Le Metropolitan Museum of Art (Met) de New York expose à partir de mardi quatre oeuvres du peintre britannique William Turner sur la chasse au cachalot, qui n'avaient encore jamais été réunies.

Joseph Mallord William Turner (1775-1851) avait 70 ans lorsqu'il réalisa cette série controversée de quatre peintures à l'huile, en 1845 et 1846. Trois des toiles appartiennent à la collection de la Tate en Angleterre, et la quatrième au Met. Elles représentent chacune un stade différent de la chasse au grand cachalot.

Elles seront exposées jusqu'au 7 août avec d'autres peintures de l'artiste ainsi que des objets liés à la chasse au cachalot, comme un harpon et des flacons ayant contenu le précieux liquide cireux rejeté par l'animal.

La légende veut que le travail de Turner aurait inspiré le célèbre roman Moby Dick de Herman Melville, dont un exemplaire est présenté au Met. Un passage du début du livre dépeint une oeuvre très similaire à celle de Turner. Moby Dick avait été publié l'année de la mort de William Turner.

L'océan était à cette époque un endroit «mystérieux, inconnu, entouré de fantasmes de dangers et de rêves, les cachalots eux-mêmes étaient perçus comme des créatures mythologiques», a raconté lundi Alison Hokanson, conservatrice adjointe au département des peintures européennes du Met, lors de la présentation de l'exposition. La chasse au cachalot était devenue «un business très lucratif» au 19e siècle. Elle était cependant entourée d'une certaine mystique, due à la méconnaissance des océans par le grand public.

Le peintre ne connaissait que les mers britanniques et s'était énormément documenté pour réaliser cet ensemble de peintures, notamment par la lecture de Thomas Beale, pionnier dans l'étude des grands cachalots. «C'était un thème nouveau pour lui», a souligné Mme Hokanson.

Le peintre était très attaché à cette série et au thème de la navigation. Mais certains critiques lui ont reproché un manque de clarté et de lisibilité artistiques.

La représentante du Met évoque l'interprétation «de ce merveilleux mélange de faits et d'imagination», qui divisait à l'époque les critiques et qui intéresse aujourd'hui le public.

Cette série fait partie des dernières oeuvres réalisées par le peintre, cinq ans avant sa mort. Surnommé «le peintre de la lumière», il est également l'auteur de nombreuses peintures de scènes de nature et paysages comme Lumière et Couleur (la théorie de Goethe) (1843) et Ombre et ténèbres: Le soir du déluge (1843).