Comme il se doit, la Grande Bibliothèque fête en grand ses 10 ans avec La bibliothèque, la nuit, une exposition en réalité virtuelle créée conjointement par Robert Lepage et Alberto Manguel.

Mystère, inquiétude, rêve, imagination, dépaysement... Au commencement étaient le verbe, les livres, la bibliothèque. Celle qu'avait décrite Alberto Manguel dans son livre La bibliothèque, la nuit. C'est maintenant une expérience de réalité virtuelle cosignée par Robert Lepage.

Amis depuis une trentaine d'années, les deux artistes ont créé pour BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec) une exposition qui nous fait visiter 10 bibliothèques réelles et imaginaires à travers le monde, la nuit.

«On a voulu incarner les idées du livre d'Alberto, a expliqué Robert Lepage. La réalité virtuelle est une nouvelle écriture qui nous permet un échange organique entre la forme et le fond sans compromis. La bibliothèque est un lieu de connaissance et de rencontres.»

Pour sa part, la PDG de BAnQ, Christiane Barbe, parle de ce projet majeur comme d'une «première mondiale alliant culture, architecture et philosophie».

L'écrivain d'origine argentine Alberto Manguel faisait totalement confiance à Robert Lepage et à son équipe d'Ex Machina pour mener à bien ce projet novateur.

«J'ai rencontré deux génies dans ma vie: Jorge Luis Borges et Robert Lepage, a-t-il déclaré. Cette technologie est la suite logique de la lecture d'un livre. Chaque nouvelle technologie a ses qualités. Il ne faut pas opposer les technologies, elles peuvent toutes se retrouver dans la bibliothèque.»

Les deux créateurs ont choisi 10 bibliothèques, dont celles d'Alexandrie, du Congrès à Washington, du parlement canadien et une imaginaire, celle du Nautilus de Jules Verne, représentatives d'un style, d'une architecture, d'une époque.

Forêt de livres

Les visiteurs ont d'abord droit à une reconstitution scénographique de la bibliothèque personnelle d'Alberto Manguel, puis, par une porte dérobée, ils ont accès à une forêt de livres où ils peuvent expérimenter l'immersion 360º avec lunettes et casque. Un «voyage immobile» en réalité virtuelle pouvant durer jusqu'à une heure.

«On souhaite attirer des gens qui en seraient à leur première visite à la Grande Bibliothèque. C'est un échange entre une personne et un lieu, un voyage dans notre tête, une immersion sensorielle.»

Chaque visite de bibliothèque est différente dans son approche, mais toutes sont accompagnées d'une narration d'Alberto Manguel traitant autant du lieu que de l'expérience du lecteur.

«La lecture nous ouvre sur le monde et les autres. Sous Harper, des bibliothèques ont disparu. Peut-être que maintenant, elles vont revenir», a-t-il conclu.

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À la Grande Bibliothèque jusqu'au 28 août. Places limitées.