Le photographe congolais Kiripi Katembo Siku, célèbre pour ses photos montrant des scènes de vie de Kinshasa reflétées dans des flaques d'eau, est décédé mercredi à l'âge de 36 ans, a-t-on appris jeudi de sources concordantes.

«J'ai la profonde douleur de vous annoncer le décès du photographe-cinéaste Kiripi Katembo Siku hier soir à la clinique universitaire» de Kinshasa, a annoncé Christian Kisavu, chargé de communication de l'Institut français de la capitale congolaise, dans un message à la presse.

Amoureux de la photo, de la vidéo et de la peinture, M. Kiripi a exposé ses oeuvres à la Biennale de Venise, la Berlinale, les Rencontres de Bamako, les Rencontres de la photographie d'Arles ou le festival d'Avignon, dont il avait réalisé l'affiche pour la 67e édition.

En RDC, il a joué un grand rôle dans l'organisation en décembre de la première biennale culturelle de Kinshasa, Yango, où ont été exposées ses fameuses photos dressant un portrait de Kinshasa à travers ses photos, utilisant les flaques d'eau qui parsèment les chaussées défoncées de la ville comme des miroirs.

Ces clichés sont actuellement exposés à la Fondation Cartier, à Paris, dans le cadre de la riche exposition Beauté Congo, rétrospective de l'art congolais (photo, peinture, musique, sculptures) de 1926 à 2015 (jusqu'au 15 novembre).

À Kinshasa, la mort de l'artiste a provoqué un choc.

«J'ai appris la nouvelle hier soir à 19h (...) Je suis allé dans sa famille, et on m'a dit que vendredi il a fait une crise et est tombé dans le coma, jusqu'à hier...», a déclaré à l'AFP Cédric Nzolo, designer et photographe.

M. Nzolo avait le souffle court en évoquant le jeune homme originaire de Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu, région convoitée pour ses immenses richesses naturelles et minières et foyer des deux grands conflits qui ont déchiré la RDC depuis 1996.

L'émotion était également palpable chez Yves Sambu, photographe. «On était ensemble à l'Académie des Beaux-Arts de Kinshasa. On partageait beaucoup d'expériences d'amitié, on était des complices», a-t-il confié, s'exprimant parmi un groupe d'artistes mobilisés pour lui rendre hommage.

«Il était vraiment dans la fleur de l'âge, au début d'une très bonne carrière artistique. C'est quelqu'un qui avait la folie des grandeurs. C'était un grand rêveur et vendeur de rêve, mais pas un illusionniste, parce qu'à la fin, il a réussi ce qu'il voulait faire», a témoigné M. Sambu.

«Kiripi disait: «On doit vivre notre temps, parce que dans dix ans, on va nous demander qu'est-ce qu'on a fait»», se souvient M. Nzolo, qui était directeur adjoint de Yango. Ce qu'a laissé son ami défunt? Un regard sur Kinshasa «en dehors de tous les clichés possibles».