Les oeuvres exposées chez Louis Lacerte datent de 2012 à aujourd'hui. Les plus récentes sont des techniques mixtes sur papier créées cette année à Montréal et contrecollées en Suisse. Des créations très travaillées, comme son Éclat no 4 dans lequel les formes chaloupées de sa peinture font apparaître des figures énigmatiques dans des teintes de noir, de blanc, de gris et de brun. Une oeuvre typique de cet art de la forme qui caractérise Francine Simonin.

Éclat no 1 et Éclat no 5 nous réconcilient avec une vision rassurante et décontractée de la vie. En ces temps dramatiques, les jaune vif de Francine Simonin, mêlés de noir et de blanc, et contrebalancés par un fond ocré, sont rassurants. Deux techniques mixtes abstraites qui évoquent l'écorce d'un arbre, mais ces jaune citron, d'où sortent-ils? On n'en avait pas vu de tels chez l'artiste vaudoise depuis ses Jardins jaunes de 2004.

«J'étais dans une période où j'avais fait beaucoup de noir, de brun et de blanc. Il y avait peu de couleurs vives et j'avais envie de repasser à la couleur. Tout le travail qu'on fait, ce sont toujours des essais. Parfois, une couleur avec une autre, c'est fantastique. Elle me suggère des émotions et des pensées. Alors, vas-y! C'est comme ça que la mer pourrait être rouge...»

Dans cette série Éclat, l'artiste a fait «éclater» ses pigments et a collé avec soin ses papiers peints décomposés et superposés. «Je suis très architecte dans mon travail, dit-elle. J'aime bien construire ma feuille ou la déconstruire, ou déconstruire quelque chose qu'on connaît pour en faire autre chose.»

Simonin et Picasso

Des intuitions de Francine Simonin est également né un magnifique Éclat no 6 qui tranche avec les précédents. Plus complexe et plus sombre, il rappelle à certains égards le Guernica de Picasso. Avec, par exemple, une abstraction de ce plafonnier rustique qui éclaire la scène macabre au centre de la toile du maître espagnol. Et à cause, bien sûr, des tons de blanc et de noir. Francine Simonin reconnaît une certaine similitude. 

«Ce n'est pas faux, car Éclat no 6, c'est une guerre. La guerre des formes. Et puis, quand j'avais 10-12 ans, Picasso était mon idole», dit la Québécoise d'adoption.

Dans cette exposition, l'artiste présente aussi des pointes-sèches sur monotype dans des tons de bleu topaze très doux comme Léman (3) et Léman (4) qui rappellent les teintes légères de sa Saga des Fleuves de 2003. Gros travail de composition également avec la série des In & Out, des oeuvres de 2012 qui font partie de la monographie consacrée à Francine Simonin et sortie l'an dernier à Lausanne. Des oeuvres créées à la suite d'un passage à vide de l'artiste.

«Je ne savais pas si j'étais ou pas hors de mon corps, je pédalais un peu dans la choucroute, dans un no man's land

De cette incertitude et de sa double identité découle In & Out no 3, une acrylique au travail de fond soigné avec des collages savamment agencés les uns sur les autres ou à côté des autres. Et des mélanges de couleurs qui font, là aussi, émerger des figures dans les tons de blanc, de noir et de brun noisette. 

Une idée d'Arcachon

Enfin, sa série Aquatiques découle d'un périple qu'elle a fait en France, sur la côte atlantique. «C'est basé sur une idée du bassin d'Arcachon, sur un exercice à propos de l'écriture des sables et des marées, dit l'artiste née en 1936. Un travail sur les terres inondables - sable, herbes, vagues, rochers - de cette région entre la Normandie et Bordeaux. Cela donne des écritures non définies puisque la marée laisse voir parfois juste une crête de sable et des fois, on ne voit rien du tout.» 

De cette série, on retiendra son Aquatiques no 2 dans lequel on décèle sa fascination pour l'Extrême-Orient et son art de l'écriture qui se concrétise avec des oeuvres aux accents de calligraphie chinoise.

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Oeuvres récentes de Francine Simonin, à la galerie Lacerte (6345, boulevard Saint-Laurent), jusqu'au 20 décembre

Autres expositions

Shuvinai Ashoona et Shary Boyle

La galerie Pierre-François Ouellette art contemporain présente l'exposition Universal Cobra, fruit d'une collaboration avec la galerie torontoise Feheley Fine Arts, une série d'oeuvres des artistes Shuvinai Ashoona et Shary Boyle. Jusqu'au 19 décembre sont déployés les univers singuliers de ces deux artistes canadiennes, de même que quelques dessins qu'elles ont créés ensemble.

À la galerie PFOAC, édifice Le Belgo (372, rue Sainte-Catherine Ouest, no 216) jusqu'au 19 décembre.

Louise Viger

Une nouvelle oeuvre d'art public a été inaugurée récemment sur la place Hector-Prud'homme, dans l'arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie. Intitulée Une architecture d'air, la sculpture de Louise Viger s'inspire des commerces de robes de mariée de la Plaza St-Hubert. Composée de feuilles d'acier galvanisé, la sculpture comprend, à son sommet, un corsage rouge éclairé le soir par une lumière insérée dans la sculpture afin que l'oeuvre devienne «une robe phare à l'entrée de la Plaza».

Une architecture d'air, de Louise Viger, place Hector-Prud'homme (intersection des rues de Bellechasse et Saint-Hubert).

France Jodoin

Connue pour ses paysages impressionnistes, l'artiste québécoise France Jodoin présente sa première expo solo à Toronto jusqu'au 6 décembre. La galerie Thompson Landry expose Time and Its Reflection (Le temps et sa réflexion), une série de 34 huiles sur toile sur lin, des paysages et des natures mortes.

À la galerie Thompson Landry (32, Distillery Lane, Toronto) jusqu'au 6 décembre.