeil admiratif à la grosse maquette de l'Enterprise NCC-1701 que pilotait le capitaine Kirk, découvrant là l'équipement médical (tricordeurs, hyposprays, scalpels laser, etc.) et les tribbles (petites créatures poilues) prêtés par un collectionneur allemand, ou encore touchant cette torpille photonique pouvant servir de cercueil.

En chemin, la lecture nous aura permis de nous familiariser avec la personnalité des Klingons et des Borgs, ou avec le fameux test du Kobayashi Maru, cette simulation destinée à l'entraînement des cadets de la flotte... et vouée à l'échec.

Mais nous sommes surtout là pour nous divertir. Nous aurons donc participé à un entraînement de tir au phaser. Et nous n'aurons pas oublié de créer, à partir d'une photo de notre visage, un avatar présentant les caractéristiques morphologiques de l'une ou l'autre des races humanoïdes peuplant cette galaxie. De courtes vidéos permettent de se familiariser avec quelques moments importants de l'histoire de la Starfleet.

L'intérêt réside principalement dans son approche immersive. Grâce au bracelet magnétique qu'on lui aura remis à l'entrée, le visiteur pourra déclencher chacune des bornes interactives qui l'attendent au fil de cette exposition, qui cherche à transmettre « l'idée de Star Trek » et « la vision audacieuse de Gene Roddenberry, son mantra optimiste et moral », tout en recréant « l'atmosphère d'une grande foire d'emploi organisée au XIVsiècle », explique M. Fortier.

Les visiteurs deviennent donc des « recrues » de l'Académie, venues participer à une « journée carrières ». De section en section (Communication, Diplomatie, Navigation, Tactique ; etc.), chacun testera ses propres connaissances et aptitudes spécifiques. En fonction du résultat, l'ordinateur lui suggérera de s'orienter vers l'infirmerie, la cabine du pilote, le poste de commandement ou la soute des mécaniciens.

Sidéral, sans doute. Mais pas sidérant.

Au Musée canadien de l'aviation et de l'espace, jusqu'au 5 septembre.

PHOTO PATRICK WOODBURY, LeDroit

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