Deux douzaines de toiles de maîtres néerlandais du 17e siècle, volées en 2005, ont été retrouvées dans l'est de l'Ukraine, a indiqué lundi un musée du nord-ouest des Pays-Bas, soulignant que les oeuvres risquaient désormais d'être vendues de manière illégale.

«Dans la nuit du 9 janvier 2005, 24 toiles et 70 pièces d'argenterie, le coeur de la collection consacrée aux 17e et 18e siècles, ont été volés», a indiqué le musée WestFries, installé dans la ville de Hoorn.

Les toiles, signées Jan Linsen, Jan van Goyen ou Jacob Waben, étaient estimées à 10 millions d'euros (14,6 millions $) au moment du cambriolage.

«Nous avons pris contact avec les autorités ukrainiennes pour essayer de récupérer les toiles au plus vite», a réagi le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Bert Koenders.

En juillet, deux miliciens combattant dans l'est du pays se sont présentés à l'ambassade des Pays-Bas à Kiev, assurant être en possession de l'entière collection.

Selon ces hommes, leur milice aurait retrouvé les oeuvres dans une villa abandonnée dans l'est de l'Ukraine, où s'affrontent Kiev et des rebelles pro-russes.

Pour prouver leurs dires, ils ont présenté une photo d'une des toiles à côté d'un exemplaire récent d'un quotidien ukrainien.

Par l'intermédiaire d'un historien de l'art spécialisé dans les enquêtes sur des oeuvres ayant été dérobées, le musée a essayé de négocier avec ces hommes.

Mais ils «avaient une estimation de la valeur des oeuvres complètement irréaliste», assure le musée: «ils en voulaient 50 millions d'euros».

Les oeuvres sont évaluées par les experts, d'après l'état de l'une des toiles, à 500 000 euros (733 000 $).

Les miliciens ont ensuite réclamé cinq millions d'euros et «pas un centime de moins», selon le musée.

Celui-ci a désormais peur que les toiles disparaissent pour de bon sur le marché illégal de l'art.

«La raison de nos révélations aujourd'hui est qu'il y a de fortes raisons de croire que les oeuvres sont maintenant proposées à la vente à d'autres acheteurs», a affirmé le directeur du musée lors d'une conférence de presse. «Certaines pourraient déjà avoir été vendues».

Le musée, qui espère attirer l'attention de potentiels acheteurs sur le fait que les toiles ont été volées, assure néanmoins qu'elles n'ont «pas de prix»: «pour nous, elles racontent l'histoire d'une époque fascinante, celle de la région pendant l'Âge d'or».

À cette époque, (1584-1702), les Pays-Bas dominaient le commerce mondial et la richesse du pays permettait aux nouveaux bourgeois de commander de nombreux tableaux, portraits ou paysages, et de se démarquer des thèmes religieux chers à la Renaissance italienne.