Une sculpture monumentale et polémique de l'artiste britannique Anish Kapoor, installée dans le parc du château de Versailles, près de Paris, a été de nouveau vandalisée par des inscriptions à la peinture, pour certaines antisémites, a indiqué la direction du domaine.

Cette trompe d'acier à la connotation sexuelle évidente, parfois affublée du surnom de «Vagin de la reine», est exposée avec d'autres oeuvres du plasticien de 61 ans depuis le 9 juin à Versailles, l'un des sites les plus visités de France.

Déjà vandalisée en juin, elle a été cette fois recouverte de nombreuses inscriptions à la peinture blanche: «La reine sacrifiée, deux fois outragée», «SS Sacrifice Sanglant», «le deuxième VIOL de la Nation par l'activisme JUIF DEVIANT», ou encore «Le Christ est roi à Versailles».

Le président François Hollande a «fermement» dénoncé la dégradation de la sculpture, exprimant «toute sa solidarité» à Anish Kapoor et réaffirmant son «attachement indéfectible à la liberté de création qui a sa place dans les lieux les plus prestigieux de notre patrimoine», selon un communiqué de la présidence.

«Cet acte d'une violence intolérable contre l'oeuvre d'Anish Kapoor me choque et m'attriste», a déclaré à l'AFP Catherine Pégard, la présidente de l'établissement public.

Tendance ultra-conservatrice

Installé dans l'axe principal du parc, «Dirty Corner» («coin sale»), est un tunnel d'acier rouillé de 60 m de long qui s'ouvre en direction du château par une sorte de trompe, qualifiée de «très sexuelle» par Anish Kapoor. Elle est entourée d'excavations et d'énormes blocs de pierre, certains peints en rouge sang.

Mais Kapoor, artiste britannique d'origine indienne, affirme n'avoir jamais employé l'expression «Vagin de la reine».

La ministre de la Culture Fleur Pellerin s'est rendue sur place dimanche après-midi pour constater les dégâts.

«Dégrader une première fois l'oeuvre d'Anish Kapoor était intolérable: c'était une atteinte à la liberté de création, que j'avais fermement condamnée (...), a souligné la ministre. «Les inscriptions antisémites qui accompagnent cette deuxième dégradation la rendent d'autant plus insupportable, et plus ignominieuse encore», a-t-elle relevé.

La sûreté urbaine de Versailles, une ville réputée très traditionnelle, a été chargée de l'enquête.

«On connaît des individus à tendance ultra-conservatrice, on a quelques idées sur les gens qui ont le profil», a confié une source proche de l'enquête, évoquant «un message à tendance royaliste».

Le château de Versailles est ouvert depuis plusieurs années à l'art contemporain et certaines expositions, comme celles de Jeff Koons (2008), Takashi Murakami (2010) ou Joana Vasconcelos (2012) dans les appartements royaux, avaient suscité des controverses.

En octobre 2014, une sculpture en forme de sex-toy géant de Paul Mc Carthy, avait également été endommagée en plein coeur de Paris. Mc Carthy, qui avait été giflé par un inconnu pendant l'installation de l'oeuvre, avait alors décidé de la démonter.

Après la première dégradation de son oeuvre, Anish Kapoor avait assuré qu'il ne cherchait «pas la provocation». «Je refuse donc catégoriquement que l'on associe "Dirty Corner" à l'oeuvre de l'artiste américain Paul McCarthy, sexuellement explicite et revendiquée comme telle», avait-il dit.