Michelle Émond a beau posséder à la maison un millier de Barbie, il n'était pas question pour elle de rater l'exposition montréalaise consacrée à la mythique poupée, qui a traversé depuis 1959 les modes, les jeux électroniques et le féminisme.

L'Expo Barbie, présentée depuis mercredi aux Cours Mont-Royal, au centre-ville de Montréal, présente un millier de poupées dont les différentes tenues, au-delà de la nostalgie d'une enfance disparue, constituent aussi un voyage dans l'histoire de la mode féminine et des costumes traditionnels nationaux.

Certaines Barbie ont d'ailleurs été habillées par de grands couturiers: Christian Dior, Versace, Vera Wang ou Oscar de la Renta. L'un des présentoirs de l'exposition présente même un défilé de mode Barbie, avec passerelle et coulisses.

D'autres Barbie ont pris les traits de vedettes de leur temps: Marilyn Monroe, Audrey Hepburn, Elizabeth Taylor, Beyoncé, Cher, Jennifer Lopez, Farrah Fawcett, Barbra Streisand - même Lucille Ball...

«Nous avons sélectionné les Barbie qui nourrissent un sentiment de nostalgie mais aussi qui représentent un certain élément de la mode», explique Arianna Rabinovitch, conservatrice adjointe de cette exposition permanente qui serait, selon elle, la plus importante jamais montée dans le monde.

Si les costumes illustrent l'évolution de la mode, ils sont aussi un hommage aux «petites mains» qui ont fabriqué ces mini costumes, comme une robe de mariée Vera Wang destinée, rappelons-le, à une femme de plastique de 30 centimètres.

Mme Rabinovitch rappelle qu'un seul costume peut exiger des heures d'un travail minutieux, impliquant parfois une incrustation de petites pierres semi-précieuses ou la mini couture de passementeries. «C'est comme un travail de chirurgien. Imaginez: fabriquer des bas résilles pour une Barbie!», explique la conservatrice.

Barbie fascine peut-être encore mais elle n'a pas toujours eu la cote dans certains foyers: certaines lui reprochaient de perpétuer auprès des filles le stéréotype de la femme ultramince, à la limite de l'anorexie. Son fabricant, Mattel, a d'ailleurs lancé récemment une nouvelle gamme de Barbie, qui adoptent une peau plus sombre et des couleurs de cheveux et d'yeux plus variés, afin de refléter davantage la diversité ethnoculturelle.

Les ventes de Barbie ont diminué au cours des dernières années mais ces poupées demeurent l'un des jouets les plus populaires sur le marché. Selon des visiteurs de l'exposition, cela tient à deux choses: la mode et la nostalgie.

Lisa Mussgnug jouait avec la Barbie de sa soeur quand elle était enfant. Aujourd'hui, elle fabrique des vêtements pour la Barbie de sa fille de neuf ans. «Nous aimons le côté mode de cette activité», dit cette maman rencontrée à l'exposition.

On peut visiter l'exposition permanente pendant les heures normales d'ouverture du petit centre commercial de la rue Peel, sept jours sur sept. L'entrée est gratuite mais on peut sur place donner à l'organisme «Fais un voeu» pour les enfants malades.