La peintre Suzanne Coupal présentera Rose est la nuit, sa quatrième expo solo, en décembre à Paris, une ville qui a forgé sa vie. L'ex-juge devenue artiste a reçu La Presse, cette semaine, dans son atelier du quartier Saint-Henri pour dévoiler les 10 toiles qu'elle emportera dans quelques jours dans ses bagages.

Suzanne Coupal avait présenté sa dernière exposition, il y a deux ans, à la galerie Laroche, sur le boulevard Saint-Laurent. Une expo fort courue qui s'était révélée un succès. Ces jours-ci, on retrouve quelques-unes de ses toiles abstraites à la galerie Carte blanche, rue Amherst, dans le cadre d'une expo collective qui comprend des oeuvres de Kittie Bruneau et du Frère Jérôme.

Après avoir passé deux ans et demi à commenter la commission Charbonneau sur RDI, l'ex-juge a pu souffler un peu au printemps dernier. De mars à septembre, elle s'est remise à créer.

«J'ai passé tout l'été ici, dans mon petit atelier vitré de la rue Lenoir. Après une courte période au cours de laquelle j'ai douté, l'inspiration est revenue. Et voilà!»

Vin et peinture

Il y a un an, elle a appris que la galerie du bar à vin La belle Hortense, dans le quartier du Marais, à Paris, était prête à accueillir ses toiles pendant un mois. On ne parle pas d'une grande galerie d'art parisienne, mais Suzanne Coupal n'en est pas moins ravie d'exposer dans cette ville qu'elle adore.

«J'avais envoyé mon dossier après avoir connu cet endroit et, au bout de trois mois, ils m'ont dit que ma production les intéressait, dit-elle. Je suis contente, car ils accueillent tous les genres, autant figuratif qu'abstrait, des artistes de partout, de Berlin, de Californie, et aussi de tous les âges.»

L'été dernier, elle a donc créé, l'une après l'autre, une dizaine de toiles de formats plus petits qu'auparavant, afin de se conformer au marché européen. Dans ses peintures, on reconnaît sa signature et ses teintes. Elle dit toutefois avoir légèrement changé de couleurs pour tenir compte du thème qu'elle voulait décliner: Paris. 

Amoureuse de Paris

«Paris pour moi, c'est ma ville, lance-t-elle. Elle a eu beaucoup d'influence dans ma jeunesse, dans ma carrière juridique. Paris, pour moi, c'est la musique, la peinture, la littérature. C'est Cocteau, c'est Camus. Alors, je me suis laissée inspirer par Paris pour peindre.»

Elle a donc laissé tomber ses disques de jazz et de blues pour écouter de la musique française. Dans son atelier, nous avons aperçu des DVD de Lou Doillon et de Léo Ferré.

Ses toiles ont encore beaucoup de ce mouvement automatiste qui l'anime. Un mouvement plus délicat à rendre sur des petits formats. La gestuelle de Suzanne Coupal s'exerce toujours aussi fermement dans les épaisseurs et construit sa toile couche sur couche, notamment à la spatule. Elle utilise le brossé, le tracé, les griffures et une recherche de textures et de superpositions qui donnent à chaque oeuvre son caractère, sa tonalité particulière.

Une de ses toiles s'appelle La Belle sans la Bête, une référence à Cocteau. Une autre s'intitule Idées noires, comme la chanson de Bernard Lavilliers.

«Les toiles parlent de la vie nocturne à Paris. L'exposition s'appelle Rose est la nuit, car pour moi, c'est Paris. La vie en rose. Des couleurs de nuit et de fête. Le rêve. Paris a toujours été rose pour moi. C'est tellement évident et familier que parfois, j'ai l'impression d'y avoir vécu.»

Après un mois passé à Paris, Suzanne Coupal aimerait bien collaborer en 2016 avec un muraliste ou un graffiteur, peut-être dans le cadre du 375e anniversaire de Montréal. «Cela permettrait de faire un pont entre deux générations, dit-elle. J'ai déjà fait des approches avec l'artiste urbain Scan. On verra ça l'année prochaine!»

On verra, car elle a aussi des velléités de créer des installations. Elle poursuit son activité d'accumuler des boîtes et des objets qui pourraient l'amener à ne plus travailler seulement en 2D, mais à se lancer dans la sculpture. L'ex-juge a le droit, tous les droits! Et le talent pour en profiter... puisque pour elle, tout est permis: rose est la nuit.

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Rose est la nuit, de Suzanne Coupal, à la galerie La belle Hortense (31, rue Vieille du Temple, Paris), du 1er au 31 décembre.

Les autres expos

COZIC HONORÉ

Représenté par la galerie Graff, Cozic a reçu cette semaine la plus haute distinction en arts visuels au Québec, soit le prix Paul-Émile-Borduas. Monic Brassard et Yvon Cozic travaillent sous le nom de Cozic depuis le début des années 70. «Le parcours impressionnant de ce duo d'artistes, aussi bien par la singularité de ses recherches que par une production sans cesse renouvelée, en a fait le chef de file d'une génération d'artistes et une source d'inspiration pour les artistes émergents», indique la galerie Graff qui, en hommage à Cozic, présente durant tout le mois de novembre une sélection de ses oeuvres.

À la galerie Graff (963, rue Rachel Est) jusqu'à la fin du mois.

LORRAINE SIMMS

La Galerie d'art d'Outremont propose une étrange exposition jusqu'au 29 novembre. Familiars réunit des oeuvres faussement enfantines de Lorraine Simms, qui se plaît à transformer des animaux en peluche en créatures déformées et inquiétantes. Une expo de saison...

À la Galerie d'art d'Outremont (41, avenue Saint-Just, Outremont) jusqu'au 29 novembre. Du mardi au vendredi, de 13 h à 18 h; samedi et dimanche, de 13 h à 17 h.

HAJRA WAHEED

L'artiste montréalaise Hajra Waheed présente sa première exposition solo dans un centre d'art institutionnel au KW Institute for Contemporary Art de Berlin, en Allemagne. Son exposition Still Against The Sky comprend cinq séries de travaux dans lesquels elle met en parallèle des récits personnels et des mécanismes de surveillance.

Au KW Institute for Contemporary Art de Berlin jusqu'au 22 novembre.