La Galerie de l'UQAM commence l'année 2016 avec do it Montréal, une expo ludique et cérébrale qui va plaire autant aux enfants qu'aux amateurs d'art blasés! Concept européen d'exposition présenté partout dans le monde depuis 22 ans, do it est décliné pour la première fois à Montréal, avec 84 oeuvres et interventions éphémères. Le visiteur peut même réaliser son oeuvre d'art chez lui...

Imaginé en 1993 par le commissaire suisse Hans Ulrich Obrist et les artistes plasticiens français Christian Boltanski et Bertrand Lavier, do it est un concept d'exposition selon lequel les créations émergent d'instructions qui peuvent être interprétées librement par des artistes ou par des visiteurs.

Chaque fois qu'une exposition do it a lieu, un archivage des créations est effectué. Depuis 22 ans, 400 artistes ont participé au concept présenté dans une trentaine de pays. do it a déjà été expérimenté à Vancouver, Ottawa et Toronto, et l'est pour la première fois au Québec.

Écrit par ses concepteurs, le livre de base de l'exposition, do it - the compendium, comprend 250 instructions. L'expo multidisciplinaire est donc à la fois un chantier, une réflexion, un jeu et un défi d'en réaliser quelques-unes de façon éphémère.

L'édition montréalaise qui a débuté mardi soir comprend 60 instructions du livre de base, 10 instructions conçues par des artistes d'ici et 14 interprétations. Et l'on ne compte pas les initiatives artistiques que les visiteurs peuvent réaliser, après avoir pris dans la galerie une «instruction à emporter». L'expo se déploie donc aussi dans la rue, à la maison et sur l'internet, les participants étant invités à y documenter leur action.

Travail de commissariat

Étudiante à la maîtrise en histoire de l'art à l'UQAM, Florence-Agathe Dubé-Moreau est commissaire de do it Montréal. Elle était la personne toute désignée pour ce travail puisque son sujet d'étude universitaire (sous la direction de Marie Fraser, conservatrice en chef du MAC de 2009 à 2013) porte sur la reconstitution d'expositions en art contemporain.

Depuis juin, elle a digéré le livre de base de do it avant de retenir certaines instructions. «Pour les 60 qu'on a choisies et les 10 conçues au Québec, il y a des artistes visuels mais aussi un designer, des auteurs, des danseurs, des performeurs, des écrivains et des chorégraphes afin de refléter un large éventail de disciplines», dit-elle.

Parmi les instructions exposées dans la galerie, citons une vidéo de 25 minutes créée par l'artiste Vincent Lafrance à partir d'une instruction de l'artiste mexicain Mario García Torres qui invite le créateur à prendre, pendant 10 jours, un jeune artiste international en filature et à faire un compte rendu de ses activités quotidiennes. Dans une narration très dynamique et agréable, Vincent Lafrance suit l'artiste montréalais Chih-Chien Wang. Un travail très bien fait qui s'interroge sur la fonction et l'ontologie de l'artiste.

Une autre oeuvre, prescrite par Sol Lewitt en 1996, est participative. Il s'agit pour les visiteurs de dessiner une ligne avec un crayon de couleur sur un mur, sous des lignes déjà tracées. Le dramaturge Larry Tremblay participe aussi à do it Montréal. Il a demandé la construction d'un photomaton où l'appareil photo a été remplacé par des miroirs. Les visiteurs sont invités à y pénétrer, à prendre un égoportrait et à jurer que c'est le dernier de leur vie!

Françoise Sullivan

Lors du vernissage, mardi, la danseuse et peintre Françoise Sullivan, signataire de Refus global en 1948, a effectué une performance scénique sur une instruction du chorégraphe Paul-André Fortier intitulée Empreintes.

«C'est un vrai plaisir de faire des choses inédites», a dit l'artiste de 90 ans à La Presse, avant de monter sur scène avec un bel entrain. «C'est à propos de la peinture...»

Lors de sa performance, Françoise Sullivan s'est assise sur une chaise placée à l'angle de deux murs puis les a délicatement touchés de ses deux mains, effectuant des mouvements délicats et des tâtonnements empreints de sa respiration. 

D'autres performances seront présentées d'ici la fin de l'exposition, le 20 février, notamment celle d'un groupe d'étudiants le 27 janvier, à partir de midi, sur le campus de l'UQAM, et plusieurs interventions, notamment une de l'artiste Thierry Marceau, le 3 février, de 19 h à 21 h, à la Galerie de l'UQAM.

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do it Montréal, à la Galerie de l'UQAM, 1400, rue Berri, Montréal, jusqu'au 20 février.